Les 13 langues nationales officielles du Mali : Accélératrices de développement

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La Journée internationale de la langue maternelle est célébrée le 21 février. À cette occasion, nous nous intéressons aux 13 langues nationales déclarées officielles par la Constitution du 22 juillet 2023 en son article 31

Une langue nationale est une langue répertoriée, instrumentée sur le territoire et parlée dans une aire linguistique. Cette langue est aussi propre à une Nation ou un pays. À ce titre, la loi fondamentale a conféré le statut de langue nationale à 13 de nos langues : soninké, bamanankan, boum, dogosso, fulfuldé, hassanya (maure), Mamara (miniyakakan), songhoï, syenaare (sénoufo), tămašăyt (tamasheq), bozo, khassongué. Toutes, à l’exception du hassanya, sont instrumentées, c’est à dire qu’elles ont des règles de transcription.

L’officialisation de nos 13 langues nationales recommandée par les Assisses nationales de la refondation (ANR) est actée et entérinée par l’article 31 de la Constitution du 22 juillet 2023.
L’Académie malienne des langues (Amalan) est l’une des structures chargées de la promotion de nos langues nationales. Le directeur général de l’Amalan, Pr Adama Diokolo Coulibaly explique que l’officialisation de nos langues nationales ne signifie pas qu’elles vont tout de suite remplacer la langue de travail qui est le français. Mais nos 13 langues nous interpellent à revenir à certaines valeurs ancestrales, à notre identité et à valoriser notre culture.

Leur officialisation est, selon lui, une plus-value. Au-delà de ces valeurs, tient à préciser le directeur général, l’officialisation de nos langues nationales voudrait dire que chacune d’elles peut être utilisée dans les cérémonies officielles au même titre que le français. À cet égard, insiste-t-il, chaque citoyen peut désormais s’exprimer dans une de ces langues dans n’importe quelle cérémonie officielle. Exemple : un député peut s’exprimer en langue soninké lors d’une session de l’Assemblée nationale. Il appartiendra à l’hémicycle de chercher un interprète pour transcrire ses propos. Pour Pr Adama Diokolo Coulibaly, l’officialisation de nos langues nationales peut accélérer le développement de notre pays, car il est plus facile de se comprendre et de travailler dans sa langue maternelle que dans celle d’autrui.

Feu Adama Samassekou qui a été président de l’académie africaine des langues, a œuvré toute sa vie pour la promotion des langues nationales

Cependant, le chef du département de l’Amalan, Dr Kanchi Goïta, met un bémol. Pour lui, l’officialisation des nos langues nationales implique leur introduction et enseignement de la maternelle à l’université, leur usage dans tous les secteurs de la vie publique (administration, justice et collectivités territoriales). Elle implique aussi que tous nos textes officiels soient libellés dans toutes nos langues.

Dr Kanchi Goïta estime qu’il faut, pour ce faire, une formation à grande échelle de tous les agents de l’administration, un financement conséquent pour les structures de promotion de nos langues nationales et la clarification des missions de ces services pour que celles-ci puissent travailler en synergie pour relever le défi. Et de révéler que les locuteurs du français sont 17% dans notre pays. Le français, rappelle-t-il, a servi à la colonisation et à la décolonisation de notre pays. Pour combattre une personne, il est important de comprendre et maîtriser sa langue.

LANGUE SECONDE- À titre d’exemple, le premier Président du Mali, Modibo Keïta s’est servi de la langue du colonisateur pour le comprendre et combattre sa politique. Le français fait partie de notre patrimoine historique et reste notre langue de travail, de relais et de communication en attendant la transcription de nos langues nationales, explique Dr Goïta. Il précise aussi que le jour où nos langues nationales deviendront des langues de travail, la langue française sera une langue seconde. Elle sera donc enseignée dans nos écoles comme une langue vivante tout comme l’anglais, le russe, l’allemand, le chinois, l’arabe et l’espagnol.

À la direction nationale de l’éducation non formelle et des langues nationales (DNENF-LN), le directeur adjoint, Diakaridia Diarra explique qu’officialiser les langues nationales, c’est leur donner un statut de langue de travail, de l’administration et d’actes officiels. Ce statut leur est conféré par la Constitution. Nos langues peuvent et doivent être utilisées dans tous les secteurs du pays et dans les Institutions de la République, lors de débats publics dans les médias, si les conditions sont réunies.

Même si nos langues nationales ne remplacent pas le français, soutient le spécialiste en sciences de l’éducation, elles vont prendre petit à petit leur place. À l’heure actuelle, cela semble impossible puisque nos langues nationales ne sont pas suffisamment instrumentées et instrumentalisées pour le remplacer, précise le directeur adjoint. Ce qui est clair, c’est que nous nous dirigeons vers une utilisation accrue de ces langues nationales qui sont devenues officielles avec le projet de loi organique fixant les conditions et les modalités d’emploi des langues officielles du Mali adopté en Conseil des ministres et qui doit être entériné par le Conseil national de Transition (CNT).

Nos langues officielles sont les langues dans lesquelles tous nos documents officiels sont publiés. Quant aux langues de travail, précise le chercheur en langues nationales Diakaridia Diarra, elles ont un statut légal et sont utilisées pour les communications internes. Dans le cas d’espèce, une fois les conditions réunies, tous les documents officiels seront publiés dans les langues officielles. Et on pourra mener toutes nos activités dans ces langues, y compris l’enseignement. Par contre, le français sera utilisé comme outil de communication pour faciliter l’intercompréhension entre les personnes dans les lieux de travail, explique Diakaridia Diarra.

Le linguiste pense aussi que la science et le progrès ne sont pas l’apanage d’une ou de quelques langues. Ils peuvent se faire dans toutes les langues du monde y compris les langues officielles du Mali. «Une fois les conditions réunies, nous enseignerons et formerons nos enfants dans nos langues. Toutes nos activités de développement et nos usines fonctionneront avec nos langues», rassure-t-il. Et d’ajouter que l’utilisation de nos langues nationales comme langues officielles est une option de non retour. Il nous faut réunir les conditions idoines pour l’utilisation de nos langues. Tout le monde doit s’impliquer pour l’opérationnalisation de l’article 31 de la Constitution.

Sidi WAGUE

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8 COMMENTAIRES

  1. Having nation where thirteen languages are spoken is good thing but there should be one language all are obligated to speak for communication sake. After centuries of being conquered by foreigners plus even now in many instances being subjected to psychological enslavement to extent majority are to embarrassed to acknowledge condition exist thereof making enslavement more effective we should know value of common language. We must have enough self esteem to accept as nation of people there must be one language we all speak plus comprehend. Failure only open door for us again to experience to greater degree exploitation by foreigners due to lack of common language. As existing we still
    have not defeated to extent necessary not having common language necessary if we are to achieve competent security plus comfortable world class modern living conditions. It is extremely stupid plus divisive to think different. Common language have done more to unite people of differing ethnic groups plus races as opposed to almost anything else. Common language provide for proper actions of all sorts plus most important it give varying degree of bond to relationships where there would not be bond.
    In nutshell one of greatest causes Negroid Africans were so easily conquered by Europeans plus Caucasian Arabs is virtually each Negroid tribe or ethnic group spoke different language thereof stupidly generating belief those speaking different language was not like them despite fact they had same security need. They could have had their ethnic languages but they also needed common language which if they had had despite inferior weaponry Negroids would have provided for them to have greater security against warring Europeans plus Caucasian Arabs.
    We must not allow stupid old weak ass motherfuckers who love needlessly
    kissing foreigners asses to lead us back to conditions that cause us to fall behind in mass existence of world class modern living conditions. They will lead young to go to genocide after those stupid old motherfuckers are dead. They are insane old motherfuckers. If their way was so great we would not have so many young people risking life or death journey to illegally enter Europe as immigrants. We need put these stupid old incompetent motherfuckers plus their fucked up ideas in rightful place which is we have evolved away from being losers they make us to reaching for being winners in world of overcrowded people. Soon within decade or two something must give causing single great catastrophe or multiple great catastrophes where billions of people will fall or if like occurrence(s) do not occur all will fall. Human non psychological enslavement mindset is not one to accept everybody falling when everybody do not need fall. Let us be among those who do not fall. We will not be among those who do not fall if we are unable to communicate with all our people in common language. That is so obvious how is it we all do not see it plus act in accordance. Education is beautiful thing. It makes it obvious we need common language to fully communicate. I do not like to waste time on entertaining stupidity. There are many many people plus groups I pass on due to them intentionally displaying stupidity of psychological enslavement.
    People of Books!
    Henry Author Price Jr aka Kankan

  2. On ne peut pas jouer avec les langues parce que c’est notre identité. Sans langue, il n’y a pas de culture, et sans culture, il n’y a tout simplement pas de société et d´Homme. Je suis de ceux qui pensent que l’une des voies de notre développement harmonieux et intégral passera obligatoirement par l’appropriation de nos langues et de nos cultures. Pourquoi pensez-vous que les choses sont en décadence dans certaines parties du monde ? Parce que le wokisme a-t-il supplanté l’identité culturelle?

  3. Si le fait de faire d’une langue nationale une langue officielle permettait le développement, ça fait longtemps que l’Ethiopie serait membre du G7 en chassant l’Italie. Déjà, sans nos langues nationales, le tribalisme, l’ethnocentrisme est fort. Quand vous les mettrez ensemble ça donnera quoi? On a beau accusé nos politiciens, sur ce plan, ils sont intelligents.
    Les conflits qui n’en finissent pas en Ethiopie ont leurs sources sur les langues et les tribus.
    Le développement d’un pays est basé sur son travail et les recherches scientifiques qui en découlent.
    Parler le français et l’Anglais en Afrique aurait pu permettre une meilleure intégration si nous n’étions pas paresseux et corrompu jusqu’à l’os.

    • L’Éthiopie est l’un des pays les plus fiers et développés d’Afrique, grâce à ses langues nationales, minable troll français !

      Ce n’est pas pour rien que le siège de l’OUA/UA est en Éthiopie.

  4. “LANGUE SECONDE- À titre d’exemple, le premier Président du Mali, Modibo Keïta s’est servi de la langue du colonisateur pour le comprendre et combattre sa politique. Le français fait partie de notre patrimoine historique et reste notre langue de travail, de relais et de communication en attendant la transcription de nos langues nationales, explique Dr Goïta.”

    Blablabla…

    Si le premier président du Mali, Modibo Keïta, et tous ses collègues africains ont échoué c’est à cause principalement de leur attachement à la langue française.

    Et si le gouvernement actuel de transition échoue à sortir durablement le Mali du trou, ça sera à cause de son attachement à la langue française.

    Les pays d’Asie colonisés par la France, comme le Vietnam, ont décollé sur le plan culturel et du développement.

    Toute personne dotée d’un minimum de bon sens comprend que l’avenir est aux langues nationales africaines et à la langue anglaise.

    Le français ne vaut plus rien dans le monde, à l’international.

    C’est une grave erreur de l’Etat du Mali de continuer d’obliger et d’enfermer les jeunes dans cette langue française. L’apprentissage au Mali du français doit être un choix, une liberté, et non une obligation.

  5. ” L’Académie malienne des langues (Amalan) est l’une des structures chargées de la promotion de nos langues nationales. Le directeur général de l’Amalan, Pr Adama Diokolo Coulibaly explique que l’officialisation de nos langues nationales ne signifie pas qu’elles vont tout de suite remplacer la langue de travail qui est le français. Mais nos 13 langues nous interpellent à revenir à certaines valeurs ancestrales, à notre identité et à valoriser notre culture.”

    C’est honteux, les propos de monsieur Adama Diokolo Coulibaly qui n’a rien compris à ce qu’une officialisation d’une langue nationale !

    Je ne vois pas comment le Mali pourrait avancer avec des cadres qui ont ce niveau de compréhension.

    Heureusement que dans cet article un autre intervenant, monsieur Kanchi Goïta, nous a donné la bonne compréhension de ce qu’est une officialistion d’une langue nationale et de ce qu’elle implique.

    “Cependant, le chef du département de l’Amalan, Dr Kanchi Goïta, met un bémol. Pour lui, l’officialisation des nos langues nationales implique leur introduction et enseignement de la maternelle à l’université, leur usage dans tous les secteurs de la vie publique (administration, justice et collectivités territoriales). Elle implique aussi que tous nos textes officiels soient libellés dans toutes nos langues.

    Dr Kanchi Goïta estime qu’il faut, pour ce faire, une formation à grande échelle de tous les agents de l’administration, un financement conséquent pour les structures de promotion de nos langues nationales et la clarification des missions de ces services pour que celles-ci puissent travailler en synergie pour relever le défi. “

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