L’Alliance des Etats du Sahel (AES), encore appelée Liptako-Gourma, est un pacte de défense mutuelle conclu entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger le 16 septembre 2023. L’accord est signé à la suite du coup d’Etat du 26 juillet 2023 au Niger, contre lequel la Cédéao menaçait alors d’intervenir militairement. En scellant ce pacte, les présidents colonel Assimi Goïta, capitaine Ibrahim Traoré et général Abdourahamane Tiani voulaient signifier que leurs trois pays et eux-mêmes ont un destin commun naturel et qu’il faille mener un combat tout aussi commun. Pour le moment, l’initiative leur réussit parfaitement : les trois hommes ont le vent en poupe, courtisés çà et là par des pays qui tapent aux portes de l’Alliance et par la Cédéao qui sollicite leur retour au sein de l’organisation. Au-delà de l’AES, qui sont ces trois officiers d’armée qui font aujourd’hui la Une de la géopolitique sous-régionale, régionale, africaine et même mondiale ?
‘AES a été créée pour aider à contrer d’éventuelles menaces de rébellion armée ou d’agression extérieure, en soulignant que “toute attaque contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’une ou plusieurs parties contractantes sera considérée comme une agression contre les autres parties”. L’Alliance a été fondée dans un contexte bien particulier. En effet, la région du Sahel est le théâtre de bandes terroristes et mercenaires depuis 2003. Cette situation a conduit à de nombreux conflits dans la région, tels que la guerre du Mali et l’insurrection de Boko Haram.
Les trois Etats membres ont connu des coups d’Etat militaires entre 2020 et 2023, provoquant une détérioration des relations avec le reste de la Cédéao et la communauté internationale. Chacun des pays est désormais gouverné par une junte militaire.
Lors d’un coup d’Etat militaire en 2021, Assimi Goïta prend le pouvoir au Mali, succédant à Bah N’Daw qui est lui-même arrivé au pouvoir lors d’un précédent coup d’Etat en 2020, renversant le dernier président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Kéita, et instaurant un Comité national pour le salut du Peuple.
Quelques mois plus tard, lors du coup d’Etat de 2021 en Guinée, le Comité national du rassemblement pour le développement nomme Mamady Doumbouya président de la Transition, destituant le précédent président Alpha Condé.
A la suite du coup d’Etat de septembre 2022 au Burkina Faso, l’armée renverse le précédent gouvernement militaire, installant Ibrahim Traoré à la place de Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir lors du coup d’Etat de janvier 2022, qui remplace le gouvernement du président Roch Marc Christian Kaboré et instaure le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration.
En février 2023, le Premier ministre du Burkina Faso Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla propose au Mali l’instauration d’une fédération entre les deux pays sur le modèle de la Fédération du Mali.
Le projet est rejeté par la Guinée et par le Mali, qui proposent un front commun. Durant le même mois, le Mali et le Burkina Faso organisent un conseil des ministres commun et proposent d’avancer dans l’instauration du projet. Plus récemment, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie est instauré après le coup d’Etat de 2023 au Niger, renversant le gouvernement de Mohamed Bazoum et plaçant le général Abdourahamane Tiani au pouvoir.
Front commun contre une intervention militaire au Niger
Les quatre Etats, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger sont membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et sont tous suspendus en raison de la prise de pouvoir des juntes militaires.
A la suite du coup d’Etat au Niger, la Cédéao, sous l’influence de la France, a menacé d’intervenir militairement et de rétablir le gouvernement du président Bazoum. Le gouvernement nigérien bénéficie du soutien du Mali et du Burkina Faso qui ont promis une aide militaire au Niger en cas d’intervention, ainsi que de la Guinée qui offre un soutien diplomatique.
Les promesses d’aide militaire ont abouti à la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) comme bloc de défense mutuelle pour les trois nations dans le but de contrer une intervention éventuelle de la Cédéao.
L’Alliance des Etats du Sahel ambitionne de créer une union économique et monétaire et une monnaie baptisé Sahel. Cette monnaie devrait en théorie s’appuyer sur les ressources naturelles des pays membres de la Confédération.
En février 2024, le chef du régime militaire au Niger, Abdourahamane Tiani, a évoqué la possible création d’une monnaie commune entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali. “La monnaie est une étape de sortie de cette colonisation”, selon le général nigérien Abdourahamane Tiani, en référence au franc CFA et à la France. Il affirme que l’Alliance des Etats du Sahel a “des experts (monétaires) et au moment opportun, nous déciderons”.
Selon lui, “la monnaie c’est un signe de souveraineté” et les États de l’AES sont “engagés dans un processus de recouvrement de (leur) souveraineté totale”. Il assure qu’“il n’est plus question que nos États soient la vache à lait de la France”. La formation d’une confédération puis d’une fédération sont prévues à terme.
En mars 2024, les chefs d’Etat-major des trois pays annoncent la formation d’une force antiterroriste conjointe. En mai 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger finalisent à Niamey un projet de texte créant la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel, qui a pour objectif de finaliser le projet relatif à l’institutionnalisation et à l’opérationnalisation de l’Alliance des Etats du Sahel.
Adieu la Cédéao !
Le 28 janvier 2024, les pays membres de l’AES quittent la Cédéao. L’annonce est faite conjointement au journal télévisé, sur les télévisions nationales, au Burkina par le ministre de la Communication, le porte-parole du gouvernement, au Mali par le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement et au Niger par le ministre de la jeunesse, des sports, des Arts et de la Culture, porte-parole du gouvernement.
La Cédéao rejette totalement la décision de l’AES car celle-ci ne peut s’appliquer qu’au bout d’un an en vertu du traité de l’organisation sous régionale. La Cédéao se dit préoccupée par cette décision dont elle n’a pas été informée au préalable et prête à tenter une discussion pour négocier une solution.
Le sommet historique du 6 juillet
Le premier sommet de l’Alliance des Etats du Sahel a lieu le 6 juillet 2024 à Niamey au Niger. Il réunit les trois chefs d’Etat : le président du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, celui du Mali, Assimi Goïta et le président nigérien, le général Tiani.
Consacré à la vie et la consolidation de l’Alliance, le sommet se penche sur les questions et les défis communs aux trois Etats. Les participants abordent les questions de sécurité et défense, le terrorisme, les échanges économiques, commerciaux et culturels.
Au cours de ce sommet, un traité établissant la Confédération Alliance des Etats du Sahel est signé. Dans le communiqué final du premier sommet des chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel, les chefs d’Etat des trois pays indiquent que le but est “une intégration plus poussée entre les Etats membres”.
Ils sont venus de loin…
C’est le moins que l’on puisse écrire au vu de leur parcours et leur statut militaire qui ne les prédestinaient pas aux charges qu’ils occupent actuellement, comme pour confirmer que tout homme suit son destin, inévitablement. Primo, dans un régime démocratique, point de chef d’Etat militaire. Secundo, Assimi et Ibrahim Traoré ont quitté directement le terrain pour occuper la fonction suprême. Et Tiani était dans la garde présidentielle de sa future victime.
Portraits croisés !
Colonel Assimi Goïta
Le président de la Transition malienne est né en 1983, il a 41 ans.
A la suite du coup d’Etat qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Kéïta le 18 août 2020, il est président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) du 19 août 2020 au 18 janvier 2021 et chef de l’Etat du 24 août au 25 septembre 2020, puis vice-président de la Transition à partir du 25 septembre 2020. Etant demeuré l’homme fort du pays, il reprend officiellement la tête du Mali le 25 mai 2021, à la suite d’un nouveau putsch contre le président Bah Daw qu’il avait mis à la tête de la Transition. Minianka bon teint et fils d’un officier des forces armées, Assimi est formé dans les écoles militaires du Mali notamment le Prytanée militaire de Kati et l’Ecole militaire interarmes de Koulikoro. Il dirige les forces spéciales maliennes dans le Centre du pays avec le grade de colonel. Il est ainsi confronté à l’insurrection djihadiste au Mali.
Le 24 août 2020, l’acte fondamental adopté par le CNSP fait de lui de facto le chef de l’Etat du Mali. La communauté internationale refuse qu’il prenne la tête de la Transition ou le droit de succéder au président de Transition à désigner, même s’il quitte l’armée. Il est finalement désigné vice-président de la Transition le 21 septembre 2020. Le serment d’investiture a lieu le 25 septembre 2020. Le 24 mai 2021, peu après l’annonce d’un second gouvernement conduit par Moctar Ouane se caractérisant par la mise à l’écart de deux membres de l’ex-CNSP, les colonels Modibo Koné et Sadio Camara, Bah N’Daw, le Premier ministre Moctar Ouane et le ministre de la Défense sont interpelés puis conduits sous escorte militaire à Kati.
Le lendemain, le colonel Assimi Goïta annonce avoir “démis de leurs prérogatives” le président et le Premier ministre, qu’il accuse de “sabotage” de la Transition, leur reprochant d’avoir formé un nouveau gouvernement sans se concerter avec lui, alors que la Charte de la transition lui confère un droit de regard sur le choix du ministre de la Défense et celui de la Sécurité, anciennement occupés par ses alliés Camara et Koné.
Avec ce coup d’Etat, et “jusqu’à nouvel ordre”, Assimi Goïta devient président de la Transition par intérim. Le 28 mai, constatant la vacance à la présidence, la Cour constitutionnelle le déclare président de la Transition par succession constitutionnelle jusqu’au terme de la période transitoire. Rapidement, il tend la main à l’Union nationale des travailleurs du Mali, qui organise des grèves.
Le 28 mai, il annonce que la fonction de Premier ministre reviendra à la coalition d’opposition Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Celui-ci désigne son chef, Choguel Kokalla Maïga, pour prendre la tête du gouvernement, ce qui est effectif le 7 juin, après la prestation de serment de Goïta à la Cour suprême.
En juillet 2021, deux personnes tentent de poignarder Assimi Goïta à la Grande mosquée de Bamako, durant l’Aïd al-Adha, après la cérémonie et alors que l’imam se dirigeait vers la sortie du lieu de culte pour égorger le mouton. Le dirigeant n’est pas blessé.
En décembre 2021, à l’issue des “Assises nationales pour la refondation”, qui proposent de prolonger la Transition de six mois à cinq ans pour mener des réformes politiques, Assimi Goïta annonce qu’il souhaite prolonger de cinq ans la Transition. Il suggère ainsi de tenir le référendum constitutionnel en janvier 2024, les élections législatives et sénatoriales en novembre 2025 et une élection présidentielle en décembre 2026.
Cette proposition est discutée lors du sommet extraordinaire de la Cédéao du 9 janvier 2022. A l’issue de celui-ci, l’organisation, qui rejette également une proposition d’une Transition de quatre ans, décide la fermeture des frontières avec le Mali, le rappel des ambassadeurs et un blocus économique.
Le 21 février, la Charte de la transition est effectivement amendée pour prolonger la durée de la Transition pour une durée indéterminée maximale de cinq ans. Par ailleurs, Assimi Goïta est inéligible à la prochaine présidentielle, sauf s’il démissionne de ses fonctions. Enfin, le président du CNT devient le successeur constitutionnel du président de la Transition.
Le 21 août 2022, Assimi nomme Abdoulaye Maïga, Premier ministre par intérim pour remplacer Choguel Kokalla Maïga, hospitalisé depuis le 10 août 2022.
Une enquête d’opinion réalisée en 2023 par la fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung indique qu’une très large majorité de citoyens maliens se déclarent satisfaits du régime de Transition présidé par Assimi Goïta. La période de Transition se termine le 26 mars 2024 sans que des élections ne soient organisées.
Courant avril 2024, le Premier ministre Maïga annonce la tenue du scrutin après le Dialogue inter-malien et la fin de la “stabilisation” du pays. En parallèle, l’activité des partis est suspendue par le régime militaire, la Hac (Haute autorité de la communication) interdit à l’ensemble des médias de couvrir leurs activités.
Le 10 mai, le Dialogue inter-malien propose de prolonger la Transition de deux à cinq années supplémentaires, de réduire le nombre de partis politiques, qui ne bénéficieront plus de financement public, et appelle le président Goïta à se présenter à la prochaine présidentielle, proposant que ce dernier et quatre autres membres de la junte soient promus au grade de général.
Capitaine Ibrahim Traoré
Ibrahim Traoré, né le 14 mars 1988 à Kera, dans la Commune de Bondokuy (Burkina Faso), est le chef d’Etat du Burkina Faso depuis le 30 septembre 2022. Au sein de l’armée, il porte le grade de capitaine. Le 30 septembre 2022, il renverse le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba par un coup d’Etat et prend la tête du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration. Agé alors de 34 ans, il est le plus jeune chef d’Etat au monde. Il a fréquenté le lycée mixte d’Accart-ville de Bobo-Dioulasso, où il obtient le baccalauréat en 2006.
Il est diplômé en géologie à l’Université de Ouagadougou. Il a été durant ses études militant de l’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB), une organisation estudiantine d’inspiration marxiste. Il est par ailleurs proche d’associations musulmanes, et membre de l’Association des étudiants musulmans. Il sort diplômé avec mention.
Ibrahim Traoré n’est pas issu du Prytanée militaire de Kadiogo (PMK), contrairement à son prédécesseur Damiba et bon nombre d’officiers burkinabè. Après des études universitaires en géologie à l’Université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou, Ibrahim Traoré intègre l’armée en 2010. Il fait sa formation à l’Académie militaire Georges Namoano, une école de formation d’officiers basée à Pô, où il sort vice-major de sa promotion. Le jeune soldat va rapidement gravir les échelons militaires.
En 2012, il devient sous-lieutenant. En 2014, il passe au grade de lieutenant avant d’être promu capitaine en 2020. En mars 2022, il est nommé chef d’artillerie (RA) du dixième Régiment de commandement d’appui et de soutien (10e RCAS) basé à Kaya par l’ex-président Damiba.
Le capitaine Traoré a participé à plusieurs opérations militaires dans la lutte contre le terrorisme, notamment à Djibo, où il était placé sous les ordres du lieutenant-colonel Damiba, alors commandant du groupement des forces armées antiterroristes en 2017. Il a également pris part à l’opération Otapuanu en 2019 et a aussi servi au sein du détachement militaire de Markoye au Sahel.
Ibrahim Traoré prend le pouvoir par un coup d’État le 30 septembre 2022, après avoir annoncé la destitution de Damiba. Il s’agit du deuxième putsch dans le pays cette année-là. Le capitaine Traoré fait partie des officiers qui ont participé au coup d’Etat qui avait renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, et conduit le lieutenant-colonel Damiba, président du MPSR, au pouvoir le 24 janvier 2022.
En raison de la situation sécuritaire dégradée et du non-respect des engagements pris lors du premier coup d’Etat, ces officiers ont décidé de destituer le président Damiba le 30 septembre. Ibrahim Traoré est désormais à la tête du MPSR. Ce coup d’Etat fait suite à plusieurs attaques terroristes meurtrières, particulièrement celle de Gaskindé, au nord du Burkina Faso, où un convoi de ravitaillement est tombé dans une embuscade terroriste. Selon le bilan officiel, on dénombre 11 militaires tués et plusieurs civils portés disparus. D’autres sources évoquent une centaine de civils tués.
Damiba démissionne finalement le 2 octobre. Le 6 octobre 2022, un Acte fondamental rétablit la Constitution et déclare Traoré chef de l’Etat. Il devient alors le premier musulman à accéder au poste depuis le renversement de Saye Zerbo en 1982.
Assurant expédier les affaires courantes, Traoré annonce la désignation d’un président de la Transition, civil ou militaire, par des assises le 14 octobre 2022. Ses partisans organisent des manifestations appuyant sa nomination à la tête de l’Etat, ce qui conduit à sa désignation à la tête de la Transition en sa qualité de président du MPSR. Il est investi le 21 octobre président de la Transition par le Conseil constitutionnel.
En novembre 2022, il renonce au salaire présidentiel, mais conserve son salaire de capitaine. Le 3 février 2023, Ibrahim Traoré annonce de grandes offensives à venir contre les djihadistes, et appelle au soutien populaire. En avril 2023, il décrète la mobilisation générale. En mai, il évoque les pays “amis” avec lesquels il construit ou se renforce une coopération militaire : la Russie, dont la milice paramilitaire Wagner pourrait être présente au Burkina Faso, la Turquie, qui lui fournit des drones Bayraktar TB2, ainsi que la Corée du Nord, qu’il envisage également comme un fournisseur d’armes.
Pour l’heure, le gouvernement privilégie le recours à ses propres forces dans la lutte anti djihadiste et ne semble pas avoir demandé l’aide des Russes de Wagner. Décidant de durcir la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso, son gouvernement organise un recrutement exceptionnel de 3000 militaires du rang, ainsi que l’enrôlement de 50 000 supplétifs “volontaires pour la défense de la patrie”.
Grâce à son âge, son expérience du terrain et son langage, Ibrahim Traoré séduit auprès de la jeunesse, qui compte pour plus de 70 % de la population mais reste largement sous-représentée au sein des institutions politiques. Il invoque régulièrement les idéaux de Thomas Sankara lors de ses discours, tels que la lutte pour la souveraineté nationale et le rejet de l’impérialisme. Il adopte une politique anti-française, obtenant ainsi le soutien des panafricanistes et des wahhabites. Après avoir échappé à une tentative de coup d’Etat en septembre 2023, il fait appel à des militaires russes pour assurer sa protection.
Le 25 mai 2024, au terme de nouvelles assises de la Transition auxquelles ne participent pas les collectifs de la société civile et les partis opposés à Ibrahim Traoré, la Transition est prolongée de cinq ans (à partir du 2 juillet 2024) par l’adoption d’une nouvelle Charte qui accorde à celui-ci le titre de président du Faso, et lui permet de se présenter aux prochaines élections.
Le jour même, Traoré signe la nouvelle charte, ce qui permet son entrée en vigueur.
Le 11 juin 2024, une attaque par les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) a lieu dans la base militaire et dans la Commune de Mensila (Est du pays). Le lendemain, un obus est tiré sur le siège de la télévision nationale, à proximité de la présidence à Ouagadougou, sans que les tireurs ne soient identifiés. Les jours suivants, la relative absence d’Ibrahim Traoré de la scène publique pose question au sein de la société burkinabè.
Des soldats maliens et des mercenaires russes arrivent à Ouagadougou dans les jours qui suivent, sans que soit précisé leur rôle. Le conseil des ministres qu’il devait présider le 19 juin 2024 n’a pas lieu. Aujourd’hui, tout semble être rentré dans l’ordre et Ibrahim Traoré exerce normalement ses fonctions de président du Faso.
Général Abdourahamane Tiani
Abdourahamane Tiani est né en 1964 à Filingué. Général de brigade dans les Forces armées nigériennes et commandant de la garde présidentielle nigérienne jusqu’en juillet 2023, il prend la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie à la suite du coup d’Etat de juillet 2023.
Après des études primaires et secondaires à Filingué et Niamey et l’obtention du baccalauréat série D, il entre dans l’armée en 1984. Il fait ensuite l’Ecole d’application de l’infanterie de Thiès (Sénégal). Il suit également plusieurs formations en France et aux Etats-Unis.
Après avoir été l’aide de camp, Abdourahamane Tiani est nommé à la tête de la garde présidentielle, en 2011 par Mahamadou Issoufou, alors président du Niger. Il est longtemps considéré comme un fidèle de ce dernier. En avril 2021, Mohamed Bazoum, le nouveau président élu du Niger, décide de maintenir le général Tiani. Ce dernier contribue à l’échec de deux tentatives de putschs visant Mohamed Bazoum.
Abdourahamane Tiani joue un rôle clé dans le coup d’Etat de 2023 au Niger en arrêtant Mohamed Bazoum. Son limogeage et la restructuration de la garde présidentielle étaient prévus pour le 27 juillet 2023.
Le 28 juillet 2023, après deux jours de tractations au sein de l’armée, il prend la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Le 4 août, il procède aux premières nominations au sein de l’armée. Presque tous les chefs d’état-major qui ont rallié les membres de la junte sont remplacés, proches et alliés sont promus.
Le 7 août, il nomme l’ancien ministre des Finances, Ali Lamine Zeine au poste de Premier ministre.
Dans la nuit du 9 août et peu avant le sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur le Niger, le CNSP forme un gouvernement de Transition.
Le 11 août, il préside son premier conseil des ministres.
Le 19 août, dans un message à la nation, le général Tiani annonce un Dialogue national inclusif et une Transition de trois ans. Les émissaires de la Cédéao se trouvent à Niamey le même jour et peuvent rencontrer la junte et le président déchu Mohamed Bazoum. El Hadj A.B. HAIDARA
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