Les soliloques d’Angèle : L’autre patriotisme

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Dans la compréhension générale des fondements d’une nation, le patriotisme est un état associé aux corps armés, toutes variantes confondues. Pourtant cela va bien au-delà. C’est une des conditions de la survie d’un peuple, il est défensif, renforce la cohésion et l’unité, qui sont des vecteurs du développement. Il faut noter que le patriotisme est aussi, entre autres, économique, culturel, social, gastronomique, littéraire.

L’ancien chef d’Etat-major des Forces armées turques, Ilker Basbug, en a fait une magnifique description le 14 avril 2009, qui est encore d’actualité, je cite : “La loyauté envers le pays et l’Etat est très importante. Le fait d’être un Etat-nation dépend de la loyauté des citoyens (…) Le patriotisme est très important pour la loyauté. Le patriotisme est bâti sur l’amour du pays qui est à la fois une loyauté raisonnable et un lien affectif. L’amour du pays doit se développer sur une base raisonnable et rationnelle. C’est pourquoi les valeurs communes que partagent l’ensemble des citoyens sont très importantes. Dans ce contexte, chacun doit se sentir propriétaire de la République et des valeurs de la République, avoir de l’intérêt pour l’histoire, ne pas perdre les liens avec le passé et ne pas être en conflit avec autrui”.

Retenons trois mots de ce message : raisonnable, rationnel, valeurs.

La raison voudrait que le citoyen lambda soit dévoué, loyal et fier en accomplissant des actes “d’amour” envers son groupe d’appartenance directe (famille), et indirecte (sa cité, sa communauté). Que chaque décision que nous prenons, dictée par l’intelligence émotionnelle, la sagesse humaine, l’empathie innée, se conclut par un résultat tangible et efficace.

Illustrons cela en français facile : si je décide de payer les impôts sur mon salaire (ITS), ma maison (taxe foncière), mon véhicule (vignette automobile), mes achats (TVA) ; si je rembourse mes dettes étatiques, bancaires ; si je paie mes redevances et taxes municipales … je participe au patriotisme économique.

En détail, le Code général des impôts du Mali, nous édifie mieux sur les impôts (ressources fondamentales de l’Etat) ; pour les particuliers, focus sur les articles 151 à 158.

Le patriotisme économique, qui concerne tous les acteurs économiques (consommateurs, entreprises…), consiste à faire le choix de favoriser les activités nationales, en participant au renflouement des ressources nationales publiques et privées en se départant des questionnements personnels à savoir : où va cet argent et à qui il profitera ?

En effet, beaucoup de personnes ont perdu confiance en ces institutions qui nous gouvernent pour diverses raisons, notamment parce que les conditions de vie ne s’améliorent pas, le chômage est omniprésent, la vie devient de plus en plus chère, les prix des denrées alimentaires sont en hausse, le manque d’électricité n’est pas favorable aux affaires… Ceci aboutit à des agissements individualistes et non collectifs comme le font certaines stars lors des matchs de foot. “Chacun pour soi et Dieu pour tous”! Mais ce combat, c’est celui de l’homme d’abord, celui qui est censé décider des choses terrestres avec intelligence.

Le 2e mot que nous avons retenu, rationnel, est défini comme un état de connaissance et vise à l’efficacité des actions, tandis que le raisonnable concerne la quête du bonheur, de la liberté, de la fraternité.

Le patriotisme appelle chaque citoyen et chaque acteur économique à être plus rationnel dans la mise en œuvre des décisions pour le bien collectif.

Le choix pour un pays d’investir dans les infrastructures, la santé, est-il plus pertinent que celui de prioriser l’éducation, l’emploi ? Au-delà de la prise de décision, comment allouer les faibles ressources disponibles face aux besoins monstrueusement élevés, tout en minimisant la dette à contracter ; dans le but que tous puissent en tirer les bénéfices ?

Illustrons cela en français facile : Dans une famille lequel des enfants est à scolariser et lesquels sont à “sacrifier” pour que tous puissent trouver : à manger, où dormir, de quoi se soigner… tout en espérant que celui qui est allé à l’école soit le support familial pour tous dans le futur ? Difficile choix et peu de solutions, de moyens pour équilibrer l’équation.

Serait-il alors opportun de parler de patriotisme face à la pauvreté du père de famille, de la mère monoparentale, de l’orphelin, des chômeurs…? Pourtant oui. Car le patriotisme fait partie des valeurs d’un peuple.

Les valeurs d’un peuple, c’est un ensemble très large qui se décline, entre autres, en : civisme, solidarité, patriotisme, intégrité, tolérance, paix, sauvegarde de l’intérêt général, savoir-vivre collectif, ordre public, respect du bien public et bonnes mœurs.

Elles sont inculquées dès le bas-âge en famille et aussi à l’école. Un peuple sans valeur se conduit à sa propre perte ! Décidons donc de nos actions patriotiques en toute intelligence.

Parce que c’est Notre Mali !

Muriel Jules

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