Réduction de 80% des délestages pendant le Ramadan : La fausse promesse d’Assane Sidibé

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Lors de la visite effectuée par les membres de la Commission de l’énergie, des mines et de l’eau du CNT dans les centrales thermiques de Balengué et de Sirakoro, leur président, Assane Sidibé, a affirmé que les délestages d’électricité vont diminuer de 80% pendant le mois de jeûne. Promis, juré, mais triché : la situation électrique n’a jamais été aussi tendue que durant ce même mois.    

« À l’approche du Ramadan, les autorités veulent tout faire pour donner de l’électricité aux Maliens ». Ces propos sont ceux prononcés par Assane Sidibé, président de la Commission de l’énergie, des mines et l’eau du CNT, lors de la visite des membres de sa commission dans les centrales thermiques de Balengué et Sirakoro, à moins d’un mois du Ramadan. L’ancien député de la Commune IV a dans la foulée promis que les délestages vont diminuer de 80%, sinon de 100%, durant le même mois saint.

Pour convaincre la population, il a indiqué que les installations sont en bon état de marche. « Nous sommes en manque de carburant et c’est explicable. Pour donner 400 mégas de puissance électrique à Bamako, il faut allumer (mettre en marche) les quatre centrales. En les allumant, il faut à peu près 1,2 milliard de Fcfa par jour soit 40 milliards de Fcfa par mois », a expliqué le président Sidibé.

Pour faire face aux problèmes de carburant, le président de la transition a ordonné, selon Assane Sidibé, qu’on fasse le maximum pour faire fonctionner les centrales électriques pour donner de l’électricité aux Maliens.

C’est dans ce cadre qu’il a annoncé le début des livraisons de carburant. « Dans le cadre de l’AES, le Niger accepte de nous donner à peu près 230 FCFA le litre. Ce qui est inédit. Ça veut dire que l’AES est de bon augure. Les livraisons russes ont commencé à partir du port de Lomé. Les livraisons de l’Arabie Saoudite vont aussi commencer », a pompeusement déclaré Assane Sidibé.

D’autres points sont en train d’être vus, notamment la construction de centrales à Kégné à Bagoé qui sont en vue. « Et le mois prochain nous aurons probablement la pose de la première pierre de quatre centrales de 100 mégawatts chacune en centrale photovoltaïque grâce à la collaboration entre le Mali et la Chine et le Mali et la Russie », a affirmé le président de la Commission Énergie, mines et eau du CNT.

Des promesses sans lendemain

Toutefois, les déclarations du président Sidibé sont restées au stade de bonnes intentions. Puisque les 80% de diminution du délestage promis n’ont jamais été réalisés. Pis, ils se sont même empirés pendant la période indiquée allant jusqu’à 12 heures d’affilée de coupure d’électricité par 24 heures, EDM-SA n’ayant pu respecter son propre plan de délestage.

À Kalaban-Coura, par exemple, rarement, la population a eu l’électricité durant six heures d’affilée. « EDM-SA servait des jeux de lumière. Quand le courant venait à 21 heures, il fallait souvent attendre minuit pour qu’il se stabilise », constate un habitant dudit quartier.

Pendant ce temps, aucune réaction ni du président Sidibé encore moins d’un membre de la commission. À défaut de l’interpellation du ministre de l’Energie et de l’Eau, Assane Sidibé devrait avoir le courage de dire aux Maliens les raisons pour lesquelles la diminution promise n’a pas été réalisée.

C’est cela la redevabilité et la rupture avec les anciennes pratiques. Et c’est en cela que le Mali Kura tant chanté et tant vanté par les tenants du pouvoir et les nouveaux patriotes (2.0) sera une réalité. Autrement, il reste une chimère ou une vue de l’esprit, donnant ainsi du grain à moudre aux plus sceptiques.

Le nouveau Mali dont rêvent les Maliens, c’est aussi le respect de la parole donnée et de ses engagements. Et, manifestement, Assane Sidibé, qui ne manque jamais l’occasion de brocarder les régimes précédents, a sans doute manqué à sa parole, jetant ainsi du discrédit sur lui. Surtout qu’il n’a donné jusqu’ici aucune explication. Pourtant, Amadou Hampâthé Bah, répondant à une question de Marius Condé en 1970, a déclaré qu’en « Afrique, manquer à sa parole, c’est manquer à Dieu ».

On peut dès lors comprendre que la déclaration d’Assane Sidibé, qui a une langue serpentine et vipérine, n’était que de la poudre aux yeux (une fois de plus) au peuple malien. Un état de fait qui est malheureusement devenu la marque de fabrique des autorités de la transition qui tiennent des promesses sans lendemain.

L’arrivée du carburant russe depuis 2021 rentre dans ce cadre. On attend toujours la pose de la première pierre des quatre centrales photovoltaïques près de deux mois après l’annonce en fanfare du président Sidibé. On se souvient qu’avant lui, un autre membre du CNT avait promis de faire venir la mer au Mali. Pour ainsi dire,  on attend toujours. Ce sont autant d’éléments qui jettent du discrédit sur le pouvoir et vont sans doute éroder en lui la confiance de la population.

Comme le disait Massa Makan Diabaté dans son livre Une hyène à jeun : « Un chef n’est pas obligé de dire tout ce qu’il va faire. Mais il est tenu de faire tout ce qu’il a promis ». Au président de la Commission Energie, mines et l’eau et à l’ensemble de ceux qui dirigent le Mali de méditer !

Abdrahamane SISSOKO

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