Après l’imposition sur les citoyens maliens, sans leur consentement, des nouvelles taxes sur les télécoms et le mobile money et cela dans un contexte marqué par une paupérisation à outrance, le régime transitoire qui a fait tant de promesses qui ont semblé susciter tant d’espoir, risque de se transformer en bourreau du peuple qui l’a pourtant soutenu. En effet, pris entre deux feux à savoir la résilience et la résignation, le peuple ne sait plus désormais à quel saint se vouer tant il est confronté à une crise sociale, économique et financière sans précédent. La décision d’imposer des nouvelles taxes sur des citoyens qui broient du noir depuis plus de trois ans a mis le ministre Sanou et le Président de la transition au cœur de toutes les polémiques ces derniers temps, et les deux semblent être les responsables tout trouvés de l’effondrement de l’économie malienne par leurs choix approximatifs, leur amateurisme et une méconnaissance de la haute finance. Pire encore après la prise de cette impopulaire décision qui aura une durée de cinq ans renouvelable, un décret signé du Président de la transition définit le mode de gestion de ces fonds qui viole toute orthodoxie financière. Le régime transitoire est-il conscient de la gravité de la crise qui touche tous les segments de la vie socio-économique voire financière du Mali avant d’en rajouter ? Sait-il qu’il est en train d’écrire l’une des pages les plus sombres de l’histoire du Mali en imposant un lourd fardeau à un peuple qui est déjà à bout de souffle ?
En effet, la décision d’imposer des nouvelles taxes a non seulement suscité une véritable levée des boucliers de nombreux citoyens qui la trouvent et à la fois impopulaire, contre-productive, inhumaine et non consensuelle. Une frange importante du peuple allait être enchantée par la décision si les autorités avaient fait preuve d’exemplarité, de rigueur et de transparence dans la gestion des affaires publiques. Ce qui provoque l’ire chez beaucoup de maliens c’est non seulement le timing, mais aussi et surtout le difficile contexte dans lequel vit le Mali, marqué par une crise sociopolitique et économico-sécuritaire sans précédent dans l’histoire récente du pays. La colère est grande car il n y a aucune visibilité encore moins de lisibilité. Nous assistons impuissants, à une transition qui s’éternise et s’enlise avec son corollaire de crise multidimensionnelle, à la fois sécuritaire, financière, sociale, diplomatique et politique. Au lieu de chercher une issue heureuse à cette crise on en rajoute tous les jours. Le peuple est las d’entendre le même refrain d’espoir qu’on lui sert à coup de propagande médiatique, mais à la fin c’est une grande désillusion qui se profile.
Le régime transitoire est-il conscient de la gravité de la crise qui touche tous les segments de la vie socio-économique voire financière du Mali avant d’en rajouter ?
Cette autre mesure, que d’aucuns qualifient d’illégitime, voire illégale et inhumaine, a fini par convaincre certains partisans moins zélés de la transition que les autorités ont un autre agenda différent de celui du Mali. Sinon comment comprendre qu’on puisse imposer à un peuple qui a consenti d’énormes sacrifices pour sa souveraineté, des nouvelles charges financières alors même qu’il manque de tout. L’électricité, l’eau, la santé, l’éducation, toutes choses indispensables au 21ième siècle et permettant de fournir les services sociaux de base pour la survie des populations. Que dire de la raréfaction des moyens financiers pour réaliser des petits projets de développement, les maliens souffrent énormément sans que cela n’émeuve outre mesure les plus hautes autorités du pays. En tout cas à en juger par leurs comportements qui frisent l’indifférence voire le mépris, l’on est en droit de se poser la question de savoir si les autorités sont conscientes de la gravité de la situation que vivent les maliens.
Sait-il qu’il est en train d’écrire l’une des pages les plus sombres de l’histoire du Mali en imposant un lourd fardeau à un peuple qui est déjà à bout de souffle ?
Le régime de transition, risque de devenir le bourreau du peuple malien par certaines décisions et surtout par des choix politiques hasardeux. A ce rythme nulle surprise de voir les nombreux progrès réalisés surtout sur le plan sécuritaire et l’espoir de voir les grandes attentes comblées, aller à vau-l’eau, tant les aspirations sont en train d’être déçues et le peuple à bout de souffle. Cette nouvelle phase enclenchée après la « rectification » semble dévier de sa trajectoire initiale tant les ambitions personnelles ont pris le dessus sur la préservation des intérêts collectifs. Les pratiques qui ont été à la base de la chute de l’ancien régime n’ont jamais disparu, elles se sont même renforcées pour ne pas dire qu’elles se sont métastasées. Le peuple déçu, abasourdi ne demande qu’une seule chose sortir de cette situation qui n’a que trop duré et dont les conséquences s’abattent comme une foudre sur la tête des pauvres citoyens
En définitive, S’il faut reconnaitre que les caisses de l’Etat sont vides, par conséquent elles doivent être renflouées pour faire face aux charges régaliennes, force est de constater que les taxes qui viennent d’être imposées sont très mal à propos, car elles deviennent un fardeau supplémentaire sur les frêles épaules des maliens. Donc un nécessaire rétropédalage s’impose pour pallier toutes situations désastreuses.
Youssouf Sissoko