Lutte contre la délinquance financière : L’Etat privilégie-t-il le recouvrement des fonds ?

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Avec le nombre croissant de présumés coupables de délinquance financière, l’Etat devrait résorber sa tension de trésorerie en récupérant ses fonds.

Pour nombre d’observateurs, le pouvoir de Transition intensifie la lutte contre l’impunité et la délinquance financière, en envoyant de nombreux cadres en prison, sans nécessairement chercher à remettre l’Etat dans ses droits.

En effet, l’Etat malien connaît aujourd’hui un grand nombre d’affaires relatives à des détournements de deniers publics. Et ces scandales ont conduit la machine judiciaire à mettre en branle sa force répressive. C’est dans ce sens que de nombreux cadres sont placés sous mandat de dépôt. Et les procédures judiciaires se poursuivent avec des enquêtes qui prennent du temps, en vertu du principe de présomption d’innocence.  C’est à ce niveau que se pose la question de savoir pourquoi l’Etat ne met pas en place un dispositif, qui privilégie le recouvrement des fonds concernés. Celui-ci pourrait être plus efficace et permettrait au Trésor public d’être renfloué en toute discrétion, sans grand préjudice. Car, à titre d’exemple, si dans l’affaire Sécuricom, celle des équipements militaires, les anciens ministres impliqués étaient confondus par un collège d’enquêteurs, ils seraient obligés de reverser à l’Etat plusieurs millions de nos francs. Ce qui permettra au pays de faire face à la tension de trésorerie à laquelle il fait face.

Ce processus évitera de remplir les prisons de présumés coupables, qui finissent par bénéficier de libertés provisoires ou de cas de non-lieu, alors qu’ils avaient été brandis comme des trophées de la lutte contre l’impunité et la délinquance financière. Sans oublier que certains de ces présumés indélicats finissent par se considérés comme victime d’acharnement judiciaire, eu égard à la difficulté de prouver leur culpabilité. Il s’ensuit que l’Etat perd ses fonds détournés par des systèmes sophistiqués de prédation

En outre, certains dossiers de détournements de deniers publics ont des ramifications assez étendues au point qu’il est plus pragmatique d’engager des mécanismes de transactions judiciaires pour que l’Etat rentre en possession de ses ressources financières. C’est ce que le président ATT préconisait entre 2004 et 2007 en soulignant que la lutte contre la corruption et la délinquance financière ne doit pas donner lieu à un spectacle en vue d’humilier des citoyens. Car, certains anciens ministres et opérateurs économiques emprisonnés dans certains dossiers ont des possibilités avérées d’aider l’Etat dans des opérations de financement internes.

En les jetant en pâture à la justice, alors que leur culpabilité n’est même pas établie, l’Etat puissance publique manque de réalisme pour faire face à ses difficultés du moment.

Boubou SIDIBE/maliweb.net    

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