Nuit du 31 décembre 2024, Bamako. Les réveillonneurs ont les yeux rivés sur l’horloge. Le rouage tourne tic-tac, tic-tac, tic-tac. Sur le cadran, la trotteuse (l’aiguille qui montre la seconde) sautille et fait un tour complet du gnomon.
Son tour complet (60 secondes) correspond à une minute et fait bouger d’un petit pas la grande aiguille (celle qui montre la minute). Celle-ci aussi, à pas de loup, fait la même courbe (60 minutes) pour que la petite aiguille (qui désigne l’heure) bouge d’une heure à l’autre. Moment rare dans l’année où les détenteurs d’horloge portent une attention si particulière à cet ornement utile.
Toutes les trois aiguilles finissent par se fixer sur le 12h. Il est donc minuit ce 31 décembre et la seconde d’après sur bascule dans le nouvel An. Comme un rituel coulé dans du marbre, les feux d’artifice illuminant le ciel bamakois et le crépitement des pétards annoncent le passage à la nouvelle année 2025. Cette ferveur dans la célébration est la traduction de vœux d’une année apaisée par nos humanités éprouvées depuis de lustres.
Depuis son poste d’observation, le réveillonneur est mieux placé pour ne rien évaluer de cette folle ambiance qui draine, comme une meute, les enfants dans la rue. Puisque la fête de fin d’année n’obéit pas forcement à une règle stricte parce que, très souvent, elle repousse les limites du tolérable, les fêtards s’autorisent des excès comme lancer des pétards sur les véhicules de particuliers (tant pis pour le voisinage). Heureusement que la fête ne dure pas une éternité.
La célébration de la fête de la Saint-Sylvestre se poursuit pendant quelque temps dans la capitale où les grandes avenues arborent des guirlandes avec des jeux de lumière qui lui donnent l’aspect d’une ville lumière, au souvenir de Bamako la coquette. Les fêtards bousculent aux portillons des lieux de loisirs comme les boîtes de nuit, les restaurants et autres espaces publics ainsi que les parcs d’attraction. Mais tous ne sont pas de clients potentiels.
Devant le complexe Byblos de Bamako, où l’entrée était gratuite, mais avec obligation de payer une consommation à partir de 2.500 Fcfa, des badauds s’entraînent dans les parages. Au night-club Ibiza d’autres férus de danse avaient pris d’assaut les lieux. Pour une entrée gratuite aussi, les premiers venus étaient les premiers servis. Dans une boîte de nuit, le Brooklyn avait la même affluence.
Mais ce lieu de loisir propose un menu croustillant aux fêtards. Ces différents lieux étaient bien quadrillés par les agents de sécurité et autres vigiles. Cap sur le Parc des expositions de Bamako (Febak) où se tient la Foire internationale de Bamako. Le décor est paradisiaque avec des jeux de lumière et d’autres formes de décorations. Les visiteurs sont nombreux et il faut jouer des coudes pour s’ouvrir le passage. Tout petits, jeunes et adultes se marchent sur les pieds et contemplent les articles divers. Certains clients mettent la main à la poche pour transporter quelques articles, les autres se contentent de faire le tour des stands simplement.
Alassane Bathily, un client assidu de la Febak depuis plus de 3 ans, explique faire plaisir à sa famille en amenant les siens sur les lieux pour leur faire des présents. Il estime que les prix des articles sont également abordables. Mme Diallo Fatoumata Coulibaly confirme également que chaque année, elle vient à la Febak avec ses enfants uniquement pour le spectacle, autrement dit la prestation des artistes.
Les vendeurs bénéficient moins globalement de l’évolution du marché. Mami-Ouata Diarra, tient un stand à la foire. Il représente une entreprise de fabrication de canapés pour bébés et qui propose également d’autres articles pour les adultes. Pour lui, le marché est timide du fait de la conjoncture. De nombreux clients viennent pour regarder les articles simplement. Mais il estime s’en tirer à bon compte pour les canapés bébés dont il écoule une quantité importante. D’autres vendeurs d’articles de tous genres à la foire déplorent aussi la timidité du marché. À la Febak, des artistes étaient également programmés pour mettre du baume au cœur des fêtards.
Au Hobbys club «le paradis des enfants» par exemple, la promotrice de l’entreprise, Haby Bocoum, explique que c’est un espace de jeu mobile pour les enfants de tous âges. Il se déplace pour les festivals, les foires, les anniversaires etc… Selon elle, les jeux vont de trampoline aux balançoires, et plein d’autres jeux qui assurent l’épanouissement des enfants.
La promotrice souligne la rentabilité de ces jeux parce que de nombreux parents y amènent leurs enfants pour les déranger, mais aussi leur permettre de fêter à leur façon la Saint-Sylvestre. Toutes les mômes qui s’y trouvaient étaient élégamment mis. Partout où nous sommes passés, les lieux étaient pris d’assaut. Mais tous évoquaient invariablement le manque d’espèces sonantes et trébuchantes. Ou c’est le nerf de la guerre.
Amsatou Oumou TRAORE