Les mairies de Keniéba et Sitakaly dans la région de Kayes, puis celles de Moribabougou et de Nouga dans la région de Koulikoro viennent de rejoindre la liste de plus en plus longue des conseils communaux en disgrâce au profit de délégations spéciales. Le couperet avait auparavant assommé les élus du District, des Communes IV et II, puis de la commune du Mandé. Partout, c’est le même prétexte brandi tel un péché d’Israël : le dysfonctionnement. «Les Conseils communaux des Communes rurales de Kénièba, de Sitakily, de Moribabougou et de Nouga se caractérisent depuis un certain temps par des dysfonctionnements et des violations de la loi», peut-on lire dans le communiqué du Conseil des ministres du mercredi dernier où le ministre d’Etat informait ses collègues de sa décision. Par la même occasion, le colonel Abdoulaye Maïga dit agir en vertu des dispositions du Code des collectivités selon lesquelles une mesure de dissolution ou de suspension peut intervenir au bout d’une procédure où le Conseil concerné, à travers le Maire, «est admis préalablement» à s’expliquer auprès du représentant de l’Etat de son ressort. À quels sujets les quatre collectivités des régions de Kayes et de Koulikoro ont reçu leurs demandes d’explications respectives ? Malin qui pourrait le dire. On sait, en revanche, que les précédentes mesures de dissolution n’ont point découlé de motifs de dysfonctionnement d’ordre administratif. Elles étaient intervenues, pour la plupart, au détour de cas d’indélicatesses financières que la tutelle a sanctionnées au mépris de toute présomption d’innocence et de procédures judiciaires appropriées ainsi que par une subtile extension des responsabilités individuelles à l’ensemble des équipes communales ciblées. Au demeurant, la posture transparaît dans l’allusion de la tutelle «aux violations de la loi» par les conseils dissous qu’aucune décision de justice ne justifie. L’arbitraire semble ainsi l’emporter sur toute autre motivation, en définitive, et s’explique vraisemblablement par des intentions préméditées de procéder au remplacement systématique des élus communaux sortants par des équipes désignées par l’administration. Il y a peut-être même lieu d’inscrire la démarche dans le prolongement du démantèlement de l’ordre politique.
La Rédaction