L’ancien premier ministre Ousmane Issoufi Maiga et l’ancienne ministre de la Culture, Aminata Dramane Traoré, grands architectes du Dialogue National inclusif sous IBK, se retrouvent dans l’équipe chargée d’élaborer une feuille de route pour un dialogue inter maliens. Pour rappel l’ancien premier ministre est celui qui a la lourde responsabilité de présider le comité de pilotage institué par un décret présidentiel, Mme Aminata Dramane Traoré en est membre. Et pourtant ces deux personnalités de la vie sociopolitique jouissent encore d’un capital confiance très élevé. Elles sont connues pour leur engagement, leur intégrité et leur désintérêt pour la chose publique. En acceptant de présider pour l’un et d’être membre pour l’autre, ne vont-elles pas remettre en cause les résolutions et recommandations du Dialogue National Inclusif, DNI dont elles ont été les véritables concepteurs? Ont-elles accepté de siéger par conviction ou par opportunisme ? Vont-elles donner l’occasion aux maliens de remettre en cause toutes les qualités que l’on retient d’elles si le dialogue inter maliens venait à rejeter le DNI ?
Le Président de la transition a donné le ton pour le Dialogue inter maliens en signant le décret de nomination des membres de son comité de pilotage. Composé des fortes personnalités, ce comité ne pourrait pas souffrir d’un déficit de compétences, mais il permet tout de même de se poser les bonnes questions, celles de la présence de certaines figures et surtout le courage qui pourrait caractériser ses membres à reconnaitre les résolutions du DNI. Nous avons décidé de mettre le curseur sur le Président du Comité de pilotage, l’ancien PM Ousmane Issoufi Maiga et sur l’ancienne ministre de la Culture sous Alpha Oumar Konaré, Mme Aminata Dramane Traoré, non pas pour dénoncer leur nomination au sein dudit Comité, mais pour le rôle de premier plan qu’ils ont eu à jouer dans le DNI. Tout porte à croire que le dialogue national inclusif n’échappera pas à cette entreprise de déconstruction du passé, alors que ces deux personnalités font partie des véritables architectes du DNI. Vont-elles se dédire ? La réponse serait connue après le dialogue, mais d’ores et déjà ces deux personnalités ne courent-elles pas le risque d’être complice d’une remise en cause de leur propre œuvre en assistant impuissamment à la démolition des résolutions du DNI, comme d’ailleurs l’on vient de faire avec l’Accord. Pour rappel l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, APR, issu du processus d’Alger a été signé en 2015 quand l’actuel ministre des affaires étrangères occupait la même fonction. Il n’a jamais tari d’éloges pour cet accord qui vient d’être jeté à la poubelle avec la complicité de celui qui faisait sa promotion. Le même scénario risque d’arriver à l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maiga et l’ancienne ministre Aminata Dramane Traoré, quand les résolutions et recommandations du DNI seront également mises à la poubelle au nom du Mali Koura. S’ils arrivaient à trouver le juste milieu en ne jetant pas le DNI à la poubelle comme l’APR, ils auront gagné en maturité, ils peuvent même prendre ce qui est bon et laisser ce qui est moins bon.
En somme, la question que bon nombre d’observateurs se posent est celle de savoir si ces deux personnalités n’ont pas plus cédé à l’appât du gain, plutôt qu’une adhésion par conviction afin d’apporter une plus-value à l’œuvre de construction du nouveau Mali.
Youssouf Sissoko
