L’évocation du nom de Mamadou Kéïta plus connu sous le sobriquet de Capi renvoie indéniablement à deux dates de ferveur du football malien, toutes en lien avec la Coupe d’Afrique des Nations de football : l’une en tant que joueur (gardien de but) vice-champion d’Afrique à la Can Yaoundé-72 et l’autre en tant qu’entraîneur ayant terminé dans le carré d’AS de la Can Tunis- 94, vingt-deux ans après Yaoundé. Après donc une carrière professionnelle d’athlète et de coach de football bien remplie, Madou Kéïta, qui est demeuré incompris toute sa vie durant par les siens et par tous, est décédé le 9 avril 2008 à Bamako. Cela fait quinze (15) ans. Depuis, que de regrets et de culpabilité de n’avoir pas donné toute sa place à ce valeureux cadre qui aura consacré au football au moins 40 de ses 61 bougies soufflées sur terre. Retour sur la carrière d’un incompris à l’orée du seizième anniversaire de sa disparition !
Le mardi 9 avril 2024, marquera les 16 ans, jour pour jour, du décès, dans sa 61e année, de Mamadou Kéïta dit Capi. En effet, comme nous le verrons plus bas, après avoir été gardien de but du Stade malien de Bamako et des Aigles du Mali, puis entraîneur de plusieurs clubs africains et de l’équipe nationale du Mali, Capi nous a quittés le 9 avril 2008 à l’hôpital du “Point G” de Bamako des suites de maladie. Le 10 avril 2008, la levée du corps a eu lieu au stade Omnisports Modibo Kéita. De là, une foule nombreuse de parents, d’amis, de sympathisants et de sportifs de tous les clubs l’accompagna à sa dernière demeure au cimetière de Niaréla où il repose pour l’Eternité aux côtés de sa mère Aïssata Diallo. Au cours de sa carrière, notamment celle d’entraîneur, Capi a reçu toutes sortes de qualificatifs : têtu, opiniâtre, obstiné, borné, etc. chacun y est allé de son épithète. Ce qui lui a valu une certaine méfiance, voire défiance de la part de tous interlocuteurs, collaborateurs y compris au niveau fédéral et même du gouvernement. Cette incompréhension de sa vision personnelle des choses est allée jusque dans sa vie privée. Aujourd’hui, beaucoup confesse leur regret de ne l’avoir pas compris. Hélas !
Après des études primaires à Bagadadji puis secondaires au lycée Technique et à l’Ecole normale secondaire de Bamako, Mamadou Kéïta a étudié à l’Ecole supérieure des sports de Cologne (Allemagne) où il obtient un certificat de professeur de sport, diplôme pour le football en 1974-1975.
Mamadou Kéïta a joué au Stade malien de Bamako et en équipe nationale notamment lors de la Coupe d’Afrique des nations de football 1972 à Yaoundé où il est sacré meilleur gardien de but.
Mamadou Kéïta a été entraîneur clubs ivoiriens : Gonfreville Alliance club (GAC) à Bouaké, AS Bouaké, Africa Sports national d’Abidjan, Denguélé Sport d’Odienné ; maliens (Stade malien de Bamako, Biton de Ségou) et gabonais (Jeunesse Athletic club de Port-Gentil, Club sport Batavéa (CSB) de Libreville.
En 1983-1984, il dirige l’équipe nationale junior du Mali (“les Aiglons”). En 1993, il devient entraîneur de l’équipe nationale malienne pour la Coupe d’Afrique des nations de football 1994. Dans les détails de sa longue carrière, les chroniqueurs (qui ont beaucoup écrit après son décès), nous rappellent que Mamadou Kéita débute sa carrière de footballeur au début des années 1960 au Stade malien de Bamako. Le jeune lycéen qu’il était à cette époque, aidait le secrétariat général du club, dans l’établissement des licences des joueurs.
Mesurant 1 m 65, il fournit d’énormes efforts pour s’imposer au poste de gardien de but. Il est aidé dans sa tâche par ses entraîneurs, les regrettés Ben Oumar Sy et Cheick Oumar Diallo et son aîné feu Yacouba Samabaly dit Calin.
Vers la fin de la décennie 1960, il est lancé dans le grand bain avec certains de ses coéquipiers “du Jardin d’enfants de Ben Oumar Sy” (centre de formation du Stade malien). Grâce à ses qualités, il est sélectionné par le coach hongrois Georges Toth (ancien gardien de but).
En 1971, il participe avec le Stade malien à la Coupe d’Afrique des clubs champions. Au second tour, face à l’Asec d’Abidjan au stade Houphouët-Boigny, il donne du fil à retordre à Eustache Manglé et ses partenaires
A la Can de Yaoundé-1972, il gagne ses galons de titulaire à partir du deuxième match et permet au Mali d’atteindre la finale, grâce à ses arrêts en demi-finale contre les attaquants zaïrois Kakoko, N’Daye, Kidumu… Malheureusement, le 5 mars 1972, il ne peut empêcher la défaite du Mali 2-3, face au Congo Brazzaville.
En 1973, les Stadistes s’arrêtent une nouvelle fois au niveau des quarts de finale, avec une défaite (0-3) à Bamako face au Vita Club. Au retour, malgré le but matinal de feu Moussa Traoré Gigla, le Stade s’incline 4-1. La presse zaïroise prend deux joueurs en sympathie, Gigla et Capi.
En 1974, il raccroche les crampons et s’envole pour l’Allemagne pour achever sa formation d’entraîneur qu’il avait entamée avec le coach allemand des Aigles Karl Heinz Weigang. En 1976, nanti de son diplôme de l’Académie des sports de Cologne, il est nommé entraîneur assistant du Fortuna de Cologne et du Borussia Dortmund. Il revient au bercail la même année, mais s’envole aussitôt pour la Côte d’Ivoire et pose ses valises à Bouaké. Pendant deux ans, il entraîne le Gonfreville AC de Bouaké qui dispute la finale de la Coupe de Côte d’Ivoire en 1977.
Suite à l’échec du Stade malien de Bamako en finale de la Coupe du Mali 1979, Capi est contacté par les dirigeants des “Blancs” pour mettre en place une équipe compétitive. Il donne trois ans aux “Caïmans” pour avoir une équipe compétitive.
En 1982, il remporte la Coupe du Mali contre l’AS Biton de Ségou et rate de peu le championnat. La même année, il conduit le Stade en demi-finale de la Coupe Ufoa, face au Sekondi Hasacass du Ghana. Une année plus tard, il est limogé par les dirigeants stadistes, suite à l’élimination du Stade en Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupes par le club algérien de Jil Hen Dessa.
En 1984, il effectue un passage au niveau de l’équipe nationale qu’il conduit au tournoi Cédéao à Abidjan et au tournoi Cabral de Freetown. Vers la fin de l’année 1984, il reprend le chemin de la Côte d’Ivoire et prend en main pendant deux ans l’Alliance de Bouaké.
En 1986, il revient au Mali pour entraîner le Biton de Ségou. Durant cette époque, le Biton bat tous les grands de la capitale comme le Djoliba AC, le Stade malien et l’AS Réal.
En 1987, retour en terre d’Eburnie, en Côte d’Ivoire, pour coacher l’Africa Sports d’Abidjan. Suite à la sélection de nombreux ténors de ce club en équipe nationale, Capi fait monter une équipe de jeunes loups appelés les “nyamas-nyamas” qui réalisent 11 victoires en autant de matches. Il remporte avec l’Africa Sports, une Coupe de Côte d’Ivoire, un championnat et une Coupe Félix Houphouët-Boigny.
En clubs champions, il amène l’Africa en quarts de finale qui est éliminée au Caire aux tirs aux buts au terme d’un match où le National du Caire avait remonté les deux buts de l’aller grâce à un arbitrage partial. En 1989, il se dirige vers le Nord de la Côte d’ivoire pour prendre les rênes du Denguélé d’Odienné. Véritable globe-trotter, coach Kéita (comme l’appelaient affectueusement les Ivoiriens) se rend au Gabon du côté de Port Gentil où lui est confiée la barre technique de Jac (Jeunesse Athletic club) de la ville. Il est champion du Gabon 1990-1991. Une année plus tard, après la dissolution de la Jac, il quitte Port Gentil pour Libreville et maintient le Cercle sportif de Batavéa en première division.
Fin 1992, Bouaké le rappelle pour un poste de consultant. Cette mission est interrompue par un rappel au pays pour coacher les Aigles du Mali qui doivent gagner à domicile deux matches pour aller à la Can de Tunis 1994. Pari réussi, Capi gagne ces deux matches et amène les Aigles en demi-finale à Tunis. Il reste à la tête des Aigles jusqu’à ce jour de juillet 1997 où le Mali perd 4-2 devant la Côte d’Ivoire à Bouaké en éliminatoires de la Can Burkina 1998. Pendant la période 1994-1997, Capi travaille dans un environnement exécrable qui lui rend la vie difficile. Quelques mois plus tard, il reprend son baluchon cette fois-ci pour l’US Sidi-Kacem (au Maroc) où il reste pendant six mois. Un changement au niveau de l’instance dirigeante de ce club lui coûte sa place. Il revient au Mali et effectue des missions en Afrique et dans le monde grâce au statut d’instructeur de la Fifa.
Fin 1998, Bouaké lui fait appel pour la énième fois ; il y reste une année avant de prendre la route de Toumodi.
Fin 2001, l’Africa Sports d’Abidjan le nomme responsable de son centre de formation où il travaille avec deux anciens joueurs (Guédé Gba Ignace et Zagolie Gbolié). Au début de la crise ivoirienne, il rentre au pays.
Pendant deux ans, il est chargé de cours à l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS). En 2003, il est nommé directeur technique national.
Août 2004, il est chargé de donner une âme à l’équipe nationale senior moribonde. Après un nul à Bamako contre le Sénégal et une défaite contre le Togo à Lomé, une campagne anti-Capi se déclenche par joueurs et presse interposés. Il est finalement remplacé par Pierre Lechantre sans que son contrat soit résilié.
Il prend alors les commandes du Nianan de Koulikoro où il prépare le jeune coach de ce club Hamidou Kéïta, à devenir un grand de demain.
Pendant les vacances 2007, il conduit les cadets du Stade malien de Bamako au tournoi mondial des clubs cadets en Espagne. Après des ennuis de santé le terrassent jusqu’à cette date fatidique du 9 avril 2008. La suite, vous la savez. Dors en paix, Capitaine !
La Rédaction
Paix à son âme! Son environnement comme sélectionneur était tellement pollué , qu’on a préféré parler de ” demi million ” ( pour un salaire de 500 000 cfa ) pour mieux dresser l’opinion publique contre lui.
“Panthéon du football malien”
Il n’existe pas “Panthéon” au Mali, cher journaliste !