#Mali : OpenAI : La tentation du gain facile conduit à la grosse désillusion

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En six mois, les arnaqueurs patents ont pu convaincre plus de 9.000 personnes ä injecter plus de 2,6 milliards de Fcfa dans le système. Avec l’ouverture d’une enquête et des interpellations, les personnes grugées comptent sur la justice pour entrer en possession de leurs fonds

Qnet, Vie-Premium, OpenAI et Sene invest… Ces arnaques financières sont-elles en passe de devenir le quotidien des Bamakois ? En tout cas, l’on est tenté de répondre par l’affirmative, si l’on s’en réfère aux cas d’escroquerie de ces derniers temps. La dernière en date est celle d’OpenAI, une société de commerce général, de prestation de services, d’import-export et de distribution de produits.

Considérée comme l’une des plus grosses arnaques en ligne, cette supercherie, basée sur la pyramide de Ponzi (montage financier frauduleux) à fait des milliers de victimes. Elle propose des investissements dans des entreprises de premier plan sur le marché avec des rendements allant jusqu’à 6% par jour.

Le cumul des montants empochés par cette entreprise serait de plus de deux milliards de Fcfa. Dès lors, une psychose s’est installée au sein de la population avec ces événements donnant une réputation peu flatteuse aux plateformes d’investissements.

Et les conséquences sont désastreuses. Pour preuve, l’entreprise a laissé aujourd’hui des familles sans aucune ressource, des personnes qui ont disjoncté littéralement pour y avoir mis toutes leurs économies. Certaines ont même fui parce qu’elles ont emprunté de l’argent partout pour aller le fructifier auprès de cette plateforme. Un individu est allé jusqu’à l’extrême en hypothéquant le domicile familial contre 5 millions de Fcfa qu’il a injecté dans les affaires obscures de la plateforme.

Aujourd’hui, le déficit a saisi la maison, confie Moussa Bengaly, chargé de communication et d’information du Collectif des victimes d’OpenAI Mali (CVOM). Rencontré chez lui à son domicile au quartier Hippodrome 1, Moussa Bengaly explique que depuis qu’ils ont su l’arnaque, le Collectif a mis en place une application dont le lien est (https://victimes-openai-mali.web. app/) pour recenser les victimes. Et de dire que le nombre ne cesse d’aller crescendo. Sur cette page web, les victimes précisent leurs noms et prénoms, l’adresse complète, le numéro de téléphone, le montant investi.

Mais aussi les intérêts reçus. «Avec le lien de l’application, les victimes peuvent s’enregistrer où qu’elles se trouvent en toute discrétion», détaille-t-il, avant d’indiquer que certaines par leur statut social et professionnel, ne peuvent se montrer. Parmi les victimes, affirme notre interlocuteur, il y a des élus municipaux, des hauts cadres de l’administration, mais aussi des grands commerçants de la place.

Selon Bengaly Moussa, le Collectif a recensé un peu plus de 9.000 victimes qui auraient injecté un peu plus de 2,6 milliards de Fcfa. Cet investissement aurait dû apporter aux actionnaires un peu plus de 2,061 milliards Fcfa.

Le chargé de communication du Collectif avait misé au départ 2.000 Fcfa, avant de se voir attribuer quelques jours après la somme de 22.000 Fcfa. Ainsi, il développe une addiction pour cette sorte de pari. Il se met à donner des explications qui donnent le tournis. Dès l’inscription, révèle-t-il, un bonus de bienvenue de 520 Fcfa est attribué pour booster des produits comme de la sardine, pâte alimentaire, savon donnant une commission de 0,30% quotidien. «Ça c’est sans avoir mis de l’argent dédans et pour fructifier cette somme initiale, il fallait faire un dépôt de 1.000 Fcfa. Et aussitôt, le VIP1 se débloquait automatiquement avec 1.001 Fcfa et ainsi de suite jusqu’au VIP7 avec des pourcentages allant jusqu’à 6%», indique-t-il.

À CHAQUE RETRAIT, LE CLIENT PERD 10%- Les niveaux se distinguaient par les avantages et les produits. Et de détailler que le niveau 0 appelé VIP0 avait cinq produits et le VIP1 en disposait le double et ainsi de suite pour les autres options. Il informera sa famille et ses proches de cette affaire qu’il croyait juteuse. «J’ai fait adhérer tous les membres de ma famille et d’autres proches qui ont investi beaucoup d’argent.

«J’étais également leur parrain et le montant de mes parrainages avait atteint les 26 millions de Fcfa», révèle Moussa. Le jeune homme devenu un parrain attitré de la plateforme raconte que l’inscription se faisait par le lien de la plateforme que les inscrits partageaient avec d’autres pour les faire adhérer et devenir ainsi leurs parrains. Ceux-ci recevaient ainsi une commission de 1%. Et ces nouveaux faisaient leurs opérations (dépôts et retraits) par le biais de ces parrains dont les dépôts se caractérisaient par des identifiants personnalisés.

Selon lui, ces identifiants se différenciaient de ceux des numéros ordinaires, car les parrains recevaient le dépôt avant de recharger à leur tour les comptes des parrainés par un système propre à eux. Le retrait et le dépôt n’étaient pas instantanés, cela pouvait prendre 48 h à 72 h pour le premier et une journée ou deux pour le second. Et à chaque retrait, le client perdait 10% de son gain avec la possibilité d’une seule opération quotidienne. «Les parrains avaient des ID destinés à eux seulement qui débutaient par ‘PP’ contrairement à ‘MP’ pour les ordinaires», confie-t-il.

SYSTEME NOCIF- Pour gruger plus d’adeptes, en janvier, la plateforme avait lancé son système d’actionnariat appelé «Super Mali» par une mise de 5.000 Fcfa. Elle génèrerait 875 Fcfa sur une durée de 5 jours, soit 175 Fcfa par jour sans possibilité de renouvellement. «Tu viens comme actionné sur la base d’un document établi et signé avec eux. Après les 5 jours, ton gain est inversé sur ton compte», indique le responsable de la CVOM qui précise qu’avec une action de 10.000 Fcfa, on pouvait gagner 80.000 Fcfa en 90 jours.

« Le système a bien fonctionné jusqu’à la date du lundi 13 mars dernier où tout est parti en vrille avec des difficultés dans le système. Les clients n’arrivaient plus à booster les produits aussi bien qu’à utiliser la plateforme. « Les gens ont commencé à se plaindre, car il y en a qui n’arrivaient pas à fructifier leurs mises et généreraient 75.000 à 100.000 Fcfa avec leurs tâches quotidiennes. D’autres, des VIP7,avaient des millions de revenus. C’était un manque à gagner», fait savoir le chargé de communication du Collectif. Mais OpenAI explique ce désagrément par un problème technique voire de réseau. Comme pour les appâter davantage, il a leur a été annoncé une promo de 50% sur chaque dépôt sur la plateforme pour la journée du samedi 18 mars 2023 et jour suivant sur tous les produits et services.

Par exemple, un dépôt d’un million de Fcfa aboutissait à un gain de 1,5 million de Fcfa après 10 jours. Cette annonce a fait exploser le nombre des clients. Et les placements coûtaient des millions de Fcfa. Une responsable d’une banque de la place également à mordu à l’hameçon et misé 16 millions de Fcfa lors de la promo. Un responsable d’une société minière aurait également injecté la rondelette somme de 305 millions de Fcfa. Après, les clients ont eu des difficultés à réaliser des opérations de retrait. Pour les dépôts, le problème ne se posait pas. Selon les témoignages, les initiateurs d’OpenAI ont mis à profit ce temps pour quitter le pays.

Le Collectif a saisi la justice pour être mis dans ses droits. à ce jour, une quinzaine de personnes ont été interpellées parmi les travailleurs d’OpenAI par les commissariats de police de l’ACI et de Sotuba. Parmi ces personnes arrêtées, figurent le secrétaire à l’information, le directeur de l’Agence de Ségou interpellé par le 2è Arrondissement de la police de cette ville. Moussa Bengaly explique avoir cru voir en OpenAI, une opportunité d’investissements. Malheureusement, c’était une escroquerie. Il raconte même l’anecdote d’un client qui aurait perdu gros. Le vieux a fait une attaque cardiaque qui l’a emporté.

La situation interpelle les autorités compétentes et les clients d’OpneAI. Comment peut-on laisser une société réaliser des opérations obscures ? Pourquoi aussi vouloir gagner de l’argent dans des conditions où toutes les règles du jeu sont obscures ? En attendant, les victimes n’ont pour l’instant que leurs yeux pour pleurer

Tamba CAMARA

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1 commentaire

  1. Ah l’argent facile quand tu nous tient.
    il faut vraiment avoir la tete bien solique et reelement solide pour croire que l’on peut avoir de la fortune sans travailler.

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