Actualités maliennes du mois sacré de Ramadan : La corruption au ban de la société

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En préférant la corruption à la proposition d’offres politiques pérennes, les chefs de partis monocrates ont mis en jachère la démocratie telle qu’initiée par l’ensemble de la classe moyenne malienne entre 1989 et 1999. Avec le boycott de l’élection présidentielle de 1997, les partis du Coppo, ont, à l’époque, décerné le certificat de mort de la démocratie malienne. Pendant qu’on essayait de colmater les brèches en bricolant la nouvelle Constitution qui n’avait pas encore dix ans d’existence – alors que considérée comme une des Constitutions des plus parfaites du monde selon son auteur feu Robert Badinter – la société civile malienne entra dans le jeu et s’opposa à cette réforme constitutionnelle initiée par le Président sortant, Alpha Oumar Konaré, en fin de second mandat. Toutes choses qui n’ont pas suffi pour empêcher l’arrivée d’Amadou Toumani Touré au pouvoir. À son tour, il tenta de redynamiser le processus démocratique en tant que parrain de cette même démocratie malienne et un “sans parti” placé au-dessus de la mêlée politique et des soubresauts de la vie politique. Condamné à réussir sa refondation démocratique – comme aujourd’hui le Général Assimi Goïta, chef de l’État – il avait les coudées franches pour amadouer le peuple et faire du consensus une carte politique nécessaire à la consolidation de la cohésion sociale par le « sinankouya ». De ce fait, à sa réélection en 2007, il n’y avait pas moins de 47 partis légalement constitués qui avaient décidé de le soutenir pour un second mandat interrompu à quelques semaines de sa fin par la bande à Haya Sanogo. Ce fut la deuxième crise majeure qui entrava la marche démocratique du Peuple malien vers son mieux-être et sa pleine réalisation.

Face avec cette quête, la radicalisation avait fini de prendre le dessus dans tous les segments de la société, poussant les Maliens dans les bras d’autres Maliens mais pas pour les voir s’attendrir les uns les autres sur leur propre sort scellé : GUERRE ET TERRORISME seront leur lot quotidien pour s’entredéchirer et chercher à survivre coûte que coûte par tous les moyens. Même s’il y avait une pluie financière sans précédent qui tombait sur le pays, la cupidité des acteurs et la gourmandise des opérateurs sur le terrain de tous ces programmes et projets financés ont freiné maintes améliorations prévues au programme de ATT et interrompues sans explication au détriment des bénéficiaires. Brusquement, de 2012 à 2018 le pays retomba dans l’extrême ruralité dans laquelle ATT cherchait à en sortir bien des localités qui ont bénéficié de ses ouvrages et équipements, grâce à la Fondation pour l’enfance également de la première dame, Madame Touré Lobbo Traoré. La gabegie financière dans sa phase ascendante va atteindre des sommets inimaginables après le jackpot créé par la junte militaire du capitaine Sanogo. De fil en aiguille, les jeux étaient faits et rien n’allait plus. Le coup de marteau intervenu donna un clair avertissement à tous les acteurs. Le peuple vigilant ne se laissera pas faire. C’est ainsi qu’intervient la stabilisation du processus démocratique avec l’accord de Ouagadougou de juin 2013 qui permit de convoquer le corps électoral pour sceller le sort de la nation avec l’élection du candidat du RPM (Rassemblement pour le Peuple Malien) en la personne d’Ibrahim Boubacar Keïta deux fois candidats malheureux face à ATT en 2002 et 2007 avant de triompher devant Soumaïla Cissé, candidat de l’URD (Union pour le Renouveau démocratique). Ainsi, lors de son premier mandat, la mainmise de la communauté internationale  ne se démentait pas. Du reste, les opérations Serval et l’arrivée du contingent de la MINUSMA, de Barkhane, sont des preuves de cette perte de souveraineté nationale au Mali sous le prétexte fallacieux de la guerre imaginaire contre l’hydre terroriste et les exactions des groupes et mouvements armés au Nord et au Centre du pays. Avec l’accord d’Alger de 2015, il n’était plus question de mainmise seulement mais d’un programme de pillage allié à un plan de destruction de l’Etat central et de notre Armée. Ce qu’ont bien compris les défenseurs de la Patrie qui ont mis un cran d’arrêt à ce processus de destruction nationale à travers la vindicte populaire lancée contre l’ancien président IBK. En prenant leur responsabilités pour jouer un rôle historique, les cinq colonels ont agi de concert avec l’adhésion de tous les corps de l’armée de facto fédérés pour toujours avec l’éviction de toute notion de “coup de force” seul moyen de transformer l’armée en Armée républicaine. Devant cette bonne foi qui a permis de céder en partie le pouvoir aux tenants et partisans des civils au pouvoir, ils ont vite fait de reprendre les choses en main pour s’assumer définitivement et assurer aux institutions leur pérennité. De la Cour suprême à la Cour des Comptes, de la Cour constitutionnelle à la Haute cour, toutes les institutions de la nouvelle République du Mali bénéficient désormais d’un second souffle qui leur permet de se régénérer. À ce propos, il est bon de souligner qu’en dehors des Assises nationales de la refondation (ANR) et de leurs recommandations aboutissant au projet de texte constitutionnel soumis à Référendum le 18 juin 2023, la loi électorale visée par le Conseil National de la Transition (CNT) est également adoptée. Il restait la mise en route de la feuille de mission de l’AIGE (Autorité indépendante de gestion des élections) et l’application du principe de réduction du nombre des partis politiques par la fixation de nouveaux critères de création et de financement des partis, à travers la révision de la Charte des partis politiques. Pour arriver à un scrutin fiable, régulier, transparent et apaisé il va falloir se faire agréer par les électeurs et les électrices, qui eux/elles mêmes devront se charger d’être à jour dans leur citoyenneté et d’aller s’inscrire sur les listes électorales pour faire partie du Peuple Souverain appelé corps électoral et convoqué devant l’urne en jour et date du scrutin démocratique pour choisir leur prochain premier président de la 4ème République du Mali nouveau : Mali Kura.

La réalisation d’une telle programmation politique sans une vision éclairée incarnée par un chef réaliste et raisonnable comme un bon militaire haut gradé à l’instar du Général Assimi Goïta, ne se pourrait sans la réaffirmation du rôle des femmes et hommes politiques, dirigeants de partis et de coalitions politiques dans une démocratique. Car c’est dans ce lot formel et organisé, même si actuellement fortement chahuté, qu’est la classe politique, que devra provenir le futur chef de l’opposition statutaire et légal.

On ne saurait dire, mais la fin de la politique politicienne à l’ancienne n’est plus de mode, tout comme la boulimie financière dont ont fait preuve ces partis politiques qui encouragent la transhumance ou “nomadisme politique” en cours de mandat.

Dans le contexte actuel, avec l’observation du mois sacré de Ramadan, l’on ne comprend pas comment peuvent-ils appeler à la divulgation de la date officielle du scrutin présidentiel devant sanctionner la fin de la Transition sans avoir arpenter les rues de Bamako et ses communes, les localités du Nord, de l’Ouest, du sud et de l’est du Mali ? Ce à quoi était destiné leur financement, à savoir : instruire leurs militants dans leurs écoles du parti, sensibiliser les citoyens sur la nécessité de se constituer électrice/électeur n’a finalement pas servi à ces prérogatives politique qui restent des leurs. Dès lors comment comprendre que l’installation du climat délétère de désinformation et de campagne insidieuse de manipulation tous azimuts puisse être contrecarrée sans une énergique et ferme réaction des autorités de la Transition toutes confondues pour faire changer le discours et le logiciel qui va avec comme narratif ?

C’est ainsi que par une lettre datée du 19 décembre 2024, le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politiques et du Soutien au Processus électoral, Mamani Nassiré, dès sa prise de fonction, et conformément aux 8 points de la lettre de cadrage de la mission du gouvernement décerné par le Général d’Armée Assimi Goïta, a invité les partis à lui faire parvenir un document de synthèse de leurs propositions et suggestions concernant la relecture de la Charte des partis politiques, au plus tard le vendredi 14 mars 2025. À ce jour, lundi 10 mars 2025, plus de 80 partis ont eu l’occasion de s’exprimer et d’avancer des propositions conformes à leurs vues sur l’état réel du pays. D’autres malintentionnés comme toujours, ont trouvé malin d’adjoindre les leurs à un communiqué du CNT sorti de nulle part soulevant ainsi un tollé général de façon délibérée pour d’autres buts inavoués. Mais, comme toujours, fidèles à leur profession, les militaires en poste n’ont pas répondu à l’appel des voix de sirènes. Car ces mêmes voix avaient répudié et les Assises nationales, boycotté le Dialogue Inter-Maliens et n’avaient pas daigné s’accorder en chœur à l’unisson pour chanter l’hymne de la 4ème République du Mali lors de la campagne référendaire et le jour du vote.

Or le 14 mars, le Premier ministre et son ministre délégué attendent cette copie qui va refléter l’auto critique des partis sur 30 ans d’existence, et moins pour d’autres de création plus récente. Quant aux propositions pertinentes attendues, il faudra lire et relire entre les lignes si le malin esprit n’est pas couché derrière les lignes rouges à ne pas franchir.

Car cela fait mal de se sacrifier pour son pays quand on constate que vos compatriotes ne vous adoubent qu’à demi-mots sinon à mots voilés et ne ratent pas une occasion de vous descendre en flamme. En politique, lorsqu’on est trop sincère, trop intègre, trop clément, les gens vous traitent d’incapables. Sans raison apparente ni motifs valables. C’est leur façon d’exprimer leurs vues à eux aussi en tant que des Maliennes et des Maliens qui sont électeurs/électrices et éligibles. Jusqu’à preuve du contraire.

En conclusion, avec ce mois sacré et béni de Ramadan, il est temps qu’on aie des politiques dignes de ce nom, des hommes d’État qui font la fierté nationale, des gouvernants intègres et des hauts cadres, grands magistrats compétents à toutes les sphères des grands corps de l’Etat.

 

Khaly-Moustapha LEYE

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