Élection au conseil de la fifa du 12 mars 2025 : Bavieux Touré se retire ! Que des regrets !

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Le Mali perd un pan entier de son image extérieure

C’est à la mi-journée du samedi 18 janvier que la nouvelle s’est échappée des allées de Malifoot avant de se propager dans le domaine public tel un coup de poignard en pleine face du football malien, de sa promotion et de son développement, et de l’image politique du Mali à l’extérieur : Mamoutou Touré dit Bavieux retire sa candidature au renouvellement des représentants Caf au Conseil de la Fifa prévu le 12 mars 2025 en Egypte. Et pour cause : le président de la Fédération malienne de football est toujours incarcéré pour des motifs extra-sportifs alors même que l’élection a lieu dans moins de deux mois. Cet acte de bravoure, de courage et de dignité a été salué par l’ensemble des acteurs du monde sportif. Avec ce retrait, le Mali sera privé d’énormes avantages de tous ordres : matériels, sportifs, infrastructures sportives, retombées pécuniaires, image politique. Le Mali pourrait mettre une décennie pour rattraper une telle (belle) opportunité. Que des regrets ! Dommage !

Je retire ma candidature !

“Depuis le 9 août 2023, j’ai été confronté à une situation judiciaire complexe et particulièrement injuste qui a profondément affecté ma vie personnelle et professionnelle. Ces 17 mois de détention, sans possibilité de bénéficier de la liberté provisoire, m’ont empêché de m’investir pleinement dans mes fonctions et dans la préparation du renouvellement de mon mandat au sein du Conseil de la Fifa.

Face à ces circonstances et en tenant compte de mon état de santé, ainsi que de l’absence de soutien de mon autorité de tutelle nationale (ministère de la Jeunesse et des Sports), j’ai pris la décision difficile, mais responsable, de retirer ma candidature au poste de membre du Conseil de la Fifa et de la Caf.

Cette décision, mûrement réfléchie, n’a pas été facile à prendre. Mais, elle témoigne de ma volonté de laisser place à un avenir serein et à une gouvernance pleinement opérationnelle, dans l’intérêt supérieur de notre institution et des valeurs que nous portons ensemble.

Je tiens ici à exprimer ma profonde gratitude à tous mes collègues présidents de Fédération, ainsi qu’à mes amis de la Caf et de Fifa pour leur soutien indéfectible tout au long de cette épreuve. Vos marques de confiance et d’amitié ont été pour moi une source de réconfort dans des moments difficiles.

Mes sincères remerciements aux membres du comité exécutif de la Fémafoot, qui, à l’unanimité et malgré ma situation, ont bien voulu proposer ma candidature et l’ont soutenue à fond.

Enfin, à vous, membres du Conseil de la Fifa, je souhaite témoigner ma reconnaissance pour votre engagement sans faille et votre loyauté. Votre dévouement envers notre institution, et vos efforts constants pour défendre ses principes m’inspirent et renforcent ma conviction que l’avenir est entre de bonnes mains.

Je demeure attaché aux valeurs qui nous unissent et reste disponible pour contribuer, autrement, au rayonnement de notre institution.

Avec toute ma considération,

Vive le Mali

Vive le football malien”.

Si nous plantons d’emblée le décor avec la teneur intégrale du communiqué de presse annonçant ce retrait de candidature, c’est pour mettre l’accent sur la grandeur d’esprit de son signataire. Entre les circonstances de son incarcération et de sa détention et les motifs du retrait de sa candidature ainsi que les mots de remerciements et les témoignages de reconnaissance vis-à-vis de tous ses collègues et collaborateurs internes et extérieurs, le président Mamoutou Touré a fait preuve de tact et de diplomatie pour rester dans le strict cadre d’un acte administratif normal, tout en demeurant positif et optimiste pour l’avenir. Bavieux aura donc joué sa partition.

Cependant, cet acte que le président de la Fémafoot a été contraint de poser (sans lui mettre le couteau à la gorge ou le pistolet sur la tempe) ouvre au football malien et à l’image du pays une ère à plusieurs inconnues. La perte de ce poste stratégique peut être très préjudiciable pour le sport malien en particulier et la nation, en général.

Ce que perd le Mali en termes d’image (politique)

C’est le 12 mars 2021, que Mamoutou Touré dit Bavieux a intégré le Conseil de la Fifa avec cinq autres Africains. Il a été élu par acclamations par les délégués des 54 pays membres de la CAF lors de la 43e Assemblée générale ordinaire tenue à Rabat, au Maroc. Il a été élu au compte de la Zone francophone avec Mathurin De Chacus, président de la Fédération béninoise de football. Mamoutou Touré acquiert du coup le statut de membre de droit du Comité exécutif de la CAF.

Avec ce statut, Bavieux devenait, 15 ans après Amadou Diakité, le deuxième Malien à siéger au sein du Conseil de la Fifa, qui est considéré comme le gouvernement du football mondial. Le Conseil de la Fifa est comme le Comité exécutif de la Caf.

A Rabat, l’image du Mali était au-devant de la scène dans les allées de l’hôtel Sofitel : la forte délégation et l’ambassadeur du Mali au Maroc avaient la tête haute, fiers d’arborer les couleurs du pays.

L’élection de Mamoutou Touré au Conseil de la Fifa était un honneur pour tout le peuple malien. Synonyme de consécration pour l’ensemble des acteurs du football national, elle avait été accueillie à sa juste valeur par les plus hautes autorités de la Transition.

Désormais, le Mali perd cette aura à l’échelle internationale et mondiale, sans doute au profit de la Côte d’Ivoire dont le candidat semble être le mieux placé pour décrocher la timbale.

D’ailleurs, le président ivoirien Alassane Ouattara a saisi la balle au bond pour inviter l’ensemble des présidents des fédérations africaines de football, membres de la Caf, à la cérémonie de lancement d’un ambitieux projet de développement du football dans son pays. Tous frais pris en charge. Mais, en réalité, l’idée derrière générosité se cache une campagne déguisée de la candidature d’Idriss Diallo.

Dommage pour le Mali !

De graves menaces sur  le football malien

Afin de mesurer avec exactitude l’ampleur des inconvénients sur le football malien de la perte de ce poste hautement stratégique, il convient juste de lister quelques retombées sur notre sport roi pendant le laps de temps que Bavieux Touré a passé au conseil de Fifa.

L’élection de Mamoutou Touré au Conseil de la Fifa a eu pour avantage sportif et économique de booster l’avancement des travaux de certains projets majeurs financés par la Fifa à l’image du Centre technique de Sénou, deuxième Centre du genre validé par la Fifa à titre exceptionnel et à coût de plusieurs milliards de F CFA en faveur du Mali. C’est la première fois que l’instance dirigeante du football mondial finance la construction d’un deuxième centre au profit d’une même association.

Depuis son élection à la tête de la Fémafoot le 29 août 2019, Mamoutou Touré en a fait une de ses priorités et a œuvré afin que la cérémonie de pose de la première pierre du Centre technique, qui a eu lieu le jeudi 25 février 2021, soit rehaussée par la présence du président de la Fifa, Gianni Infantino. Quelques jours plus tard, il était élu au Conseil de la Fifa. Ce qui a contribué à accélérer les choses.

Le Centre technique de Sénou va engendrer une véritable révolution du football malien. L’ouvrage est bâti sur une superficie de 20 hectares dont 10 hectares sont occupés pour la réalisation des infrastructures qui sont, entre autres, 3 terrains de football (dont 2 avec gazon naturel et un terrain en gazon synthétique) de dernière génération et uniformément arrosés ; un hôtel 4 étoiles (à 6 niveaux) de 40 chambres pour l’hébergement des joueurs de l’équipe première, des blocs administratifs et techniques ; des dortoirs ;  des vestiaires ; le siège de la direction technique nationale ; une salle de restauration, des piscines, une salle de formation, une salle de gymnastique, un amphithéâtre, une salle de musculation, une salle de mise en forme avec piscine, des logements pour les cadres, une infirmerie, et autres aménagements comme le bureau des entrées avec Scanner, des parkings internes et externes. Aussi, le Centre technique servira de cadre de formation pour les footballeurs débutants et un lieu de perfectionnement pour les cadres du football ; il va abriter une Académie pour héberger 104 jeunes talentueux (filles et garçons) à travers une détection nationale ; il permettra aussi d’économiser sur les coûts de stages à l’extérieur. C’est dire que la construction du Centre va combler les attentes pour le développement du football de haut niveau au Mali.

Que dire de la construction de sièges pour les ligues de football du Mali grâce au financement de la Fifa. Aujourd’hui ceci est une réalité de certaines d’entre elles et un rêve en passe de se réaliser pour les autres ligues régionales de football.

Quid des subventions accordées aux clubs de Ligue 1 Orange ? Grâce à l’argent de la Fifa, ces clubs sont de nos jours bien gérés et les résultats positifs sont là avec la double qualification du Djoliba AC et Stade malien de Bamako respectivement en ligue des champions (une première pour un club malien) et en Coupe de la Confédération, même si nos représentants viennent d’être éliminés de ces compétitions.

Aujourd’hui, la consolidation de tous ces acquis peut être retardée ou compromise. Tel est le drame !

Pourtant, il aurait juste fallu… un geste

Et pourtant, il aurait juste fallu un acte de portée politique des autorités judiciaires pour que le Mali, via Mamoutou Touré, conserve le poste, du genre liberté provisoire, qui n’éteint nullement l’action judiciaire contre le prévenu. Etait-ce aussi difficile ? Surtout que le motif des poursuites n’a aucun lien avec le sport et son statut de président de la Fémafoot.

En effet, le mandat des membres du Conseil de la Fifa élus à Rabat arrive à terme en mars 2025 et les candidatures sont sollicitées pour leur renouvellement. Le délai pour le dépôt de dossiers était fixé au 12 novembre 2024.

La candidature de Mamoutou Touré a été proposée par le Comité exécutif de la Fémafoot, comme recommandé par les textes de la Caf. Dès lors, Mamoutou Touré, en détention, devait être libre de ses mouvements pour solliciter le suffrage de ses homologues africains, c’est-à-dire pour battre campagne, au risque que le Mali perde le poste, pourtant hautement stratégique pour l’image (politique) du pays à l’international et pour la promotion et le développement du football à l’interne.

Mieux, si Mamoutou Touré était libre, ses collègues africains pouvaient surseoir à leur candidature, lui laissant la place pour un deuxième mandat, comme ce fut le cas avec Amadou Diakité.

Alors, l’enjeu valait largement la compromission de la part des hautes autorités de la Transition afin de sauver et sauvegarder “notre poste” à la FIFA, avec une (simple) décision de liberté provisoire.

Mais hélas ! Hélas ! Hélas ! Demain, la Côte d’Ivoire détrônera le Mali de son siège à la Fifa. Tant pis pour le Mali, la Nation, le Sport !

                  El Hadj A.B. HAIDARA

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