En détention préventive depuis mars 2023, le leader du Collectif pour le Développement de la République (CDR), Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath, restera écroué au moins jusqu’au mois de mars 2026. Ainsi en a décidé le magistrat du Pôle national de lutte contre la cybercriminalité, Moussa Diarra, au moyen d’une ordonnance en date du 18 mars 2025. Le juge du 1er Cabinet d’instruction a ordonné, en clair, le renouvellement de sa détention provisoire, au motif qu’une telle mesure s’impose en tant que moyen exclusif de le maintenir à la disposition de la justice jusqu’à sa comparution devant une chambre de jugement. La décision intervient alors que son mandat de dépôt, initialement fixé au 28 mars 2023, arrivait à expiration. Et au nombre des arguments évoqués en soutien au renouvellement de son mandat de dépôt figure par ailleurs un besoin de préserver l’ordre public et la gravité des charges retenues contre lui.
Arrêté le 13 mars 2023 après avoir déclaré publiquement que l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga, décédé en détention, le 21 mars 2022, avait été « assassiné », Ras Bath a été inculpé pour « simulation d’infraction » et incarcéré le 28 mars 2023.
Dans la foulée, d’autres accusations ont grevé les chefs d’inculpation initial formulée à son encontre, notamment l’association de malfaiteurs, l’atteinte au crédit de l’État et de ses institutions via les technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi que des crimes à caractère racial, régionaliste ou religieux.
Acquitté en première instance des charges de simulation d’infraction, le procureur en fera appel et, en mars 2024, la Cour d’appel va le condamner à 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis. Quant aux autres accusations, l’instruction est toujours en cours et s’engouffre dans l’incertitude d’autant que le martyre de Ras Bath se prolonge alors qu’il était dans l’attente de la date d’un éventuel procès après expiration des trois années de validité de son mandat de dépôt.
Amidou Keita