La drogue du zombie est une substance qui cause des nécroses importantes et des overdoses mortelles. Sa consommation, en milieu juvénile, devient de plus en plus inquiétante au Mali. Utilisée en médecine vétérinaire, son utilisation détournée constitue un véritable carnage pour les humains.
Xylazine, appelée aussi drogue du zombie fait des ravages aux Etats-Unis d’Amérique. Au-delà, elle se propage dans d’autres pays notamment africains. Au Mali, selon les spécialistes, le cannabis est la drogue la plus consommée dans le pays, mais la drogue du zombie a aussi quelques affidés comme le témoignent plusieurs jeunes drogués qui nous ont livré leur avis dans l’anonymat.
Malgré sa consommation qui va crescendo dans le pays, les autorités ne semblent pas en être trop alertées. Lors de nos investigations, plusieurs jeunes drogués attestent de la présence de la drogue du zombie chez nous. Un jeune homme rencontré à Bagadadji en Commune II du district de Bamako affirme en avoir consommé.
“Avant je prenais de la marijuana. Nous étions nombreux à en consommer. Et un jour, un camarade nous a fait la proposition de cotiser chacun pour qu’on puisse acheter un nouveau stupéfiant dont lui-même ignorait le nom. Et que celui-ci était vraiment puissant. Les autres n’ont pas voulu cotiser. En revanche, j’ai donné ma part d’argent. Quand il me l’a apporté et me l’a fait injecter, quelques minutes plus tard c’était comme si j’avais eu une paralysie corporelle. Je tremblais jusqu’à ce que j’ai eu du mal à rentrer chez moi”, témoigne notre interlocuteur dans l’anonymat avant d’ajouter : “La dose était tellement forte qu’il s’est évanoui”.
Un autre jeune consommateur demeurant lui aussi dans la Commune II du district de Bamako, devenu accro, dégage des sentiments de regret. Mais le vin semble déjà tiré. “Tu ne peux pas t’imaginer ce que le manque peut faire. Je regrette énormément, mais que faire aujourd’hui ? L’envie de consommer peut t’amener à escroquer ou voler pour avoir de l’argent. On est prêt à commettre toutes sortes de forfaits pour pouvoir nous procurer notre dose”, explique-t-il, la voix pleine d’amertume. Mais, selon ses explications, au début c’était pour s’évader et oublier les soucis de la vie : “J’ai pris goût à la consommation de la drogue du zombie à travers un ami”.
Utilisée en médecine vétérinaire comme analgésique pour les chevaux qui permet d’augmenter les effets de l’héroïne, cette drogue désignée sous le nom “Tranq” ou son nom scientifique Xylazine qui commence à faire des ravages en milieu juvénile est une menace pour les humains.
Le zombie trouve ses origines dans la culture haïtienne et sert également à qualifier les victimes de sortilèges vaudou permettant de ramener les morts à la vie ou de détruire la conscience d’un individu afin de le rendre corvéable à merci. Le mot “zombie” signifie en créole “esprit” ou “revenant”.
Utilisée depuis les années 1970 comme un sédatif pour cheval, la Xylazine est réputée 100 fois plus puissante que la morphine. Elle connait aujourd’hui une nouvelle “carrière”, depuis que les dealers sans scrupule la distribuent auprès des populations les plus défavorisées. Ses effets à court terme sont comparables à ceux d’autres sédatifs tels que le ralentissement du rythme cardiaque, la perte du contrôle, des dommages cérébraux et même la mort.
Elle est souvent mélangée à du Fentanyl, un opiacé destructeur qui a, entre autres, tué le Chanteur Michael Jackson. Ce cocktail ravageur détruit le système nerveux, au point que les accros se retrouvent incapables de porter leur propre tête. Sa consommation répétée fait augmenter la pression sanguine et réduit l’oxygénation de la peau.
Xylazine, la drogue du zombie, on l’appelle ainsi à cause des blessures, la peau arrachée comme des zombies. Ceux qui en prennent marchent comme les zombies. Le dos courbé, les bras ballants et la tête baissée vers le sol.
Nahawa Togola
(Stagiaire)