À la demande du parquet, les juges ont ordonné le renvoi de l’affaire devant la chambre civile d’instruction de la Cour suprême pour complément d’informations avec l’audition d’anciens Premiers ministres
Après une suspension lundi dernier, le procès de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires a repris hier, avant d’être renvoyé sine die pour «complément d’informations» quelques heures après.À peine repris, le contentieux de l’État a soulevé des exceptions par rapport à l’audition de certaines personnes, notamment les anciens Premiers ministres Oumar Tatam Ly et Moussa Mara, le ministre délégué au Budget d’alors Madani Touré.
Mais aussi Marc Gavajolli et Moustapha Ben Barka pour la manifestation de la vérité. Il sera appuyé dans sa démarche par le ministère public qui a estimé que même l’ancien président de la République, Ibrahima Boubacar Keïta (IBK) devrait être entendu dans cette affaire s’il n’était pas décédé, avant de demander le renvoi du dossier pour une autre session pour complément d’informations. «Il y a des zones d’ombre dans la procédure, nous estimons qu’il y a encore des personnes à entendre. Il faut que celles-ci soient là pour asseoir certaines vérités. Ordonnez un complément d’informations, conformément à l’article 285 du Code pénal», a-t-il requis.
Les avocats de la défense n’étaient pas du tout de cet avis du parquetier Kokè Coulibaly. S’alignant derrière une même ligne de défense, les conseils ont invité la Cour à ne pas suivre l’avocat général dans sa démarche. «C’est un manque de courage de sa part, il n’a pu rien démontrer», affirmera l’un des conseils. Et un autre de répliquer que l’intervention du parquet et celle du Contentieux démontrent qu’ils n’ont rien contre leurs clients.
Ajoutant que le ministère public est en difficulté et devrait être courageux en renonçant à la poursuite. Pour les conseils, le dossier est vide et cela a été compris par tous après deux semaines de débats et que son renvoi est impossible à moins qu’un acquittement soit prononcé.
Comme on pouvait s’y attendre, le parquet est revenu à la charge en expliquant clairement la nécessité de l’audition de certaines personnes. «C’est déterminant pour la manifestation de la vérité», a-t-il soutenu.
Après cette joute verbale entre les parties, la Cour s’est retirée pour statuer sur la question. Elle est revenue pour suivre le ministère public dans sa logique en ordonnant le renvoi de l’affaire devant la chambre civile d’instruction de la Cour suprême pour «complément d’informations» avec l’audition des anciens Premiers ministres précedemment cités et du ministre délégué au Budget à l’époque Madani Touré, ainsi que la production des factures de contrats du protocole Guo-Star au niveau du budget.
Lorsque le président Bamassa Sissoko a annoncé le renvoi du procès, la salle s’est instantanément vidée. Et les inculpés présents n’ont pas caché leur mécontentement face à cette décision. Les mis en cause devront attendre encore pour connaître leur sort. Pour l’heure, seul Mahamadou Camara objet de prise de corps rentre chez lui, quant à ses coaccusés, ils retournent tous en détention. Leurs conseils entendent user des voies de droit pour demander la liberté provisoire avant la reprise.
Selon l’avocat de Mme Bouaré Fily Sissoko, Me Dianguina Tounkara, sa cliente avait demandé en vain auprès de la même chambre l’audition de ces personnalités. On a ignoré cette demande de l’ancienne ministre chargée des Finances, mais la même requête a été réitérée au cours des débats a déclaré l’avocat tout en précisant que la Cour n’a pas statué sur le sort de leurs clients détenus, mais sur le renvoi.
Tamba CAMARA