L’AÏD AL-ADHA : Les moutons de toutes les enchères

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Lundi 17 juin 2024, la communauté musulmane du Mali célèbrera la fête de Tabaski. Tout comme l’année dernière, cette fête intervient dans un contexte économique très difficile, l’argent se faisant rare. Toutefois, la ville de Bamako est bien approvisionnée en moutons, chèvres et bœufs.

L’Aïd el-kébir, également appelé Aïd al-Adha ou “fête du sacrifice d’Abraham”, est l’un des cultes les plus importants de l’Islam. Il commémore la volonté d’Abraham de sacrifier son fils Ismaël sur l’ordre de Dieu, avant qu’un mouton ne lui soit envoyé comme substitut. Cette histoire, partagée par les trois religions monothéistes, est un symbole d’obéissance et de foi en Dieu.

Après avoir sillonné les deux rives de la capitale, on constate que la ville de Bamako est inondée de mouton que ce soit dans les principaux garbals de la capitale et même les bords des trottoirs. Malgré cette abondance, l’engouement des clients est timide en raison des difficultés économiques que le pays traverse, mais aussi le coût exhortant d’un seul bélier. D’ailleurs, ceux qui y vont pour demander le prix d’un bélier rebroussent chemin aussitôt.

“Je suis venu juste prendre la température du marché. Mais les prix font fuir la clientèle. On m’a montré à peu près une dizaine de béliers moyens. Mais vraiment les prix que le vendeur a avancés coûtent la peau des f… Je vais aller voir ailleurs”, nous a glissé Issa Sissoko lors de son passage au garbal de Faladié.

Dans une ruelle de Faladié sokoro, un passant fait arrêter un vendeur. La discussion a été de courte durée. ”Des petits béliers comme ça, vous avancez des sommes colossales que nous n’avons pas. Vous ne savez pas que le Mali traverse une crise économique très aiguë ? Ou bien vous ne voulez pas qu’on immole un bélier cette année dans nos familles ?”, se demande le passant.

Les vendeurs de moutons sont formels : cette année, pour avoir un bélier moyen et présentable, il faut débourser au moins 150.000 F CFA et au-delà parce qu’acheminer une seule cargaison de bataille sur Bamako, c’est le parcours du combattant.

”Il y a plusieurs raisons qui expliquent cette hausse des prix du mouton sur le marché. Tous ces moutons que vous voyez dans le garbal viennent du centre du pays précisément de Bandiagara et Bankass. Seul Dieu sait comment je les ai acheminés sur Bamako. Les djihadistes nous fatiguent énormément. A chaque poste de contrôle, ils nous demandent de payer de l’argent si on refuse, ils réquisitionnent tous les bétails. Dans ce contexte, pour s’en sortir, il faut qu’on augmente les prix pour récupérer au moins l’argent que ces djihadistes nous soutirent”, explique Tidiane Guindo, vendeur de bataille au garbal de Faladié.

Selon lui, si l’Etat parvient à sécuriser les personnes et leurs biens le long des routes d’ici la Tabaski prochaine dans le centre du pays, cette hausse ne sera qu’un lointain souvenir.

Pour l’heure, au regard de la cherté du bélier, certains ont déjà commencé à s’orienter sur les chèvres comme plan B.

”Chaque année c’est un bélier que j’immole. Cette fois-ci, en raison de la situation économique extrême, je vais me rabattre sur la chèvre. L’essentiel, c’est de verser du sang pour Dieu pour commémorer la volonté d’Abraham qui a voulu sacrifier son fils Ismaël pour honorer Dieu”, affirme M. Samaké, un chef de famille.

 

Ousmane Mahamane

 

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TABASKI

Le cri de cœur des tailleurs

Les couturiers de la ville des trois caïmans ne décolèrent pas à cause des coupures intempestives et anarchiques de l’électricité. En cette approche de fête, où habituellement les tailleurs font les 60% de leur chiffre d’affaire annuel, ils peinent à travailler.

 

La fête, c’est aussi les habits neufs. Qui dit habits neufs, dit tailleurs. Cette année, le manque d’électricité complique la tâche aux clients et aux tailleurs.

Ibrahim, tailleur à Djikoroni Para. Dans son atelier de couture, son tabouret, devant lui, des habits de clients. Au téléphone, il tente de convaincre des clients de patienter. « Je ne sais plus quoi faire pour affronter la situation. Les délestages ralentissent le travail. Nous n’avons que 3 h d’électricité par jour. Avec un tel temps de travail, impossible de coudre des habits», lâche-t-il d’un ton calme et désemparé.

Le même problème d’électricité est décrié du côté de Fatou Cissé, couturière. N’ayant pas d’autres solutions, elle a investi dans un groupe électrogène. « Je me débrouille avec ce petit groupe. J’y mets 15 000 Francs d’essence par jour. Même si cela n’est pas suffisant pour faire beaucoup de travaux, ça me fait tout de même gagner du temps», affirme-t-elle.

Le problème d’électricité grève la situation économique de beaucoup de tailleurs. Face à la situation, le prix de la couture a augmenté.

 

Siguéta Salimata Dembélé

(stagiaire

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