Les artisans en situation de handicap sollicitent l’appui de l’Etat

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Entre préjugés, difficultés d’accéder aux matières premières, et écoulement aléatoire des produits, les artisans vivant avec le  handicap peinent à tirer profit de leur travail. Pour Mme Rose Diakité, Présidente de l’association malienne des artisans handicapés (AMASH), l’Etat devrait leur octroyer des subventions.

 

Les artisans en situation de handicap constituent plus de 80% des personnes vivant avec un handicap selon l’association malienne des artisans handicapés (AMASH). Ces artisans sont majoritairement non instruits  et accèdent difficilement aux infrastructures.

Faute de formation diplômantes, ces artisans en situation de handicap  ne sont donc pas concernées par le quota des 15% relatif à l’intégration des personnes vivant avec le handicap (PVH) dans la fonction publique conformément au décret n°2021-0662/PT-RM du 23 septembre 2021 fixant les modalités d’application de la loi n°2018-027 du 12 juin 2018 relative aux droits des personnes vivant avec un handicap.

Ces personnes sont nombreuses à évoluer dans le secteur informel de l’artisanat : menuiserie, cordonnerie, fabrication de senteurs, ébénistes etc. ; un domaine dans lequel, les artisans en situation de handicap excellent. Cependant, ils restent confronter à certaines barrières entravant leur pleine réalisation professionnelle.

« La plupart des personnes handicapées n’ont pas eu la chance d’aller à l’école. Chacun se débrouille à sa façon. Du coup, beaucoup associent handicap et travail manuel, ce qui est en soit une autre forme de stigmatisation. Certains sous-estiment nos capacités sous prétexte que nous sommes des personnes en situation de handicap », déplore Mme Rose Diakité, Présidente de l’Association des artisans en situation de handicap (AMASH).

De nombreuses personnes approchées abondent dans le même sens et déplorent cette propension à lier aptitude et handicap. Parmi eux, M. Affo Tamboura  et M. Sanogo tous deux ébénistes et membres de l’AMASH. Selon eux, il est important de sensibiliser les populations sur la question pour rompre avec les préjugés qui entourent leurs capacités et performance ainsi rendre les gens plus réceptifs à la qualité des produits qu’ils mettent sur le marché.

« Il faut sensibiliser les populations. L’Etat également peut faire plus d’efforts en termes de formations qualifiantes pour ces personnes vivant avec le handicap et qui sont fortement présentes dans le secteur de l’artisanat. Pour diverses raisons, il y a un nombre limité de diplômés chez les PVH. Et nous sommes obligés de nous convertir à l’artisanat. Donc il est important qu’on nous accompagne pour avoir, « la confiance des autres », faire comprendre aux non handicapés, aux partenaires et à l’ensemble de la société que nous sommes là pour travailler et non pour mendier », recommande M. Yoro Tamboura de l’AMASH.

 

Traitement spécifique

Selon le président de l’association malienne des personnes handicapées physiques (AMPHP), M. Albert Kanouté, le savoir-faire des artisans handicapés est très peu soutenu au Mali. Les artisans en situation de handicap sont stigmatisés, souffrant d’un déficit d’accompagnement, éprouvant des difficultés d’accéder aux matières premières, et parvenant à peine à faire écouler leurs produits.

Certains artisans en situation de handicap proposent que l’Etat leur fasse bénéficier de la commande publique afin de pouvoir écouler leurs produits. Pour d’autres, l’Etat doit simplement songer à des mesures spécifiques pour accompagner les artisans en situation de handicap.

« Bien qu’il existe des subventions dédiées aux artisans en général, nous sollicitons de l’Etat des subventions spécifiques pour nous accompagner. Car pour un même résultat, une personne en situation de handicap est tenue de faire plus qu’un autre ; d’où le besoin de subvention comme c’est le cas dans certains pays de la sous-région », plaide Mme Rose Diakité, qui précise qu’il s’agit là d’économie solidaire.

Bien que le Mali se soit doté d’une politique nationale de développement de l’artisanat, et octroie des fonds d’accompagnement aux artisans, aucun texte ne prend en compte le cas spécifique des artisans en situation de handicap.

Selon le Directeur national de l’artisanat, M. Daha Niasse, et le Secrétaire Général de l’Assemblée permanente des Chambres de métiers du Mali (APCMM), il n’existe certes pas de textes spécifiques pour les artisans vivant avec un handicap, mais il n’en demeure pas moins qu’au niveau de la Chambre des Métiers et autres structures du secteur de l’artisanat que leurs faîtières soient associées aux différentes activités notamment les foires au niveau national et international.

Autres limites justement, même les espaces abritant les foires ne sont pas toujours adaptés aux besoins des artisans à la mobilité réduite.

« Tu peux participer aux foires sans rien gagner du fait que les visiteurs ne viennent que timidement vers les stands des handicapés. Et l’autre facteur d’inconfort reste l’accès aux infrastructures, avec des toilettes inadaptées nous contraignant à passer la journée sans aller aux toilettes au risque de tomber malade », regrette Yoro, ébéniste de son état. Ses propos sont repris par Maïmouna Baro, transformatrice, qui ajoute les difficultés dans le transport des équipements sur les lieux d’exposition.

Selon Mossabou Sogoba, responsable de la communication et de la promotion sociale de l’APCCM, il revient aux organisateurs des foires de prendre en compte les besoins spécifiques des PVH.

Khadyduatou SANOGO/maliweb.net, Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et NED

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