Coaching technique des Aigles Pourquoi Eric Sékou Chelle doit rester aux commandes

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Après la nouvelle désillusion des Aigles face aux Eléphants de la Côte d’Ivoire (en quart de finale perdue 1-2 le 3 février 2024 à Bouaké), les réseaux sociaux se sont enflammés. Des supporters passionnés se sont déchaînés sur le coach et certains joueurs. Certes, les changements opérés par le sélectionneur national n’ont pas contribué à gagner le match, mais la sagesse nous déconseille de jeter le bébé avec l’eau du bain. 

Un coup de massue ! Cruelle  désillusion ! Beaucoup de Maliens se sont réveillés avec la «gueule de bois» au lendemain de la défaite (1-2) des Aigles du Mali face aux Eléphants de la Côte d’Ivoire, en quart de finale de la CAN 2023 disputée le 3 février 2024 à Bouaké. La déception est à la hauteur des attentes, de l’espoir suscité par cette couvée des Aigles du Mali. Rarement, les Maliens avaient si massivement misé sur une victoire de l’Équipe nationale face à la Côte d’Ivoire. Et rarement, notre «bête noire» a été à notre portée. En effet, les Aigles avaient bouffé de l’Eléphant jusque dans les ultimes secondes du temps réglementaire. Mais, ils ont eu tort de se déconcentrer avant le coup de sifflet final d’un arbitre dont les décisions ont été le plus souvent en leur défaveur.

Et il faut aussi reconnaître que le coach n’a pas eu tellement la main heureuse dans ses changements. Depuis le début de cette CAN, Yves-Bissouma (le chouchou de certains confrères qui ne voient pas le Mali gagner sans lui) n’a pas été à la hauteur des attentes. Le coach a eu tort de miser sur lui pour apporter un plus défensif à l’équipe, pour sécuriser le score. Comme ce fut une erreur de faire sortir Lassine Sinayoko qui avait réussi à pousser nos adversaires dans leurs derniers retranchements. Sa sortie a libéré les Ivoiriens qui, une fois débarrassés de la menace qu’il représentait à chaque instant, ont jeté toute leur force dans la bataille.

Nous n’avions pas besoin de reculer (pour sauvegarder un résultat historique) alors que nous menions au score et que nous étions en supériorité numérique. Mais, le résultat est là ! Tout comme notre amertume et cette amère déception que certains mettront du temps à digérer. Faut-il alors remercier le sélectionneur parce qu’il  a fauté ? Nous avons vu sur les réseaux sociaux de nombreuses réactions à son sujet sous la colère et avec la déception. Elles sont souvent désobligeantes et même irrespectueuses. C’est oublier qu’Eric et ses protégés voulaient cette victoire plus que tous les Maliens. C’est souvent en agissant pour bien faire que l’on se trompe. Et la meilleure équipe sur la pelouse ne sort pas forcément victorieuse de ce genre de confrontations.

Les contraintes du calendrier des compétitions ne sont pas favorables à un changement de coach

L’erreur est humaine. Tout comme il ne faut pas oublier qu’Eric Sékou Chelle était à son baptême de feu au niveau de la gestion d’une compétition majeure comme la CAN. Ce qui est une circonstance atténuante non négligeable. Il faut également reconnaître que le Mali n’a pas été ridicule à cette phase finale de la CAN 2023, elle a démontré des progrès tactiques indéniables. Elle a joué sur des valeurs et démontré des qualités qui n’ont besoin que du temps pour être améliorées. Cela explique sans doute pourquoi nous étions nombreux à miser sur une victoire malienne samedi dernier.

Sans compter que, à notre avis, ce n’est pas le moment idéal pour changer de commandant de bord. Et cela d’autant plus que, après cette CAN, les pays vont enchaîner avec les éliminatoires de Maroc 2025.  Nous sommes presqu’à 18 mois de cette compétition dont les éliminatoires vont bientôt débuter avec le tour préliminaire prévu du 18 au 26 mars 2024, selon le calendrier de la compétition dévoilé par la Confédération africaine de football (CAF) le 25 décembre 2023. Les matchs du premier tour et ceux du second sont programmés du 2 au 10 septembre 2024 ; ceux des 3e et 4e tours étant prévus du 7 au 15 septembre. Quant au dernier tour des qualifications, il aura lieu du 11 au 19 novembre 2024.

Tout comme les éliminatoires de la Coupe du monde 2026 (le Mali est dans le groupe I avec le Ghana, les Comores, la Centrafrique, le Tchad et Madagascar) vont reprendre également en juin prochain avec la réception du Ghana (3e journée) et un déplacement à Madagascar pour la 4e journée.

Le Sénégal, une belle référence pour la Femafoot

La performance se programme et il faut donner aux techniciens le temps de travailler sur le long terme afin de créer non seulement un groupe, mais aussi et surtout le doter d’un mental d’acier. Le sacre du Sénégal à la CAN 2021 au Cameroun ne s’est pas construit du jour au lendemain ni au prix d’un changement fréquent d’entraîneurs. La Fédération sénégalaise de football (FSF) a donné le temps à Aliou Cissé de former un groupe qui est monté progressivement en puissance pour finalement décrocher ce trophée après des échecs.

Et même après l’élimination des Lions de la Teranga face aux mêmes Eléphants (en 8es de finale de cette CAN 2023), il n’a pas été lâché par la FSF avec qui il est sous contrat jusqu’en juin prochain. «Il n’y a pas de cas Aliou Cissé. Il est toujours sous contrat. Laissez-nous évaluer. Pourquoi vous ne parlez pas du cas Me Augustin Senghor (président de la FSF), d’Abdoulaye Sow (vice-président de la FSF) ou de Kalidou Koulibaly (capitaine des Lions) ?», a récemment rétorqué Me Augustin Senghor, président de la FSF, à une question insistante sur l’avenir de l’ancien international sénégalais. A son tour d’insister, «pourquoi avoir un cas Aliou Cissé ? C’est un ensemble. Nous étions tous partis pour essayer de remporter le trophée… Que Dieu lui prête longue vie afin qu’il puisse continuer à servir son pays comme il est en train de le faire jusqu’ici». C’est ce qu’on attend d’un leader, d’un manager du sport.

C’est le meilleur cas auquel il faut se référer. Céder à la pression de la rue (supporteurs) ou des médias, cela aurait prouvé que la Femafoot n’a pas tiré les enseignements de ses errements de l’après «CAN Cameroun 2021». En effet, sous la pression de certains supporteurs et des confrères (manipulés dans l’ombre), elle était allée jusqu’à vouloir humilier Mohamed Magassouba (pour le pousser à la démission, un départ sans frais pour la fédération). Les décisions alors prises, notamment le collège d’entraîneurs, nous a en partie coûté une qualification historique à une phase finale de Coupe du monde.

Il était donc sage qu’Eric Sékou Chelle continue sa mission pour les futures échéances (continentale et mondiale). Ne serait-ce que pour avoir donné un fond de jeu à cette jeune sélection nationale. Sans compter qu’il a envie de poursuivre l’aventure et ne demande qu’à contribuer à l’écriture d’une page glorieuse de notre football. Il a de l’ambition et c’est un technicien très intelligent pour vite tirer les enseignements de ses échecs.

L’erreur serait sans doute de chercher un bouc émissaire à sacrifier, notamment le coach, après l’échec de Bouaké. Nous avons une bonne et jeune sélection nationale qui ne demande qu’à mûrir. Il faut tirer les enseignements de cet échec et avancer ! Eric Sékou Chelle évolue dans le bon sens. Il faut lui permettre de travailler sur le long terme afin de façonner un groupe et lui inculquer ce mental d’acier qui manque le plus souvent à nos footballeurs.

Moussa Bolly

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