En renonçant à briguer une nouvelle fois, son poste de membre du conseil de la CAF et de la FIFA, Mamoutou Touré dit «Bavieux», président du Comité Exécutif de la Fédération Malienne de Football (CE-FEMAFOOT), incarcéré depuis 17 mois, s’est montré comme un gentleman. En le faisant, il a non seulement soigné l’image du football africain, mais également mondial. Même s’il n’avait pas voulu la même galanterie lors de l’assemblée générale extraordinaire élective de la FEMAFOOT, le 29 août 2023 qui l’a vu être réélu étant en prison, il pourrait le faire certainement en démissionnant de la présidence du CE de la FEMAFOOT pour l’intérêt du Mali et du football malien. En le faisant, il sortira par la grande porte.
Pour son honneur, sa dignité, sa clairvoyance, et pour l’intérêt du Football Africain et Mondial, Mamoutou Touré dit «Bavieux», président incarcéré du Comité Exécutif de la Fédération Malienne de Football (CE-FEMAFOOT), a retiré sa candidature pour le renouvellement de son mandat au sein de l’instance dirigeante du football africain (CAF) et mondial (FIFA), prévue le 25 mars 2025. Il l’a fait savoir depuis sa cellule, par un communiqué de presse il y a quelques jours. «Depuis le 9 août 2023, j’ai été confronté à une situation judiciaire complexe et particulièrement injuste qui a profondément affecté ma vie personnelle et professionnelle. Ces 17 mois de détention, sans possibilité de bénéficier de la liberté provisoire, m’ont empêché de m’investir pleinement dans mes fonctions et dans la préparation du renouvellement de mon mandat au sein du Conseil de la FIFA», déclare Mamoutou Touré, dans sa lettre. Avant d’ajouter: «Face à ces circonstances, et en tenant compte de mon état de santé ainsi que de l’absence de soutien de mon autorité de tutelle nationale (ministère de la jeunesse et des Sports), j’ai pris la décision difficile, mais responsable, de retirer ma candidature au poste de membre du Conseil de la FIFA et de la CAF». Selon Mamoutou Touré, «cette décision, mûrement réfléchie, n’a pas été facile à prendre. Mais elle témoigne de ma volonté de laisser place à un avenir serein et à une gouvernance pleinement opérationnelle, dans l’intérêt supérieur de notre institution et des valeurs que nous portons ensemble. Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à tous mes collègues présidents de fédérations, ainsi qu’à mes amis de la CAF et de la FIFA, pour leur soutien indéfectible tout au long de cette épreuve. Mes sincères remerciements aux membres du Comité exécutif de la FEMAFOOT qui, à l’unanimité et malgré ma situation, ont bien voulu proposer ma candidature et l’ont soutenue à fond».
Pour cette sage décision, l’on ne peut que saluer le président Mamoutou Touré. Car, cela facilite d’avance le travail de la CAF et de la FIFA. Par cet acte, l’image du football africain et mondial est préservé, même si d’aucuns estiment qu’il a pris le devant, sachant bien que sa candidature allait être rejetée par la CAF et la FIFA pour des raisons d’éthique, qui accepteraient difficilement un membre incarcéré et dont le procès n’est toujours pas programmé.
Mais Bavieux n’a pas eu cette sagesse pour sauver le football malien
On allait se réjouir, saluer, fêter cette sage décision de «Bavieux», s’il avait renoncé à se représenter pour sa propre succession à la tête du CE de la FEMAFOOT, étant en prison. Cela, pour l’intérêt du football malien. De la même façon qu’il justifie le retrait de sa candidature pour le renouvellement de son mandat à la CAF et de la FIFA, il pouvait, de notre point de vue, par patriotisme, pour l’amour du football malien, dire humblement à ses camarades membres du CE-FEMAFOOT qui ont soutenu sa candidature, qu’il renonce à briguer un second mandat étant en prison. Mais hélas, on se demande jusqu’à présent, ce qui l’a poussé au forcing. Est-ce pour l’intérêt du Mali, du football malien ou de son clan ?
Les conséquences de cette réélection de «Bavieux» depuis plus d’un an, sont nombreuses. Comme illustration palpable, le Ministre de la jeunesse et des Sports, Abdoul Kassim Fomba, a d’adressé, le 9 janvier 2025, une lettre à la FEMAFOOT pour la rappeler à l’ordre sur la gestion controversée du football malien. Abdoul Kassim Fomba invite la FEMAFOOT à respecter ses propres textes. «Il m’a été donné de constater que depuis l’élection du Comité Exécutif de la Fédération malienne de football, le 29 août 2023, ses réunions ne se tiennent pas à la fréquence requise conformément à ses statuts. En effet, l’article 47.1 desdits statuts stipule que le Comité Exécutif se réunit au moins une fois tous les mois. Malheureusement, le Comité exécutif n’a pas respecté ces dispositions susmentionnées. Eu égard à ces manquement statutaires constatés, je vous invite au respect strict de vos propres textes pour une meilleure gouvernance au sein de la fédération sportive pilote, afin d’atteindre les objectifs, notamment la réalisation de performances de nos sélections nationales, au grand bonheur du peuple malien», a déclaré me Ministre Fomba.
Parlant de la mauvaise performance et gestion de nos sélections nationales de football, avec certainement cette léthargie installée à la FEMAFFOT, le Ministre Fomba a créé, le 23 décembre 2024, une «commission chargée de la gestion des compétitions internationales de football pour toutes les rencontres financées sur le budget national et impliquant les sélections nationales». Des situations, il faut le dire, qu’on pouvait certainement éviter si «Bavieux» avait été sage, avait mis le Mali et le football malien au dessus de tout.
Mieux vaut tard que jamais
Cependant, comme le dit un adage bien connu de chez nous, « Mieux vaut tard que jamais ». Même si nous avons perdu plus d’une année après la réélection de «Bavieux» dans l’incertitude totale, ne connaissant toujours pas quand est-ce qu’il sera jugé pour être fixé sur son sort (condamné ou blanchi), sachant bien que son état de santé ne peut lui permettre de briguer une nouvelle fois son poste à la CAF et à la FIFA, Mamoutou Touré peut rectifier le tir. Il peut se racheter en démissionnant également de la tête du CE de la FEMAFOOT pour l’intérêt du Mali et du football malien. Cela nous permettra d’aller vite pour lui succéder que de faire quatre ans dans cette situation de confusion et d’incertitude dont nul ne connaît l’issue.
A bon entendeur salut !
Hadama B. FOFANA