Mahamadou Camara devant la Cour d’Assises / “Je ne suis pas coupable”

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Accusé de “faux et usage de faux en écriture” en délivrant un mandat exclusif à Sidi Mohamed Kagnassy, l’ancien directeur de cabinet de la présidence de la République, Mahamadou Camara était à la barre de la Cour d’assises spéciale lundi et mardi dans l’affaire dite des contrats de surfacturation des équipements militaires. Il a indiqué avoir agi sous les ordres du président de la République et non de son propre chef ajoutant qu’il ne se reproche rien.

A la lumière des débats de la semaine dernière, le parquet général a introduit le lundi 30 septembre 2024 une requête auprès de la Cour. Le parquet a demandé à la Cour d’insérer de nouvelles infractions à savoir “association de malfaiteurs” aux différentes charges qui pèsent à l’encontre des accusés.

Le ministère public a soutenu sa requête du fait que Bouaré Fily Sissoko et autres se sont constitués en coalition de fonctionnaires contre les lois et la Constitution du Mali pour faire saigner l’Etat.

Cette demande du ministère public a créé de vives tensions entre les magistrats du parquet et les avocats de la défense qui ont qualifié le parquetier, Koké Coulibaly “d’être en plein naufrage et en oxymore”. Une tentative manifeste de sa part de prolonger les débats sans fondement valable.

La Cour a rejeté la demande introduite par le parquet général arguant que ce dossier avait déjà fait l’objet de trois ans de procédures devant la Cour suprême.

Nonobstant le rejet de cette requête du parquet général, la Cour a poursuivi les débats de fond avec le témoignage de l’ancien directeur général du Trésor public, Boubacar Ben Bouyé Haïdara.

Ce dernier devrait fournir ce lundi à la Cour des pièces justificatives notamment, la lettre l’autorisant à procéder au décaissement de 15 milliards de F CFA, le bordereau de réception de l’avion, ainsi que les factures de l’assureur et de l’avocat.

Malheureusement, il n’a pas pu fournir les documents susmentionnés. Il a juste présenté des lettres datant de 2014 et 2015 issues du ministère de l’Economie et des Finances et de la présidence. La Cour a exprimé sa vive indignation et consternation face à l’absence de ces documents cruciaux pour la manifestation de la vérité.

Mis en confrontation à nouveau avec Fily Sissoko, cette dernière a réitéré que Ben Bouyé a fait le décaissement des 15 milliards CFA sans son ordre expresse. Ben Bouyé a défend mordicus que c’est Fily Sissoko qui lui a donné l’ordre de faire ce décaissement sur la base des factures qu’elle lui a remises en main propre après une réunion de cabinet au ministère des Finances.

Juste après cette confrontation, Mahamadou Camara, ex-directeur de cabinet de la présidence de la République, a été appelé à la barre pour livrer sa part de vérité sur le volet des équipements militaires. Car, c’est lui qui avait préparé et signé un mandat exclusif au nom de la présidence pour Sidi Mohamed Kagnassy, conseiller spécial du président, pour le préfinancement de ce protocole.

“M. le président, j’ai été mandaté verbalement par l’ancien président, feu IBK, d’élaborer un document administratif en l’occurrence un mandat à Sidi Mohamed Kagnassy ainsi qu’à toutes les sociétés qu’il représente, pour traiter avec tout fournisseur ou intermédiaire que ce soit des affaires d’équipements des Forces de défense et de sécurité du Mali. Le président m’a expliqué que M. Kagnassy avait des problèmes pour accomplir les missions qui lui ont été assignées.  Donc en tant que directeur de cabinet, je me suis mis à la tâche en élaborant puis en signant ce mandat”, a dit M. Camara, répondant à une question de la Cour sur les circonstances de l’élaboration de ce mandat exclusif.

La Cour a remis en cause l’authenticité de ce mandat du fait que son signataire Mahamadou Camara s’est arrogé des prérogatives qui ne résultent de façon formelle, ni d’une délégation de pouvoirs, moins encore d’une délégation de signature de la part du président de la République alors qu’il prétend avoir agi au nom de ce dernier.

Mahamadou Camara répliqua en affirmant que : “J’ai agi exclusivement sous les ordres du président de la République et de l’intérêt général. En aucun cas, je n’ai agi à mon nom et je ne me sens coupable de rien”, a-t-il rétorqué.

Les auditions continueront toute cette semaine en l’occurrence ceux de l’ancien directeur du Commissariat des armées, le colonel-major Nouhoum Dabitao, et le général Moustapha Drabo.

Il y aura les témoignages du général Sidiki Samaké, secrétaire général du ministère de la Défense et des Anciens combattants et celui de Coumba Diarra, de la commission de réception des matériels dudit ministère pour éclairer la Cour dans le volet des équipements militaires.

 

Ousmane Mahamane

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