Du 22 au 27 juillet 2024, le Mali vivait la Semaine nationale de la sécurité routière sous l’égide du ministère des Transports et des Infrastructures et le thème était très pertinent : “Entre téléphoner et conduire, il faut choisir”.
Si vous avez suivi les activités ou les informations autour de cette semaine, peut-être avez-vous pris la décision de vous garer pour téléphoner, ou de passer en kit main libre (casque, écouteur…) c’est bien et même très bien.
Durant toute la semaine, je me suis interrogée sur le sujet à aborder, je pensais à tout sauf à la sécurité routière. Il a fallu que j’assiste à un accident spectaculaire d’un motocycliste pour choisir de parler du casque qui sauve.
Nous voyons nos concitoyens à moto être heurtés par un autre véhicule, ou entrer en collision avec un autre motocycliste et encore plus fréquemment tomber seuls, surtout en ce temps d’hivernage.
Pour cause les chaussées fortement endommagées et remplies de boue, les conducteurs peu prudents… Le pire c’est que souvent ils sont sans casque.
Revenons à cet accident. Eh bien figurez-vous que la personne qui a glissé tout seul a laissé sa chaussure, son téléphone sur la chaussée, pour se retrouver dans le caniveau ; pendant que sa moto est allée s’écraser sur un arbre, en emportant au passage les ustensiles d’une pauvre vendeuse de ngomi (galette de riz), qui n’a eu que la malchance d’être au mauvais endroit au mauvais moment.
De quoi rire, cette scène, ou pas ! Mais vous n’imaginez pas la sensation de frayeur, de panique qui m’a traversée quand j’ai vu la tête du motocycliste cogner le sol avant qu’il ne se retrouve dans un caniveau rempli de détritus de toute sortes, encore des déchets et oui des déchets !
Dans cette situation, au moment où l’on se demande si on s’arrête ou si on continue son chemin, se joue peut-être la vie de la personne. Par un miracle dirais-je, plus de peur que de mal pour cette personne, certainement des courbatures et de petites égratignures à panser.
Et si c’était bien plus grave, et si c’était une connaissance, un frère, un enfant, un parent… et s’il avait perdu la vie pour ne pas avoir porté de casque ?
Certainement chacun d’entre nous a déjà connu ou entendu parler d’une personne décédée à la suite d’un choc à la tête. Paix à l’âme des défunts.
La dernière tentative de nos autorités de faire porter le casque obligatoirement aux conducteurs de 2 ou 3 roues, à compter du 1er janvier 2023 s’est soldée par un échec. Pourquoi ?
Eh bien nous en connaissons tous les raisons : manque de discipline, refus d’exécution, prix dissuasif des casques, insuffisances des casques, manque de moyen de répression…
Aujourd’hui avec la digitalisation du paiement des contraventions, un grand pas est fait, qui pourrait servir à avancer dans le sens de la généralisation du port de casque, si seulement tout se passe dans les règles, la transparence, la conscience professionnelle, sinon le projet ne donnera pas les fruits attendus.
Ce projet fait écho à l’article 28 du décret n°2023-0509/PT-RM du 12 septembre 2023 fixant les conditions de l’usage des voies ouvertes à la circulation publique et de la mise en circulation des véhicules : Equipement des utilisateurs de véhicules 1. Je cite : “Le port d’un casque de protection est obligatoire pour les conducteurs et les passagers de motocyclettes, vélomoteurs et cyclomoteurs. Les conditions d’homologation des casques de protection seront fixées par un arrêté conjoint du ministre chargé des Transports, du ministre chargé de la Santé et du ministre chargé des Industries”. Au Mali une amende de 3000 F CFA est en vigueur et devrait être dissuasif, mais….
Le Royaume du Dahomey, le Bénin, est un exemple dans le port du casque ! Une amende a été révisée à la baisse et fixée à 5000 F CFA pour non-port de casque depuis avril 2024, et communiquée par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique à la population béninoise.
Et pourtant, si chaque parent veille à ce que son enfant porte le casque, si chaque employeur veille à ce que ses collaborateurs portent le casque, si chaque enseignant demande ses élèves de porter le casque, si chaque prédicateur exhorte ses fidèles au port du casque, si chaque commerçant vend une moto avec son casque, si le prix du casque revenait à un tarif abordable, si dans chaque grin on n’en parle ; ce serait un grand pas, des vies seraient sauvées. C’est notre devoir à tous.
Parce que c’est Notre Mali !
Muriel Jules