Les violences basées sur le genre restent une urgence publique. Rien qu’en 2023 au Mali, près de 16.000 cas ont été enregistrés selon l’UNFPA. Et les centres d’accueils de part leur fonction de refuge et de soutien des survivantes, jouent un rôle crucial dans la lutte. Cependant, subsiste une difficulté majeure : la demande dépasse de loin les capacités d’accueil.
Les violences basées sur le genre restent plus qu’une question d’actualité dans un contexte de crises et de conflits. Selon les dernières données de la Coordination du Sous Cluster VBG et GBVIMS (Système de Gestion des Informations sur les Violences Basées sur le Genre), en 2023, près de 16.000 cas de VBG ont été recensés soit 1333 cas par mois dont 96% touchent les femmes et les filles.
Face à cette situation, les centres d’accueil jouent un rôle dans le soutien et la réhabilitation des survivants (es) de VBG. En effet, en plus d’offrir le gîte et le couvert, ces structures d’hébergements constituent un véritable refuge pour les victimes en termes de sécurité et de réhabilitation.
De ce fait, la gestionnaire du Centre d’Accueil et d’hébergement de femmes/filles victimes de violences basées sur le genre à l’Association pour la Défense des Droits des Femmes (APDF), Mme Diabaté Bintou Arama, la Coordinatrice genre de la Clinique Demesso, Maïga Mariam Diawara ainsi que M. Youba Kané, Chef de service local pour la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille en Commune II du district de Bamako, abondent dans le même sens en insistant sur l’importance de ces centres dans la lutte contre les VBG.
L’un de ces premiers centres d’accueil des victimes VBG au Mali, est celui de l’APDF. A l’instar d’autres, comme les One Stop Center, peinent en temps d’affluence à faire face à la demande. À l’APDF, avec une capacité d’accueil de 30 personnes en raison de 3 dortoirs, peut se retrouver avec une cinquantaine de demandes en période d’affluence. Mme Diabaté, de cette structure d’accueil, explique que ces hébergements constituent un cadre sécurisé, un refuge qui permet aux survivantes d’échapper à leur agresseur. De plus, suivant le besoin de chaque survivante, elle bénéficie en toute gratuité, de soins médicaux, psychologiques, de soutien juridique et d’accompagnement à la formation professionnelle ou d’appui pour des activités génératrices de revenus. Les centres sont également dotés de garderies d’enfants pour rapprocher les mères victimes de violences de leurs enfants.
La Gestionnaire de centre à l’APDF informe que le centre est ouvert à tous les cas de VBG, comme cette dame qui a fui un mariage forcé avec un sexagénaire ou cette autre femme, chassée avec ses enfants pour avoir refusé le lévirat proposé par la famille de son défunt mari.
Me Oumar Sangaré, Avocat, et Mme Maïga de la Clinique juridique DEMESO, évoquent le calvaire des femmes victimes de violences, qui parfois ignorent leurs droits. Faute de lieu d’accueil, beaucoup d’entre elles se retrouvent exposées à la violence dans la rue ou contraintes à des activités peu recommandables. Par ailleurs, elles racontent l’histoire d’une femme expulsée du domicile conjugal, qui, faute d’arguments juridiques solides sur la légalité de son mariage, s’est malencontreusement retrouvée à la maison d’arrêt pour femmes et enfants de Bamako (Bolé) en attendant l’éclaircissement de son dossier.
Appel à un soutien aux centres
Face à l’ampleur des VBG, la demande auprès de ces structures est croissante de nos jours. Selon les parties prenantes, les structures existantes sont insuffisantes pour répondre à la demande croissante des personnes dans le besoin. Autres défis, l’insuffisance des financements dans un contexte de crise. Toute chose qui réduit leur capacité d’accueil des survivantes qui augmentent et accourent de plus en plus vers ces structures avec la démystification du phénomène, aux dires de Mme Diabaté de l’APDF.
Le Ministère de la Santé et du Développement Social appuyé par l’UNFPA et ses partenaires financiers, ont mis en place 17 One Stop Center à Bamako et dans 11 régions du pays : Bougouni, Kayes, Tombouctou, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Ménaka, etc. Ces centres sont chargés de la prise en charge holistique des survivantes des VBG. Et pour M. Youba Traoré, chaque commune devrait au moins disposer d’un centre d’hébergement pour personnes touchées par les VBG vu l’ampleur du phénomène. Il recommande également l’implication des leaders communautaires dans la gestion des centres en vue de faciliter la perception des populations sur les centres et combattre les stigmatisations liées.
Khadydiatou SANOGO, « Ce reportage est publié avec le soutien de Journalistes pour les Droits Humains au Mali (JDH) et NED »
Pourtant !!! ce beau pays qui respecte les droits des femmes, des enfants ……
Ce n’est pas un fake de la maudite France ?
Que dit notre prix Nobel du droit ?