Les soliloques d’Angèle : Enfants, employés, à quel âge ?

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Pas assez d’écoles, pas assez de moyens financiers, entre autres ! Il y a tellement de raisons avancées pour justifier le travail des enfants, tout dépend de l’objectif qui se cache derrière.

On parle du travail des enfants dans les mines d’or, les chantiers immobiliers, les industries, les champs, les marchés, les maisons… Mais ont-ils l’âge légal requis, qui les emploie, sont-ils déclarés, ont-ils des cotisations retraites ?

Dès l’âge de 15 ans, la loi malienne autorise l’emploi rémunéré dans des conditions et pour des métiers bien définis dans le code du travail. Cette limite d’âge est conforme aux dispositions de la convention n°138 de l’Organisation internationale du travail (OIT) relative à l’âge minimum d’admission à l’emploi.

Dans le but de s’assurer du respect de lois, l’Etat malien a créé la Cellule nationale de lutte contre le travail des enfants (CNLTE) par l’ordonnance n°10-036/PRM du 5 août 2010. Pourtant, nombreuses sont les personnes qui n’en connaissent pas l’existence, ni le rôle et le périmètre de fonctionnement, ni l’impact de ses actions.

La lutte est si difficile rien qu’en ce qui concerne le travail domestique. Il y a tant de jeunes filles pour la plus grande majorité âgées de moins de 15 ans, qui viennent des milieux et des familles moins nantis et qui travaillent pour gagner des sommes dérisoires, comme aides ménagères, nounous, lavandières… sans papiers et juste sur recommandation.

Pour les familles qui les envoient, c’est une aubaine car une bouche en moins à nourrir et un retour de revenu aussi minime soit-il.

Pour les familles qui les emploient c’est aussi une aubaine de payer moins et de s’assurer que les petites corvées sont faites, en se justifiant du fait que pour cette personne, au moins la nourriture et le gîte sont assurés.

Il y a bien longtemps, une petite fille à toquer à ma porte à la recherche du travail. J’étais si émue de la voir si frêle et si déterminée à travailler que j’ai pris le temps de l’écouter. Quand elle m’a confié qu’elle se ferait battre encore si elle rentrait sans trouver du travail, j’étais tétanisée par ce non-respect de la loi interdisant le travail forcé car c’est de cela qu’il s’agissait (voir Loi-92-020-Code-Travail, art L6 : “Le travail ‘forcé ou obligatoire’ est interdit de façon absolue. Le travail forcé ou obligatoire désigne tout travail exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré…”

Bien sûr j’étais convaincue qu’elle ne savait même pas laver une marmite. Sans papier, pas même un numéro de téléphone, pas de personne référence, à peine si elle pouvait m’expliquer le quartier d’où elle venait et comment s’y rendre. Je lui ai demandé d’attendre que je l’amène à la police pour qu’on puisse s’occuper de la faire retourner chez elle. Dès que je suis entrée dans la maison pour prendre les clés de la voiture, elle s’en est allée en douce.

Combien de ces filles sont employées dans les maisons ? Combien de ces garçons sont employés dans les mines, les transports publics, les ateliers de mécanicien… Et pendant les vacances scolaires, ils envahissent les marchés, les rues paniers sur la tête ; les voix de circulations guettant d’éventuels clients en voiture, certains profitant pour commettre des vols à la sauvette.

Toute personne vivant au Mali a eu au moins une fois à les voir, certains tôt le matin à la quête d’un petit-déjeuner, probablement seul repas de la journée. Je pense que personne encore moins M. Sissoko M., qui m’a inspiré cet article ; ne me dira le contraire.

Quelles solutions avons-nous devant cette situation sachant que ce sont leurs propres familles qui les envoient dans la plupart des cas pour les raisons que nous connaissons tous ?

Si nous refusons de les employer, ne finiront-ils pas dans la rue, dans la prostitution, dans la drogue, dans la mendicité ?

Il y a des solutions comme la sensibilisation des familles à scolariser les enfants, plus d’écoles accessibles à petit budget ou gratuites, surtout dans les régions ; la création de centres d’apprentissage de métiers pour des tranches d’âges plus jeune ; le parrainage scolaire.

Utopie diront certains, mais il faut bien commencer quelque part. Chaque enfant est un acteur du futur pour chacun d’entre nous et pour sa famille, nous devons tous nous sentir concerné.

Parce que c’est Notre Mali !

Muriel Jules

 

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