Disparitions récurrentes d’enfants à Bamako et environs : Le phénomène devient inquiétant !

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Ces derniers temps, les annonces sur les disparitions d’enfants sont courantes. Elles défilent, presque chaque jour, sur les réseaux sociaux et d’autres canaux de communication et d’information. Qu’est-ce qui peut expliquer ce phénomène ? Comment la question est prise en compte auprès des décideurs et organisations de protection des droits des enfants ? En vue de répondre à ces questions, nous avons réalisé une enquête. 

Des visages harmonieux, gais et innocents des petits adolescents qui trahissent le contenu des messages illustrant les images de ces enfants. Il s’agit pour la plupart des annonces des enfants : perdus, égarés, non retournés à la maison depuis des jours au sujet desquels les parents n’ont aucune nouvelle. Il ne se passe un jour, sans qu’on ne tombe sur ces genres de communiqué soit dans les colonnes d’un journal, sur des pages Facebook ou d’autres plateformes des réseaux-sociaux, tel le WhatsApp. Pourquoi assiste-t-on à la multiplication des cas de disparition des enfants ces derniers ?

Difficile de répondre à cette question avec exactitude. Cela pour la simple raison que les causes sont multiples et les structures publiques en charge de la protection des enfants ne disposent point d’étude fiable là-dessus.

En attendant, ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute, relève du fait que le phénomène devient inquiétant.

En effet, même si certains de ces enfants égarés sont souvent retrouvés grâce à la solidarité généralisée de partage d’informations, par contre d’autres restent introuvables ou sont cueillis en corps sans vie. Tel le cas du petit-bonhomme nommé Ibrahim Touré. L’annonce de sa disparition a bien circulé sur les réseaux sociaux. Ironie du sort, quelques jours après cette annonce, son corps sans vie enseveli dans une fosse septique fut retrouvé. Par contre d’autres enfants disparus comme lui demeurent dans les décombres du néant au grand dam de leurs parents.

Et curieusement, ce qu’on ne pouvait jamais imaginer sous nos cieux, à savoir le kidnapping d’enfant s’est invité dans la danse. En illustre le cas largement partagé sur les réseaux sociaux, dont les faits se sont déroulés dans un quartier de la Commune I du district de Bamako, mettant en scène un kidnappeur. Qui a enlevé tard dans la nuit un nourrisson à côté de sa grande mère en plein sommeil. S’y ajoutent d’autres cas de kidnapping dont les témoins ont conseillé les enfants à ne pas prendre de bonbons ou accepter de monter à bord avec des individus circulant en voiture.

Le témoignage des parents ayant déjà été affectés par le phénomène 

Soundiè Koné, mère de 3 enfants (deux garçons et une fille) affirme qu’un de ses fils, âgé de 7 ans a été porté disparu il y a de cela quelques années.

« Comme c’était les vacances l’enfant avait l’habitude d’aller jouer avec ses amis du quartier après avoir mangé le petit- déjeuner et revenir pour le déjeuner à midi. Mais le jour de sa disparition, il n’était pas rentré, on était un peu inquiet de la situation. Mais après, on s’est dit qu’il était resté sûrement pour manger chez l’un de ses amis. Jusqu’à la tombée de la nuit, l’enfant ne revenait toujours pas, c’est en ce moment-là qu’on a commencé à s’inquiéter. Tout travail cessant nous avons entamé des recherches chez les voisins et même chez ses amis, personne ne savait où il était passé mais on avait toujours l’espoir. Et c’est jusqu’au lendemain qu’une femme l’a amené en disant qu’il s’était égaré de la maison par peur d’être frappé puisqu’il n’est pas rentré pour déjeuner » a-t-elle rapporté. Avant d’affirmer que leur salut est venu de la gentillesse de la dame en question.

Quant à Boubacar Tolofoudié, père de famille, il se rappelle comme si c’était aujourd’hui le jour de la disparition de sa fille de 4 ans. Laquelle était pourtant en train de jouer dehors avec ses sœurs et amies comme d’habitude. Mais ce jour-là, dit-il, puisque les autres étaient concentrés sur un jeu, elle a donc décidé d’aller jouée toute seule avant de disparaître des vus de ses sœurs et amis. « La panique était à son comble. Nous avons sillonné de fond en comble tous les espaces connus du quartier, lancé des SOS et alerté les autorités coutumières et de la sécurité. Après des heures de recherche, au moment même où je voulais perdre espoir, nous avons été informés de la présence d’une petite fille dans une famille. Il s’agissait bien d’elle ! Elle avait suivi et décidé de rester avec une nouvelle amie » se rappelle-t-il.

Aminata Diarra, mère de famille, en nous faisant part de son histoire affirme qu’elle avait perdu son fils il y’a de cela une année. Lequel partait souvent dans la grande famille pour y retrouver sa grande mère, ce qui la permettait aussi d’avoir plus de tranquillité dans la maison. Ce jour-là, elle dit avoir appelé son petit frère pour demander si l’enfant y était toujours puisqu’il se faisait tard. « Mon frère m’a informée que l’enfant a demandé à rentrer il y’a de cela 4 heures. C’est en ce moment que j’ai eu la peur de ma vie. On l’a cherché partout avec l’aide de certains voisins et amis mais ça n’a rien donné et on a pensé à faire un communiqué. Grâce à cela, un boutiquier nous a contacté en nous déclarant que l’enfant s’était perdu en suivant d’autres enfants à bord d’un tricycle jusqu’à Santoro (San). Il y a eu plus de peur que de mal »a-t-elle indiqué avec soulagement.

« Les enfants ont droit à la protection… »

Selon Abdoulaye Dembélé, un responsable de la Coalition Malienne pour les Droits de l’Enfant (COMADE), les enfants ont droit à la protection, raison pour laquelle l’Etat a voté des lois afin de protéger les droits des enfants. Que l’ancrage institutionnel de ces textes est le ministère en charge de la promotion de la femme de l’enfant et de la famille.

Eu égard de ces nombreux cas de disparition d’enfants, il regrette que l’Etat n’arrive pas à appliquer convenablement ces lois. Mais qu’à côté de l’Etat, il y a les parents qui sont aussi chargés de protéger les enfants. Cependant, que ceux-ci ne le font pas. « Par exemple, dans les quartiers populaires on retrouve les enfants partout dans les rues et beaucoup d’autres endroits loin de la maison, et il y a aussi la mairie qui ne fait pas sa part du travail, c’est pourquoi il y a beaucoup de disparitions d’enfant. De ce fait, j’invite les géniteurs et l’Etat d’être vigilants avec les enfants afin de les protéger »a-t-il prévenu.

Sur la question, nous avons tenté de recueillir les impressions du Commandant de la Brigade des Mœurs et de la Protection des Enfants, afin de savoir comment cette unité spécialisée lutte contre ce phénomène et quelles sont les statistiques disponibles à son niveau. De même que la suite réservée à certains cas qui ont défrayé la chronique. Nos tentatives sont restées vaines, car l’officier de police nous a conseillé d’adresser d’abord une correspondance à sa hiérarchie, pour l’autoriser à intervenir dans un média. Malheureusement à cause des contraintes d’électricité et de la programmation de l’article pour cette édition, nous n’avons pas pu suivre cette démarche militaro-administrative légale.

Nous osons croire que les autorités compétentes sont alertées par l’ampleur du phénomène de disparitions d’enfants qui prend des proportions inquiétantes ces derniers temps dans la cité des trois caïmans.

Alice Dakouo et Binta Poudiougo, Stagiaires UCAO.

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