1979 /Djoliba ac-stade malien de Bamako : 3 minutes 3 buts de Cheick Salah Sacko Mythe ou réalité ?

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Cheick Salah Sacko ! Voilà un illustre attaquant qui a fait les beaux jours du football malien au cours des décennies 1970 et 1980. Il aura fondamentalement marqué les esprits par sa performance extraordinaire lors d’un seul match joué un certain 10 juillet 1979. Il s’agit précisément de la finale de la Coupe du Mali qui a opposé son club le Djoliba AC au Stade malien de Bamako. Entré en cours de jeu, plus précisément pendant les prolongations, le “tueur” avait permis au Djoliba AC de remporter la 19e Dame Coupe du Mali en marquant coup sur coup 2 buts et en occasionnant un penalty également transformé. Mais par QUI ? Les Rouges ont battu les Blancs 3-1. Et depuis, Cheick Salah Sacko est cité dans les annales du football pour cet exploit, le public malien lui ayant collé l’étiquette du record de 3 buts en 3 minutes. Quelle est la VERITE ?

vant de replonger dans les souvenirs de cet après-midi du 10 juillet 1979, nous nous inclinons sur la mémoire de cet ancien instituteur de Balafinan et de Falo, dans les cercles de Yanfolila et de Koutiala, qui nous a quittés dans la nuit de dimanche à lundi 21 février 2022. La 19e édition de la finale de la Coupe du Mali de football a opposé le Djoliba AC au Stade malien de Bamako. Les Rouges de Bamako se sont imposés par 3-1, et on retiendra que ce duel entre les deux frères rivaux du football malien est étiqueté d’un cachet, à tort ou à raison : 3 minutes, 3 buts. A l’occasion de cette finale, un homme, Sékou Salah Sacko, a laissé son empreinte indélébile, pour avoir été l’acteur principal des 3 buts djolibistes. Maintenant, a-t-il, Oui ou Non, marqué les 3 buts djolibistes et dans les temps indiqués ? Les débats restent houleux entre amateurs du football, y compris entre les joueurs des deux équipes de l’époque. Tel est le cas entre les deux amis inséparables, Modibo Doumbia dit Modibo 10 (ancien gardien de but du Stade malien de Bamako) et Kader Guèye (ancien attaquant du Djoliba AC et, sans conteste possible, le plus grand dribbleur que le football malien ait connu). Les deux compères n’ont pas la même version du mystère qui entoure cette finale de la Coupe du Mali de 1979.

Modibo 10, l’enfant de Missira, soutient mordicus que les 3 buts du Djoliba n’ont pas été marqués dans le temps que l’opinion avance, à savoir en trois minutes, ni encore, tous, par Cheick Salah.

Kader Guèye, lui, est formel que son ami ne dit pas la vérité sur cette affaire et que les 3 buts ont été inscrits en 3 “petites” minutes. Pourtant, Modibo 10 gardait les buts du Stade lors de cette finale pendant que Kader Guèye était spectateur, mais pas un simple spectateur. Parce qu’il a émerveillé le public par des séances de jonglage avant le coup d’envoi. Entre les deux amis, Qui a raison ? Pour couper court à tout, nous vous proposons ici la réponse donnée par le principal acteur de cette finale en personne, à savoir Cheick Salah Sacko, alors héros de notre rubrique “Que sont-ils devenus ?”

Voici sa réponse : “Je suis rentré comme remplaçant en cours de jeu, à la 112e minute et j’ai coïncidé avec un corner du Djoliba. Ilias Oumar Dicko l’a exécuté et du pied gauche j’avais inscrit le premier but. Les Stadistes, dans la précipitation, après avoir engagé, ont perdu le ballon. Sur le coup, l’ailier du Djoliba, Bouba Diarra, était décalé sur le flanc. Il centra aussitôt. A la réception, j’étais là, pour doubler la mise.  Dans la foulée, le Stade, pris au dépourvu, arriva néanmoins à réduire le score pour relancer le match. Les Blancs forcèrent pour égaliser et se firent découvrir. Sur ces faits, j’ai hérité d’un ballon aux abords de la surface de réparation. J’ai forcé le passage et l’irréparable s’était produit. J’ai été fauché dans les six mètres et l’arbitre a sifflé le penalty.

Poker (ndlr : Idrissa Traoré) s’est chargé de briser les espoirs stadistes. Il était le préposé aux penalties qu’il ne ratait quasiment jamais. Vous voyez, tous les 4 buts ont été marqués dans les derniers instants des prolongations et après que je fus rentré dans le terrain. J’ai marqué 2 buts coup sur coup et j’ai été à l’origine du 3e but.

Les buts ont été tellement rapides que dans l’imaginaire populaire, ils ont été marqués en 3 minutes et par moi. Et puis, ça sonne bien à l’oreille : 3 minutes, 3 buts. Voilà l’histoire de cette polémique, que personne ne pourra dissiper d’ailleurs”.                    

La Rédaction

 

 

1978/Djoliba AC- AS Réal : L’histoire de “La finale de la VERITE”

La finale de la Coupe du Mali de 1978 qui a opposé le Djoliba AC à l’AS Réal avait un cachet particulier qui en fit la finale la plus disputée et l’une des plus belles de l’histoire du football malien. Et pour cause : elle avait été politisée. En effet, quelques mois plus tôt, soit au matin du 28 février, Tiécoro Bagayoko, directeur général des services de sécurité et fervent supporter du Djoliba, avait été arrêté dans l’affaire de la “Bande des trois”,  impliquant également les ministres CMNL Kissima Doucara (Défense) et Karim Dembélé (Transports). Les Rouges de Bamako essuyaient déjà trop de critiques, parce que l’on  pensait que l’ombre de Tiécoro était le fruit de la suprématie du Djoliba qui régnait sur le football malien depuis le début de la décennie 1970. Alors, Tiécoro étant en prison, qui va remporter cette finale que notre confrère de Radio-Mali, Demba Coulibaly, avait qualifié, avant le jour J, de celle de “LA VERITE” ?

e Djoliba Athletic Club de Bamako a régné, quasiment, sans partage sur le football malien tout au long de la décennie 1970, remportant notamment la Coupe du Mali en 1971, 1973, 1974, 1975, 1976, 1977, 1978 et 1979. Le commun des mortels pensait que cela était dû à l’influence de Tiécoro Bagayoko qui était un amoureux très passionné de ce club, tout en oubliant que le Djoliba avait échoué à remporter la Coupe en 1969, 1970 et 1972 alors que Tiécoro était là et très puissant.

Mais, cela n’enlève rien à l’intérêt du duel de 1978, jouée loin de l’influence de l’ex-directeur de la Sécurité d’Etat.

Pour la petite histoire, un autre membre du CMLN, qui était un fervent Réaliste, est allé voir les Scorpions pour leur dire que l’occasion est bonne pour démontrer que l’heure de Tiécoro est finie. L’histoire retiendra que les Rouges ont livré quasiment leurs meilleurs matches de la fin des années 1970. Ils remportent le trophée en deux éditions (1-1 puis 2-1).

Pour Abdoulaye Koumaré dit Muller, l’enfant de Bagadadji, l’un des plus grands buteurs du football malien, cette finale reste et demeure le meilleur souvenir national de sa carrière sportive. Une autre icône du football malien dont cette finale est l’une des plus belles pages de sa carrière, c’est Fantamady Diarra dit Gobert, qui était d’ailleurs très proche de Tiécoro.

Il se rappelle ce jour de finale que les Rouges ont gagné par 2 buts à 1 à l’issue de la deuxième édition. Au but d’Amadou Samaké dit Vieux Gaucher, Fagnery Diarra a réagi en rétablissant la parité. Fantamady, lui-même, marqua le deuxième but djolibiste. Il hérita d’une balle mal repoussée sur un corner pour crucifier le portier Seydou Traoré dit Guatigui, d’un tir d’au moins 25 mètres.

Pour cette finale de 1978, Gobert se souvient de tous les paramètres et témoigne : “Pour cette finale, les joueurs du Djoliba ressemblaient à des orphelins, avec le public et une partie de l’opinion publique sur le dos parce qu’ils avaient des comptes à régler avec Tiécoro Bagayoko, arrêté et condamné. Si le Réal avait gagné, l’histoire nous aurait condamnés et Demba Coulibaly aurait eu raison. Je profite pour glisser deux anecdotes. Après l’arrestation de Tiécoro, la Commission d’enquête a confisqué tous les matériels sportifs du Djoliba, qui étaient chez lui au motif qu’ils sont le fruit de l’argent volé. Elle a promis de les partager entre tous les clubs du Mali, tout en demandant à Kéké de faire son choix en premier lieu. Celui-ci a pris les crampons, et malheureusement aucun des clubs ne voulait du maillot rouge. Finalement, le tout nous est revenu. Ensuite, quand Tiécoro a appris les nouvelles de la finale, il a demandé à Kéké de lui apporter mon maillot de la finale. Effectivement, quand je suis parti lui rendre visite au Camp Para, il portait cette tenue. Je me rappelle encore comme si c’était hier, il m’a dit exactement «Même si on m’exécutait aujourd’hui, je n’aurai rien à perdre». Comment pendant que nous nous soucions de lui pour sa condamnation à mort, Tiécoro gardait le moral à la suite d’une victoire du Djoliba ?”

Au Djoliba, l’ex-international Fantamady Diarra (sa première sélection en équipe nationale date de 1969) a été de tous les combats, des compétitions nationales et internationales. Sa carrière a enregistré 9 coupes du Mali (1971, 1973, 1974, 1975, 1976, 1977, 1978, 1979, 1981, 1983), un titre de champion en 1982.                                 

  La Rédaction

 

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