Foot/Piratage: “Nous sommes face à des groupes mafieux”, selon l’Association pour la protection des programmes sportifs

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Xavier Spender, le délégué général de l’Association pour la protection des programmes sportifs (APPS), explique à l’AFP que des groupes mafieux se dissimulent derrière les sites pirates, les utilisateurs étant, selon lui, autant perdants que les diffuseurs de sports, fédérations et ligues qu’il représente.

Question: A combien estimez-vous aujourd’hui le coût du piratage en France ?

Réponse: “Il est estimé à 1,5 milliard d’euros par an dont 420 millions d’euros de préjudices pour le budget de l’État. C’est gigantesque. Concernant plus spécifiquement le secteur du sport, l’Arcom a chiffré le manque à gagner à 290 millions d’euros par an. Le préjudice est également très important pour le sport amateur, puisque ni la taxe Buffet – affectation de 5% des droits de retransmission d’événements sportifs au sport amateur – ni les reversements directs du sport professionnel vers le sport amateur ne s’appliquent sur ces montants. Avec le piratage, tout le monde est perdant”.

Q: Sauf peut-être l’utilisateur qui obtient gratuitement ou presque des abonnements aux prix jugés prohibitifs, notamment ceux du football…

R: “Il ne m’appartient pas de juger la politique commerciale des distributeurs, je note néanmoins que le football français n’a jamais été aussi peu cher qu’aujourd’hui. C’est une réalité. Ensuite, il faut bien comprendre que le temps des Robins des Bois pirates philanthropes est révolu depuis bien longtemps. Nous faisons face à des groupes mafieux internationaux. Au mois de novembre dernier, Europol a démantelé l’un de ces groupes qui comptait 22 millions de clients en Europe, qui générait 250 millions d’euros par mois. De l’argent qui doit être blanchi et sert à financer des activités illégales. Il s’agit d’un trouble manifeste à l’ordre public. Les utilisateurs des services illicites sont également perdants: fans et pratiquants de sports, c’est tant le spectacle du sport professionnel qu’ils suivent que les infrastructures du sport amateur qu’ils pratiquent qui sont mis à mal. Par ailleurs, ils sont exposés sur ces services, et en particulier les plus jeunes, à des publicités pour des services illicites: placements, casinos, pornographie, etc. Enfin, le risque de vol de données personnelles et bancaires est très élevé”.

Q: Comment combattez-vous ces réseaux ?

R: “En octobre 2021, grâce à l’engagement des parlementaires et du régulateur, une première avancée a été obtenue avec l’introduction dans le code du sport d’une mesure permettant le blocage dynamique des services pirates. Depuis près de 7000 sites ont été bloqués. Sans rentrer dans des détails trop techniques, la spécificité du sport, par rapport au cinéma ou à la musique par exemple, c’est que le blocage des services pirates doit être effectué pendant la retransmission. Une fois que le match est terminé, c’est malheureusement trop tard. Aujourd’hui, nous souhaitons disposer d’un cadre juridique renforcé qui nous permettrait d’être encore plus réactif dans l’effectivité des blocages. Notre volonté est de pouvoir agir plus vite sur un nombre plus important de services pirates pour faire régresser ces pratiques mortifères pour le développement du sport en France.”

Q: Le combat contre le piratage est-il difficile à porter en France ?

R: “Non, je ne crois pas. Le temps est notre ennemi, mais au cours de ma carrière professionnelle, durant laquelle j’ai mené quelques combats, celui-ci est probablement celui qui fait le plus consensus. L’ensemble des parties prenantes que nous rencontrons soutient sans réserve les actions menées. Je veux donc être optimiste. Même s’il n’est pas comparable, l’exemple du piratage de la musique il y a quelques années nous montre une voie. L’industrie musicale a été au bord du gouffre, avec les échanges pirates de fichiers musicaux. Le secteur a su trouver des solutions et le risque mortifère du piratage a été écarté”.

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