La « Pouponnière » à Niamana, seul centre étatique de placement familial, a reçu, le 26 février dernier, la visite conjointe de journalistes militants d’une part en faveur de la nutrition, et d’autre part en faveur de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Quelques semaines plutôt, c’est le centre de détention de Bollé Mineurs qui a accueilli le même groupe de visiteurs.
« Constater la situation des besoins en nutrition ; en accès à l’eau potable et à l’assainissement des couches marginalisées au Mali ». Telle était la feuille de mission de l’Alliance des Journalistes maliens en faveur de la Nutrition et de la Sécurité Alimentaire (AJMNSA) et du Réseau des Journalistes pour l’Eau Potable et l’Assainissement (RJEPA) dans Centre de détention de Bollé Mineurs et à la Pouponnière.
A Niamana, le centre de placement familial accueille 102 enfants, dont 58 en situation de handicap. Les enfants sont répartis entre 12 dortoirs entretenus par 56 nounous qui se relaient nuit et jour en raison de quatre nourrices par salle. Dans cette ambiance de maternelle, le quotidien est parfois difficile pour la direction du centre, le personnel et même pour les enfants.
Au retard périodique de salaire s’ajoutent les problèmes d’accès à l’eau potable donc d’hygiène et d’assainissement. « Il y a trois forages dans le centre », explique le directeur Amadou Dembélé. Problème ? Un seul forage fonctionne et seulement une partie de la journée. « Parfois, on passe un bon moment sans eau potable », se plaint le directeur. Qui ajoute : « Pour parler d’hygiène, il faut forcément de l’eau. La plupart de nos toilettes ne sont pas en règle parce qu’elles ne disposent pas d’eau ».
A Bollé mineurs le constat est différent. Ici, le centre est connecté au réseau national d’eau potable de la SOMAGEP. Chez les détenus mineurs Garçons, les 146 enfants en conflit avec la loi disposent également d’un forage qui prend le relais dans la distribution d’eau potable en cas de défaillance de la SOMAGEP. « L’État est très regardant sur les besoins des enfants », a confié Ibrahim Sacko, directeur adjoint de Bollé Mineurs Garçons.
Bollé Mineurs Garçons dispose de quatre dortoirs dotés chacun d’une douche intérieure assainie par les enfants eux-mêmes conformément à leur plan de rééducation. Chaque chambre a un chef qui reçoit les kits d’hygiène (savon, eau de javel et autres) et qui veille sur l’hygiène et l’assainissement du lieu. « Parfois, nous récompensons ceux dont la chambre est plus propre », se félicite Ibrahim Sacko, fier de ses pensionnaires.
Pas de malnutris !
A Bollé mineurs Filles, le « problème d’accès à l’eau potable est un mauvais souvenir ». Des forages fournissent en continu le centre en eau potable. Dans les deux centres de détention pour mineurs, pas de défis majeurs liés à la nutrition. « L’Etat et ses partenaires nous dotent d’aliments pour la croissance de l’enfant », défend Babou Togora, Point focal nutrition à la direction nationale de l’Administration pénitentiaire et de l’Éducation surveillée.
Les enfants ont droit à trois repas par jour avec des plats à base de haricot, du tô, du riz, et du spaghetti. Le centre dispose d’un espace maraîcher qui produit des fruits et légumes complémentaires à l’alimentation des enfants. « Malheureusement, l’État n’est pas en mesure d’assurer tous les aliments nutritifs qui sont très bons pour la croissance des enfants », a souligné Ibrahim Sacko.
La Pouponnière, avec ses enfants de 0 à 5 ans, dispose d’un programme nutritionnel plus strict sous la surveillance du Dr Lassana Kané. Ainsi, de 0 à 6 mois, les nourrissons sont alimentés avec du lait adapté à leur métabolisme. Ils passent ensuite au niveau de lait nourricier 2 jusqu’ à l’âge de 12 mois. Au fil de l’âge, le programme nutritionnel introduit les soupes aux légumes verts accompagnés de viandes hachées, du poisson ou du poulet au menu des repas. « Les enfants sont actuellement à l’abri de la malnutrition aiguë sévère, de la malnutrition aiguë sévère avec complication et de la malnutrition modérée », a détaillé le nutritionniste Dr Kané.
Si la malnutrition est maîtrisée à la Pouponnière, il faut noter que le risque existe toujours. Selon le directeur général, les dotations en denrées alimentaires de 2024 n’ont pas été entièrement fournies. « Pour ce qui concerne 2025, le marché n’est pas encore attribué et nous sommes en fin février déjà », s’inquiète le directeur Amadou Dembélé.
Mamadou TOGOLA/maliweb.net