Egalite économique femmes/hommes : Le fossé demeure grand

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La Journée internationale des femmes 2024 se célèbre à travers le monde, dont l’Afrique subsaharienne, sur fond d’une grande disparité entre les femmes et les hommes dans le monde du travail et dans d’autres domaines.

Ces inégalités sont “massives et bien plus importantes qu’on ne le pensait”. C’est que révèle le nouveau rapport du groupe de la Banque mondiale sur “Les Femmes, l’entreprise et le Droit”. Il a été publié ce début de semaine.

Pour cette 10e édition de son rapport “Les Femmes, l’entreprise et le Droit”, la Banque mondiale a travaillé sur plusieurs indicateurs afin d’évaluer les progrès vers l’égalité juridique entre les sexes dans 190 économies : mobilité, travail, rémunération, mariage, la parentalité, entrepreneuriat, actifs et retraite. Pour enrichir les résultats, l’institution a intégré aussi deux nouveaux indicateurs cette année : sécurité et garde d’enfants.

Le rapport présente donc 10 indicateurs au total et deux ensembles de données : Les femmes, l’entreprise et le droit 1.0 et une version enrichie, les femmes, l’entreprise et le droit 2.0.

Selon le rapport annuel, six économies d’Afrique subsaharienne (Guinée équatoriale, Togo, Lesotho, Rwanda, Sierra Leone, Ouganda) ont mis en œuvre 20 réformes visant à offrir aux femmes une plus grande égalité des chances dans les domaines des actifs, l’entrepreneuriat, mariage, parentalité, rémunération, retraite et travail.

L’indice des cadres juridiques de la version “Les femmes, l’entreprise et le droit 2.0” dresse un état des lieux des lois dans 48 économies de la sous-région.  L’Afrique subsaharienne obtient un score régional moyen de 57,4 sur 100 contre 64,2 pour la moyenne mondiale.

De manière générale, le rapport fait ressortir des inégalités “massives et importantes” entre hommes et femmes dans le monde du travail aussi bien en Afrique subsaharienne et dans les autres continents concernés par l’étude.

Malgré des progrès notables au fil des décennies dans l’adoption de lois garantissant l’égalité des chances pour les femmes, celles-ci bénéficient seulement, relève le rapport, “de moins des deux tiers des droits juridiques reconnus aux hommes et non pas les trois quarts comme estimé auparavant”.

L’institution mondiale explique cette estimation à la baisse par les lacunes majeures mises en évidence grâce à l’intégration dans cette nouvelle édition des nouveaux indicateurs sécurité et la garde des enfants. “Les manquements dans ces deux domaines découragent les femmes d’entrer sur le marché du travail”, souligne-t-elle.

Si l’on tient compte de ces indicateurs supplémentaires, poursuit le rapport, aucun pays au monde ne garantit l’égalité des chances pour les femmes, pas même une seule économie à revenu élevé. “37 économies accordent aux femmes moins de la moitié des droits juridiques dont jouissent les hommes, au détriment d’un demi-milliard de femmes”.

Des inégalités encore plus grandes dans la pratique, alerte la Banque mondiale dans son rapport. Qui, a évalué, pour la première fois, l’ampleur du fossé entre réformes juridiques et résultats réels pour les femmes.

Des chiffres : à l’aune des lois en vigueur, “les femmes disposent d’environ 64 % des droits reconnus aux hommes, les pays ont en moyenne mis en place moins de 40 % des systèmes nécessaires à une mise en œuvre complète de ces législations”.

Si selon le rapport, 98 économies ont des dispositions juridiques imposant une rémunération égale pour un travail de valeur égale, 35 seulement parmi elles, soit moins d’une économie sur cinq, ont adopté des mesures de transparence salariale ou des mécanismes d’application qui permettent effectivement de résorber les écarts de situation entre les sexes.

Obstacle majeure

La sécurité des femmes est l’indicateur qui a obtenu le plus faible score mondial dans le rapport. 36 sur 100. Ce qui “signifie que les femmes bénéficient d’à peine un tiers des protections juridiques nécessaires contre la violence domestique, le harcèlement sexuel, le mariage des enfants et le féminicide”, ressort les données. Elles révèlent aussi que sur les “151 économies dans le monde qui interdisent le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, 39 seulement disposent de lois s’appliquant aux espaces publics”.

L’économiste en chef du groupe de la Banque mondiale et 1er vice-président pour l’économie du développement, Indermit Gill, est convaincu que “la résorption de ces inégalités pourrait augmenter le PIB mondial de plus de 20 % et doubler le taux de croissance mondial au cours de la prochaine décennie”.

Accélérer la marche

L’édition 2024 du rapport “Les femmes l’entreprise et le droit” formule aux gouvernements plusieurs recommandations qui pourraient accélérer la marche vers l’égalité hommes-femmes dans le monde du travail et dans le droit

Il s’agit, entre autres, d’accélérer les efforts visant à réformer les lois et à adopter des politiques publiques qui permettent aux femmes de travailler ou de créer une entreprise ; améliorer les lois relatives à la sécurité des femmes, à l’accès aux services de garde d’enfants et aux opportunités économiques et commerciales et l’établissement des cadres qui soutiennent la mise en œuvre effective des lois en faveur de l’égalité des sexes.

Il s’agira aussi d’adopter des réformes juridiques prescrivant une rémunération égale pour un travail de valeur égale et levant les restrictions sur l’aptitude légale des femmes à occuper des emplois industriels et proscrire le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, dans l’espace public, à l’université et en ligne sont d’autres demandes formulées par la Banque mondiale dans le document.

Kadiatou Mouyi Doumbia

 

8 MARS VU DANS UN GRIN

Entre récriminations et propositions

 La fête du 8 mars, Journée internationale des droits de la femme est perçue de différentes façons. Nous avons lancé un débat instructif.

Dans un restaurant huppé. Des filles et des garçons sont attablés. Nous sommes le 5 mars. Nous lançons la discussion sur le 8 mars, Journée internationale des droits de la femme. De but en blanc : “Alors, que représente le 8 mars pour vous ?”, interrogeons-nous.

“Je ne retiens que l’aspect festif, répond une première interlocutrice, un verre de jus d’orange en main. Moi, parce que je recevais les pagnes du 8 mars gratuitement, j’en distribuais à la cantonade. L’année dernière, parce que je n’ai pas pu le faire, des proches m’ont fait la gueule. Des hommes que je servais m’en ont voulu car, grâce à moi, ils servaient leurs épouses. Du fait qu’ils doivent désormais payer, ils se sont fâchés contre moi”.

Cet exemple sert de source pour le moulin des hommes du groupe. “Malheureusement, les femmes ont réduit le 8 mars à l’aspect festif. Elles portent l’uniforme, dont c’est un défi pour chaque femme de le coudre ; se retrouvent au CICB, dans les quartiers, les balanishow et même dans les institutions plus pour se montrer, se jauger que pour construire”.

Pour un autre, toutes les femmes méritent d’être célébrées. Mais, ils ajoutent que les plus méritantes sont celles qui sont cheffes de famille ou soutiens de famille, les paysannes et les nombreuses anonymes qui, au quotidien, se battent pour nourrir des orphelins, tenir le foyer, leurs commerces ou leurs plantations et autres jardins.

De base, ajoute un autre, le 8 mars devrait servir de cadre aux femmes pour faire le point sur les revendications : est-ce que d’une année à l’autre les conditions des femmes ont évolué, est-ce que toutes connaissent leurs droits ; que prévoient-elles, sur une année, pour faire avancer les causes des femmes. “Malheureusement, termine notre interlocuteur, elles oublient tout cela pour ne faire que la fête”.

A ce niveau, une autre nous ramène dans les anecdotes, en racontant, le doigt au ciel, qu’elle connaît des femmes qui ont divorcé parce qu’elles ont juré de ne pas faire la cuisine le 8 mars, une autre, parce que son mai n’a pas pu lui acheter le pagne du 8 mars.

Finalement, tout le groupe était d’accord. Oui, les femmes ont le droit de faire la fête le 8 mars, mais elles doivent refuser de réduire la journée à cela, pour mettre plus le focus sur les questions qui font avancer les femmes.

Un autre déplore l’attitude des médias d’Etat qui encouragent cet aspect festif : “Tout le mois de mars, vous ne verrez à la télé que 8 mars des femmes de telle localité ou telle institution”.

Aminata Agaly Yattara

8 MARS : 

Une journée, des fêtes

Au Mali, la célébration de la journée internationale de la femme est devenue une coutume et une tradition auprès de nos femmes. Ces femmes de différents quartiers et villes se font honneur pour cette journée dont le thème national porte sur “le défis de la représentativité des femmes à la vie publique et politique enjeux, perspectives”.

Pour cette journée, les femmes de Moribabougou, Gabacoro Droit, Marakaforo ne sont pas restées en marge de la célébration. Vêtues de leur pagne confectionné pour la circonstance, sur lequel est gravé “soutien aux FAMAS”, elles ont organisé une journée de salubrité couplée à une soirée de Balani show.

Pour ce faire, dès 8h du matin, elles se sont réparties en groupe munies chacune de balaie, pèle pour rendre propres les centres de santé, les alentours du goudron, ainsi que les ruelles.

Ces femmes en ont profité pour sensibiliser davantage leurs sœurs sur leurs droits et égalité pour tous, mais aussi sur l’importance d’un environnement sain pour un développement durable de l’un des trois quartiers de la Commune I du district de Bamako. Elles sont donc motivées et décidées à faire face à tous les obstacles afin de relever le défi de la propreté et aussi les défis sur d’autres domaines sociaux.

Au bout de deux heures de dures travaux, elles se sont bien reposées, déguster de plats délicieux et se changer pour la deuxième partie de Balani show de cette célébration du 8 mars. Pendant 4heures d’horloge, elles se sont bien défoulées sous le rythme de différentes cadences musicales.  Entre cris et applaudissements, ces femmes ont eu  une satisfaction totale.

Cette journée symbolique au cours de laquelle le combat de la femme est reconnu dans le développement féminin est donc l’occasion de faire un bilan du chemin parcouru. Aussi faire un point sur les activités à réaliser afin de participer au développement de leur propre environnement en apportant une pierre à l’édifice.

“La célébration de cette journée est un plus pour la vie sociale et la cohésion communautaire. Ça nous permet d’élargir notre vision sur cette journée et ça nous permet de poser des actes assez concrets qui contribuent au développement de notre secteur. L’un des points forts c’est que nous allons créer une association afin de venir en aide à nos autres sœurs qui sont dans le besoin. Mais aussi faire des commerces afin d’être autonomes financièrement. La journée ne doit pas se résumer aux discours. Il faut poser des actes concrets qui seront bénéfiques pour tous.” Mariam Diarra leader des femmes.

Il va sans dire que la commémoration de cette journée constitue pour les femmes une opportunité d’échanges sur les questions de la société.

Aïchatou Konaré

 

 

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