Film documentaire : À la re-découverte du Sinankouya chez ATT

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Bientôt un documentaire film-spectacle de Kotèba sera disponible. Il s’intitule « ATT, i ni sinankouya !». C’est une création filmographique et artistique qui nous vient de la structure BlonBa, que dirige notre confrère Alioune Ifra Ndiaye. Un technicien de la caméra et professionnel des médias qui s’emploie à développer depuis quelques années des contenus portant sur ATT. Cette fois-ci, il s’agit typiquement d’un kotèba documentaire qui utilise un procédé d’aller-retour en images et anecdotes dont foisonne la vie d’Amadou Toumani Touré. L’ancien chef de l’État avait fait de la pratique du “sinankouya” un élément essentiel de sa gestion consensuelle du pouvoir au Mali. Pour valider les acquis de son expériences, un kotèba-spectacle et film documentaire est en cours d’achèvement sous le titre de : «ATT, i ni sinankouya». 

Blonba lance donc un appel à tous ceux et toutes celles qui peuvent contribuer bénévolement en apportant des pièces d’archives en anecdotes, en souvenirs, en aide matérielle et/ou financière. Dans le cadre de l’année de la culture au Mali, en cette année 2025, les Maliens ont réellement besoin de se replonger dans leur ancien monde où la voix chantonnante d’ATT résonnait fort en eux. Parce qu’il savait les ramener à leur essence fondamentale à travers la culture du sinankouya. Un art moderne destiné à nous aider à nous réinventer et qui pourrait positivement impacter sur la vie politique. Cet héritage ancestral qu’est le sinankouya peut être aussi valablement considéré comme un élément vital de la notion de démocratie ou “béjè fanga”. En lieu et place d’accord ou de traité signé, le Sinankouya est aussi un moyen efficace de mettre fin à des conflits persistants ou de longue durée. Un réalisme politique qui a une incidence parfois sur le bon fonctionnement de nos institutions souvent mises à mal, éprouvées injustement et visées sans raison. Dans ce sens, c’est aux démocrates de réinventer un modèle politique adapté à notre environnement culturel et socio-économique. Sociologiquement parlant, au Mali, ce qui manque le plus c’est un débat politique policé entre gens bien informés, personnes ressources de la société civile, de la société politique, de la société des chercheurs et des ordres professionnels de spécialistes et d’experts de divers horizons.

Avec le Sinankouya, l’on pourrait initier des règles qui soient plus respectueuses de la personne humaine et qui reflètent à la fois l’esprit de cohésion et le principe de tolérance publique notoire et célèbre défendu en tant que créances civiles pour chaque type de contribuable qui paie impôt. Au sein même de l’administration malienne, tous les rapports professionnels cautionnent d’avance le Sinankouya comme mode opératoire de mise en relation, en attente, à l’aise pour détendre l’atmosphère intérieur autour d’enjeux et intérêts d’ordre général. C’est dans ce même ordre d’idée qu’au marché comme dans les places plubliques, l’on s’affiche en marchandage et en palabre dans la bonne humeur. Ce qui permet aux gens de moins ressentir les difficultés de la vie et de vivre pacifiquement leur stressante situation avec résilience et philosophe de l’humour noir.

C’est ça la signification réelle du mot : Sinankouya ou la résilience face à l’adversité (Ka sina koun), “sina” signifiant “adversaire” et “kouni” voulant dire “résilience”. À l’origine, enseigne-t-on, le Sinankouya est “un pacte de sang, entre Soundiata Keïta et certains de ses ex-adversaires, codifié pendant la rencontre de Kurukanfuga en 1235. Puis au fur des années, elle a été élargie au-delà du Mandé et à des sphères sociales pour devenir une véritable institution politique destinée à maintenir l’équilibre et à entretenir la cohésion entre des clans, des communautés, des familles, des individus”. De cette longue nuit des ténèbres surgit la grande lumière du concept anthropologique pur dit “Sinankouya” et qui repose fondamentalement sur “l’entraide et la solidarité totale entre les deux parties. Les partenaires sont liés par une série d’obligations réciproques. Ils ne doivent pas se nuire et ils sont aussi tenus de se secourir dans certaines circonstances même s’ils sont opposés”.

Autrefois, cette pratique se déroulait entre gens de corporation (pasteur et forgeron), entre communautés (communicateur et dignitaire), entre familles (Traoré et Diarra), entre individus (grand-mère et petit-fils, grand-père et petites filles). Mais aujourd’hui, avec la banalisation de l’insulte et de l’injure publique, la notion a connu un glissement sémantique et sociologiquement négatif qui dérange majoritairement. Par ce spectacle Kotèba monté en film documentaire sur le Sinankouya via ATT, l’agence BlonBa s’attaque au mal malien qui est d’avoir omis en cours de route un bagage essentiel à notre production d’acteur et d’opérateur économique, contribuable dans la société. Une praxis collective telle que le Sinankouya est plus qu’un référentiel sociétal pour désamorcer bien des conflits internes et minimiser d’autres attitudes de mépris ou de condescendance qui peuplent les relations humaines en soi. Car les rapports sociaux sont éminemment conflictuels. Et le Sinankouya est cette trouvaille à la re-découverte de laquelle nous invite Blon Ba en contribuant à notre façon au film documentaire en préparation. Pour non seulement faire jouer un rôle de régulateur social dans la société aux médias sociaux en particulier, mais aussi et surtout rendre un hommage appuyé au 4ème président de la République du Mali et de la Transition de 14 mois de l’An 1991, feu le Général d’Armée Amadou Toumani Touré, le roi de la plaisanterie pure à l’état brut. Naturel et entier, suffisamment à équidistance entre tous les citoyens qui ont eu à l’approcher, à le fréquenter, à être sous ses ordres.

Au final, quoi qu’on puisse regretter chez ATT, sa pratique célèbre de « l’alliance ou cousinage ou parenté à plaisanterie » traduisait bien sa claire connaissance du Malien ordinaire, simple, humble et disert. Dans cette voie, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, en cours de rédaction, a bien des sujets délicats à rendre facilement tolérables mais difficilement exprimables sans Sinankouya. Malgré tout, on aurait pu transformer la pratique du Sinankouya en pratique populaire pour policer davantage les rapports sociaux et faire en sorte que chacun accepte l’autre dans ses approches sociologiques et ses contradictions politiques, philosophiques, culturelles etc. Sans que cela ne porte tort ou atteinte à autrui en le blessant dans son honneur (sauf) ou son orgueil masculin (à préserver). En cela, le Mali Kura peut d’ores et déjà rêver pouvoir bâtir une cité idéale où seront bannies la haine, la jalousie, la cupidité, la concupuscence, l’envie etc. Une perspective et un possible à mettre en relief dans ce film documentaire pour rendre affine la perception réelle de la coutume locale et nationale du Sinankouya. Parce que le Mali est actuellement le moteur culturel et géopolitique de la Confédération des États du Sahel en assurant la présidence en exercice et en décrétant 2025 ANNÉE DE LA CULTURE AU MALI.  C’était le 31 décembre 2024 dans son discours à la Nation que le Président de la Transition, le Général d’Armée Assimi Goïta, annonçait cela pour inviter tous les Maliens à s’impliquer (seko) et (ani) jouer leur partition (donko). Côté BlonBa, on nous confie que c’est “c’est cette intelligence politique de ATT que nous allons humoristiquement traiter, sans épargner le tonton ou le pépé national qu’il est pour nous tous.

La Rédaction

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