Le 2 juillet 2024, le Président de la Transition Colonel Assimi Goïta, a informé l’opinion publique nationale et internationale de la création d’une commission chargée de rédiger l’avant-projet d’une nouvelle Charte nationale pour la Paix et la réconciliation au Mali. Cette annonce sous le sceau d’un Décret de nomination des membres de cette commission n’a pas fait que des heureux au sein de l’opinion nationale. Des réactions sur les réseaux sociaux estiment que c’est une commission de trop au regard des difficultés financières auxquelles le pays est confronté. Surtout qu’il y’avait depuis 2017 un autre document de la même Charte en vigueur.
Pour de nombreux Maliens, s’il y’a un domaine dans lequel la Transition a battu tous les records, c’est bien celui de la création des Commissions, pour la plupart budgétivores, analogues en termes des membres y siégeant et sans grande incidence sur les préoccupations de l’heure.
« Au Mali, les seules compétences sont-elles ces seules personnalités ? », s’interrogeait, à juste titre, un internaute après la publication du Décret 03-85 du 28 juin, relatif à la nomination des membres de la Commission de rédaction de l’avant-projet de la Charte nationale pour la Paix et la réconciliation au Mali. Et un autre de renchérir que le pays a vraiment d’autres urgences pressantes que d’« animer la galerie avec de telles commissions pour des questions qui ne valent plus la peine ». Pour lui : « personne n’est en guerre contre personne et tous les Maliens sont réconciliés. Le seul ennemi commun reste le terrorisme. Au sujet duquel d’énormes efforts y sont déjà consentis en termes financiers ». Pour accentuer sa désapprobation face à cette décision, un bloggeur a sorti du tiroir pour publier sur sa page, une Charte identique, déjà en vigueur depuis 2017.
Sur un autre forum de discussion Wathsapp, un intervenant estime qu’au regard des difficultés financières auxquelles le pays est confronté, notamment pour faire face à la crise énergétique et des engrais que la création de cette commission pouvait attendre. Ces réactions vont-elles fléchir les décideurs dans leur dynamique ?
Sans outre-mesure, on peut répondre par la négation, car depuis l’avènement de la Transition la courbe des décisions prises va de haut en bas. De ce fait, les observations et critiques d’en bas sont généralement perçus comme des cris des oiseaux de mauvais augure.
En effet, le décret précisant la mission et l’organisation de cette commission est le Décret n°2024-0384/PT-RM du 28 juin 2024. Il énonce les responsabilités de la commission et détaille les étapes de sa mission. Selon l’article 2 de ce décret, la commission doit produire un texte de référence pour toutes les initiatives et actions visant la sécurité, la paix, et la réconciliation nationale au Mali. Elle est dirigée par un président, accompagné d’un rapporteur général, d’un rapporteur général adjoint et d’experts. Les membres sont nommés par décret du Président de la Transition.
La commission est également habilitée à consulter les forces vives de la nation et peut solliciter des personnes ressources pour l’accomplissement de sa mission. Un point d’étape est prévu tous les quinze jours, et la commission devra remettre son rapport final et l’avant-projet de charte au Président de la Transition à la fin de sa mission.
Ce qui est bien de noter, en est que les membres de la commission recevront des indemnités et des primes fixées par décret, et les dépenses seront couvertes par le budget national. Le fonctionnement de la commission sera supervisé par un régisseur nommé auprès du directeur administratif et financier de la Présidence.
A noter qu’une cinquantaine de personnalités sous l’égide de l’ancien Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga sont mandatées pour élaborer ce document crucial en deux mois. Ne demandez pas surtout à quel coût !
Par M.Diawara