Lancé officiellement le 19 juillet dernier par le chef de l’État, ce processus se veut un levier de développement et de croissance qui permettra de rendre les prestations de l’administration publique plus accessibles, transparentes et efficaces.
Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a engagé le 22 juin à Sikasso la plus grande réforme administrative de notre pays à travers la digitalisation des opérations et services de l’administration. Objectifs : établir l’efficacité et la transparence. Où en sommes-nous avec la concrétisation de cette volonté du chef de l’État ? Pour en savoir davantage, notre équipe de reportage s’est entretenue avec le directeur national de l’Économie numérique, Abdoul Kader Ky.
De prime à bord, le directeur national de l’Économie numérique fait remarquer que la dynamique actuelle découle de la forte volonté affichée par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Une volonté que le chef de l’État a matérialisée, le 22 juin à Sikasso, en appelant à aller vers la digitalisation de l’administration. Une déclaration tant attendue que notre interlocuteur salue pour sa haute valeur en termes de portage politique des questions de digitalisation. «Le président de la Transition a clairement fixé le cap en affirmant qu’il va digitaliser l’administration pour augmenter les recettes de l’État, lutter contre la corruption et instaurer la bonne gouvernance», confie Abdoul Kader Ky.
Selon le spécialiste, la digitalisation de l’Administration vise à mettre en place une administration performante, transparente, proche des usagers, redevable par des principes et outils de bonne gouvernance. Avec à la clé, un État émergent qui place le citoyen au cœur de l’action gouvernementale. Notre interlocuteur indique qu’à terme, c’est l’ensemble des procédures internes et des services rendus aux usagers qui seront entièrement et effectivement numérisés dans tous les secteurs d’activités. «Cet objectif global ira crescendo à commencer par les services les plus sollicités et jugés prioritaires. Cela exige une certaine collégialité.
C’est pourquoi, l’opportunité d’impliquer toutes les parties a été saisie par le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Alhamdou Ag Ilyene, pour mettre ensemble tous les acteurs afin de d’avoir une approche partagée et une démarche cohérente», explique Abdoul Kader Ky. Selon lui, c’est ainsi que le département en charge de la Modernisation de l’Administration, à travers la direction nationale de l’Économie numérique et l’ ensemble des autres structures, a travaillé d’arrache-pied pour le lancement du processus de digitalisation et, ensuite, a élaboré une stratégie de digitalisation de l’administration déjà soumise à l’approbation des autorités.
AVANTAGES DE LA DIGITALISATION- De l’avis du directeur national de l’Économie numérique, on peut affirmer, à ce jour, que le processus de digitalisation est véritablement amorti dans tous ces secteurs. Pour Abdoul Kader Ky, il est très aisé, aujourd’hui, de vérifier l’effectivité du paiement digitalisé des différentes prestations au niveau des mairies ou des postes de police et de péage. Selon l’expert, cela entraînera, inexorablement, une augmentation des recettes au niveau du Trésor mais, aussi, accélérera le processus de traitement de ces services. «Pour constater l’effectivité des opérations, vous avez pu suivre les visites de terrain effectuées par le ministre d’État, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga. Il faut, à ce niveau, faire remarquer que certains inconvénients ont déjà été enregistrés plus de 300% d’augmentation en passant de 14 millions de Fcfa de recettes journalières à 40 millions de Fcfa par jour», révèle-t-il.
Selon Abdoul Kader Ky, les avantages de la digitalisation de l’Administration sont nombreux. Il cite, entre autres, la lutte efficace contre la fraude, la corruption, le népotisme et les falsifications de documents administratifs, l’amélioration de l’accessibilité des citoyens aux services publics. Autres gains : l’augmentation considérable des recettes de l’État par l’amélioration du recouvrement des taxes et impôts, par la diminution ou la suppression de la monnaie, la création de nouveaux métiers liés au numérique, l’amélioration des systèmes de santé , d’éducation, de transport, d’agriculture et bien autres.
S’y ajoutent la suppression du coût des imprimés, des papiers et des cartouches d’encre, la réduction des coûts, ainsi que les tracasseries administratives et délais lors de l’organisation des examens et concours.
Parlant des difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de cette volonté du président de la Transition, le directeur national de l’Économie numérique déplore le manque de culture numérique qui crée une méfiance pour aller vers une numérisation efficace et qui induit des résistances au changement. Selon lui, en plus de la résistance, qui est un phénomène inhérent au processus de changement, on note également le manque de mécanisme clairement identifié de mobilisation des ressources pour la mise en œuvre des différentes initiatives en cours.
Une autre difficulté demeure l’absence de cadre cohérent et de convergence des différents acteurs pour une synergie d’actions. À cet égard, Abdoul Kader Ky exige une synergie d’action de tous les acteurs du processus de digitalisation. L’objectif étant de réussir ce pari hautement stratégique pour l’essor de notre pays.
Babba COULIBALY