Suite aux mauvaises prestations des Aigles du Mali ces derniers temps, le comité exécutif de la Fédération malienne de football a décidé de mettre fin à la collaboration avec l’entraineur de l’équipe nationale, Eric Sékou Chelle. Le communiqué y relatif mentionne que cette décision importante a requis l’accord du département de tutelle. Sans complaisance, la Fémafoot a pris toutes ses responsabilités pour freiner une hémorragie sous la forme d’une déception du monde sportif malien. Parce que l’entraineur a étalé ses carences et son incompétence à donner un second souffle à notre football. Paradoxalement, nous assistons à une attitude irresponsable de certains joueurs pour tenter de contredire le limogeage de leur entraîneur. Sur cette question, le département des Sports est interpellé. Son silence face aux agissements des joueurs pourrait traduire sa complicité.
L’arrivée de l’entraineur Eric Sékou Chelle à la tête des Aigles avait suscité en son temps un espoir parce qu’il disposait d’un effectif de qualité. Par la suite, il s’est brillamment qualifié à la dernière Can. Tout en faisant l’économie des erreurs du technicien, on peut dire qu’il a déçu par son mauvais coaching, son incompétence et son inconséquence. Nul n’est sans savoir que le Mali a eu à un moment donné l’opportunité de jouer la finale de la Can-2023. Malheureusement, en 1/4 de finale, Eric Sékou Chelle a fait basculer le match par sa mauvaise lecture de jeu. Conséquence : les Aigles ont été éliminés. Il répètera les mêmes erreurs au lendemain de la Can, à la faveur des éliminatoires de la Coupe du monde. De façon prompte donc, la Fémafoot a décidé son limogeage. Mais contre toute attente, les joueurs de l’équipe nationale ont produit un communiqué dont voici la teneur : “Nous, les joueurs de l’équipe nationale du Mali, exprimons notre profonde préoccupation face à la crise qui touche notre sport.
Depuis plusieurs années, malgré notre dévouement et le soutien fidèle du public, nous n’arrivons pas à atteindre nos objectifs. Nous partageons pleinement votre colère et votre déception. Il est temps de cesser de cacher la réalité et de se poser les bonnes questions pour espérer changer les choses. Le turnover des joueurs et des entraineurs est une réalité, mais les dirigeants ne devraient-ils pas se remettre en question ? Quelles sont leurs ambitions pour le football malien ? Le professionnalisme doit être notre priorité pour mettre fin à ces conditions qui entravent nos performances.
Nous reconnaissons les efforts de l’Etat pour améliorer nos infrastructures, mais les résultats stagnent aussi à cause de la mauvaise gestion de nos dirigeants. Nous appelons les cadres de la Fédération à prendre urgemment leurs responsabilités.
Nous, les joueurs, sommes déterminés à représenter fièrement notre pays, mais nous avons besoin du soutien et de la vision éclairée de dirigeants résolus à hisser haut le Mali sur la scène internationale.
C’est pourquoi aujourd’hui, nous prenons nos responsabilités. Si la situation reste inchangée, nous nous réservons le droit de ne pas honorer la sélection et de ne pas participer aux prochains matches de qualification. Par amour pour le Mali et pour notre pays, nous prenons cette décision délicate, mais nécessaire pour les prochaines générations. Cela doit cesser. Merci à tous nos supporters pour leur fidélité et leur passion. Nous sommes fiers de porter les couleurs des Aigles du Mali et espérons que des jours meilleurs sont à venir. Ensemble, nous pouvons surmonter cette crise et ramener la gloire au football malien”.
Quarante-huit heures après, un autre communiqué de l’Union des footballeurs maliens (composé d’anciens joueurs, selon ses propres termes) apportait son soutien aux Aigles du Mali dans leur mouvement. Elle avance des griefs qui ne tiennent debout. Nous préférons ne pas commenter ce dernier communiqué parce que logiquement ces anciens joueurs devraient avoir au moins le bon sens pour faire revenir les jeunes à la raison.
Eux ont échoué parce que les conditions manquaient, aujourd’hui, c’est le même constat avec d’autres réalités liées aux moyens mis à la disposition de leurs cadets.
Nous revenons aux Aigles actuels. Quelle crise touche actuellement notre football ? Aux joueurs de répondre à cette question. Mieux ils dénoncent sans aller au fond de leurs idées. Ils s’offusquent du fait du limogeage de leur entraineur. L’analyse de leur communiqué débouche sur un constat : difficulté de compréhension des termes.
Honteux
Aussi, il y a un faux fuyant, ces joueurs reconnaissent les efforts de l’Etat, mais attribuent les mauvais résultats à la gestion peu orthodoxe des dirigeants. Alors questions : leur prestation calamiteuse à la dernière Can est-elle la faute de la Femafoot ? Est-ce que l’équipe nationale n’a pas toujours bénéficié de meilleures conditions de vie à Kabala, de voyages à l’extérieur avec des vols spéciaux ? Malgré tout quels sont les résultats escomptés. Pour enfoncer le clou, les joueurs menacent de boycotter la sélection nationale. Quelle honte ! Au même moment où d’autres enfants du pays se battent sur le front avec des armes pour sauvegarder la vie des Maliens et l’intégrité du territoire national, ils proposent la désertion en temps de guerre. C’est là où le département des Sports doit réagir. Parce que l’attitude des joueurs est incompréhensible et choquante eu égard aux efforts consentis par l’Etat, et le paradoxe qui résulte des mauvais résultats. Ils ne sont pas obligés de répondre aux différentes convocations, mais l’Etat aussi doit prendre toutes ses responsabilités. Cela serait une mauvaise jurisprudence si le département des Sports ne soutient pas la Fédération dans ce bras de fer que les joueurs veulent créer.
Que veut-on pour notre football ? Par sa réaction, le département des Sports apportera une réponse à cette question. Et donnera un signal fort à ceux-là qui ont l’intention de plonger encore notre football dans une nouvelle crise, qui entravera son développement, et mettra en échec tous ces efforts des autorités de la transition.
Déjà que Alou Badara Diallo dit Conty assure l’intérim pour entraîner les Aigles, qu’est-ce qui l’empêche de trouver un plan B avec sa sélection U23 et les juniors de Soumaïla Coulibaly ?
Dans un passé récent l’analyse des ambitions sportives du Mali relevait un paradoxe : avoir de bons résultats avec peu de moyens. Mais de nos jours, la donne a changé, parce que l’Etat injecte des milliards dans l’entretien des équipes nationales, surtout les Aigles de football. Ces joueurs qui s’agitent aujourd’hui ont fait quoi pour le football malien ? Notre meilleur résultat demeure la Can de Yaoundé-72 avec la deuxième place. Ceux qui ont joué cette compétition étaient dans quelles conditions ? Pourtant ils ont vaillamment défendu les couleurs du pays sans revendication.
La nouvelle génération des Aigles n’est-elle pas dans les conditions maximales ? En retour qu’est-ce qu’elle a donné comme résultats jamais réalisés et qui pourraient être inscrits dans les annales de l’histoire du football malien ? Toujours le retour à la case départ avec des prestations décevantes.
Il serait mieux que les joueurs maliens revoient leur copie, pour se réconcilier avec le public sportif très meurtri par leurs mauvais résultats. Il serait injuste de juger et condamner la Fédération malienne de football suite au dernier voyage des Aigles sur l’Afrique du Sud. Et l’on ne saurait lier leur résultat sur le terrain aux mauvaises conditions de déplacement.
O Roger Sissoko