12IEME édition de l’émission au cœur de l’économie du CNPM : La Synthèse des travaux des groupes thématique du secteur privé était au menu

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C’est dans une salle ; qui porte le nom de Moussa Balla Coulibaly du Conseil National du Patronat du Mali, pleine à craquer qu’a eu lieu le jeudi 21 mars 2024, l’enregistrement de la 12ième édition de l’émission au cœur de l’économie du CNPM. En partenariat avec l’ORTM et Spirit McCain, cette 12ième édition a vu la participation des acteurs du monde des affaires et des autorités de la transition. Le Président du CNPM, l’un des panelistes avait à ses côtés trois autres personnalités, un universitaire, un représentant de la société civile et un responsable du monde syndical. Les débats étaient dirigés par deux éminents journalistes de l’ORTM. Le point d’orgue de cette 12ième édition était sans nul doute la présentation des synthèses des travaux des groupes thématiques. A l’entame de l’émission deux documentaires ont été  diffusés par l’ORTM pour non seulement planter le décor, mais aussi  mettre en exergue les activités réalisées par le CNPM sous la Présidence de Mossadeck Bally. Ensuite il y a eu la synthèse des travaux des différents groupes thématiques              

En effet, c’est un plan d’actions structuré autour de 5 thématiques stratégiques pour le développement et l’attractivité du secteur privé au Mali

La première thématique était relative à l’Energie : Il faut une énergie sûre, suffisante et accessible à tous. Pour ce faire il faut pallier les difficultés récurrentes de répondre aux besoins des populations et des entreprises, il faut également permettre l’émergence des énergies renouvelables. Il est clair que sans réunir ces conditions, l’industrialisation, le développement économique et l’attractivité  seront compromis, car en absence d’une énergie suffisante, sûre et accessible point de développement.

Comme recommandations il faut  Repenser la configuration du secteur en allant vers une production décentralisée sur la base de politiques énergétiques bien définies, construction d’un plan directeur de développement du secteur sur 10/15 ans. Il faut également une restructuration de la dette de l’EDM et du secteur de l’électricité (DNE, AMADER,..) pour que l’EDM s’occupe uniquement du transport. La  Distribution et commercialisation confiées au privé il est tout aussi nécessaire de promouvoir l’harmonisation des politiques de la sous-région. Il faut aussi  organiser un audit de l’EDM pour plus d’efficience et enfin favoriser les partenariats privé-privé, privé-public et le financement à petite échelle. Permettre et encadrer la conclusion directe de contrat d’achat d’énergie avec des producteurs indépendants (hors EDM SA). Mettre fin à la position d’acheteur central d’EDM SA. Faciliter le financement et le développement de la production d’énergie à petite échelle. Veiller à une meilleure application de la fiscalité appliquée au secteur.  Faire appliquer les textes de lois de l’OHADA à l’EDM afin de lui donner une autonomie totale de gestion et envisager l’ouverture de son capital au secteur privé malien. Revoir la grille et la structure tarifaire afin de prendre en compte la spécificité des usagers. Développer le mix énergétique pour faire baisser les coûts de production. Et enfin Créer un guichet unique logé à la Présidence pour accorder aux projets énergétiques l’attention qu’ils méritent en tant que projets structurants.

La deuxième thématique était liée au transport infrastructures désenclavement

Il faut un système de transport efficient pour intensifier les échanges et booster la performance économique des entreprises et des territoires. Pour ce faire il faut s’atteler à réduire les distances entre les zones de production et les zones de consommation notamment dans un pays dont l’économie est basée principalement sur le secteur primaire. Intensifier les échanges commerciaux entre les territoires nationaux et avec les pays voisins. Structurer les territoires, faciliter l’accessibilité et réduire les inégalités, ce qui constituera un pilier essentiel du développement socio-économique.

Comme recommandations il faut :  Sensibiliser régulièrement les usagers (publicités, conférences, ateliers territoriaux, …),  Libérer les emprises du réseau occupées illégalement de façon pédagogique et en accompagnant les personnes concernées pour une plus d’acceptabilité,  Sanctuariser le domaine ainsi libéré,  Réaliser des trottoirs adéquats et sécurisés notamment dans les agglomérations,  Viabiliser le domaine du transport : caniveaux et électricité dans des endroits stratégiques,  Diversifier et Aménager des aires de repos. Exécuter l’entretien adéquat avec mise en place d’un comité de surveillance et d’évaluation.  Exécuter la construction ou l’entretien des routes en priorisant les zones contribuant le plus à l’économie du pays, Revoir les normes de construction du réseau routier,  Rénover, moderniser et augmenter les équipements (sur tout le réseau : gares, quais, bateaux notamment légers),  Renforcer et appliquer la politique de sanctions contre les agressions du réseau et les mauvaises pratiques,  Développer des ressources humaines et matérielles de qualité et en quantité (formations continues; partenariats avec les structures de formations).  Revoir la politique de tarification transport aérien domestique, Rehausser le niveau de sûreté et la qualité des services de l’aéroport de Bamako afin d’attirer plus de compagnies, Faire de l’aéroport de Gao, un pôle important dans le transport aérien des marchandises,  Développer le secteur ferroviaire avec plus de voies en direction du Sud, Créer un monopole du ferroviaire sur les marchandises dans les localités desservies par le train, Elargir l’exploitation du réseau ferroviaire et fluvial à d’autres acteurs,  Etendre le réseau fluvial et ferroviaire, Moderniser les aéroports régionaux et assurer leur fonctionnement et leur attractivité. Impliquer davantage les collectivités territoriales notamment des régions et les cercles,  Développer la coopération décentralisée, Identifier et solliciter les dispositifs communautaires et internationaux existants en faveur de l’aménagement et de l’équipement des territoires (Union Africaine, CEDEAO, …),  Allouer plus de budget au secteur du transport / Programme d’investissement prioritaire pour le transport,  Encourager la participation du secteur privé dans le secteur du transport. Des politiques incitatives doivent être mises en place à cet effet et les modalités d’intervention du secteur public clarifiées en amont

Troisième thématique : ressources humaines

Il faut nécessairement une  Main d’œuvre qualifiée malienne face aux besoins des entreprises

Comme recommandations, il faut : Elaborer des statistiques fiables sur les diplômés arrivant sur le marché de l’emploi, Mettre en place des outils d’évaluation des besoins des entreprises, Adopter le répertoire National des Emplois, Mettre en place un mécanisme de PPP dans la gestion des CTFP, Réaliser des réformes de la gouvernance des structures en charge de l’emploi et la formation professionnelle, Promouvoir la mise en place d’une gestion informatisée du personnel (SIRH), Instituer dans les entreprises le principe de la professionnalisation des fonctions RH, Organiser au CNPM une activité médiatisée sur la publication annuelle des statistiques du marché du travail, Utiliser les statistiques de l’emploi pour orienter les étudiants et leurs parents dans le choix des filières,  Promouvoir le dialogue social et la négociation collective au niveau sectoriel et dans la prévention des conflits.

Elaborer et promouvoir dans les entreprises les contrats types qui facilitent la connexion Ecoles – Entreprises (stage, alternance, qualification, première embauche) Négocier auprès du Gouvernement la défiscalisation totale du contrat de première embauche pour une durée de 3 ans, Négocier auprès du Gouvernement l’adoption d’avantages fiscaux pour les investissements dans la formation, Négocier auprès du Gouvernement l’octroi d’un statut d’administrateur au CNPM dans tous les rectorats des universités publiques, Utiliser les statistiques de l’emploi pour orienter les étudiants et leurs parents dans le choix des filières, Anticiper les tendances et mutations économiques qui impactent les entreprises au Mali, S’impliquer dans l’organisation du retour et l’insertion des compétences de la diaspora afin de favoriser le développement de secteurs innovants et le transfert de compétences, Mettre en place un système d’évaluation et de sanction à l’encontre des centres de formation. Mettre en place un cadre de travail Gouvernement – Secteur privé pour redéfinir les filières de formation, Assurer/Contribuer dans le recrutement d’enseignants qualifiés ainsi que dans leur évaluation et formation continue, Promouvoir l’esprit d’entreprise et la culture de l’entreprenariat dans les écoles secondaires, Enseigner les fondamentaux de l’économie dans les écoles primaires, Organiser l’articulation entre les centres de recherches, les universités et les entreprises pour stimuler l’innovation, les inventions, les créations, les brevets, les incubateurs, les investissements, les business angels, le mentoring, le coaching, Encourager des initiatives publiques et privées en faveur de l’industrialisation et du développement des secteurs porteurs, Mettre en place une politique incitative pour l’orientation des étudiants vers les filières adaptées aux besoins du marché de l’emploi, Susciter l’intérêt des cadres du secteur privé et public à participer à la conception et à l’animation des modules de formation dans les universités et les écoles, Favoriser la compétition et le recrutement des jeunes diplômés par ordre de mérite dans le public et le privé.

La quatrième thématique : Le financement

Le CNPM prône un financement solide, sûr et accessible pour créer et soutenir l’industrialisation et des projets de développement. Dans un contexte marqué par La croissance démographique sans précédent ce qui pose des enjeux socioéconomiques, une agriculture, pilier de l’économie nationale,  qui peine à s’industrialiser, une crise multidimensionnelle affectant les affaires et réduisant les capacités d’entrepreneuriales, un déficit de financement suffisant pour encourager et soutenir les initiatives. Pour la transformation économique et le développement industriel dans ce contexte, des options de financement adéquates, accessibles et pérennes sont essentielles pour le secteur privé.

Comme recommandations : Développer des produits financiers sur mesure (produits structurés) pour différents types d’entreprises, Renforcer les capacités d’analyse des risques, Créer des chaînes de valeurs de financement qui tiennent compte des besoins spécifiques des entreprises, Promouvoir et améliorer les mécanismes alternatifs de règlement des litiges tels que la médiation et l’arbitrage Demandeurs de financement, Améliorer la culture financière des PME et des entreprises, Améliorer les pratiques de gestion et de gouvernance, Impliquer des organisations représentatives telles que le CNPM dans le suivi et la facilitation des financements, Promouvoir et améliorer les mécanismes alternatifs de règlement des litiges tels que la médiation et l’arbitrage, Créer une banque publique d’investissement avec délégation de gestion privée (une Caisse des dépôts et des consignations par exemple), Établir un cadre juridique harmonisé pour soutenir les mécanismes innovants de financement pour les PME, Dissoudre et refonder l’Agence pour l’aménagement et la gestion des zones industrielles du Mali (AZI-SA), Mettre en place un système de bonification des taux d’intérêts pour l’acquisition du matériel industriel, Évaluer l’efficacité des programmes de garantie existants, Faciliter les dialogues permanents entre toutes les parties prenantes, Réformer le cadre des marchés publics pour améliorer l’éligibilité à l’accès aux contrats publics, Renforcer les ressources du Fonds de garantie du secteur privé

La cinquième thématique est liée à la fiscalité

Une fiscalité juste, équitable acceptable, bien pensée et bien recouverte pour plus d’apport dans les caisses de l’État et plus de performance pour les entreprises.

Une économie axée sur le secteur primaire peu taxée (agriculture, élevage, pêche) nécessitant des fonds pour fonctionner et se développer. Le secteur informel, représentant 55 % du PIB selon l’INSTAT, reste largement non imposé malgré sa contribution majeure. En 2022, la croissance économique mondiale a fléchi avec une inflation record. L’augmentation des prix, les tensions mondiales, comme la guerre Russie/Ukraine, les perturbations logistiques, la crise multidimensionnelle ont pesé sur l’économie et les entreprises maliennes. Ces constats compromettent les perspectives économiques maliennes et mettent à mal les entreprises face à l’inflation. Avec des financements extérieurs limités, le gouvernement sollicite davantage les recettes fiscales internes des acteurs économiques, accentuant la pression sur les entreprises formelles. Ces entreprises, majoritairement des PME, font face à des problèmes récurrents tels que l’accès à l’énergie, la rareté de compétences, des infrastructures insuffisantes, des difficultés de financement et une fiscalité lourde.

Comme recommandations :

Une gestion plus proche du contribuable avec plus d’accompagnement et moins répression.  Un cadre de dialogue direct et permanent avec le secteur privé et des rencontres régulières pour discuter de problèmes éventuels et demandes des opérateurs économiques.  Création d’un cadre permanent de concertation à travers un conseil spécifique dédié aux orientations sur la fiscalité des entreprises.  Evaluation de la qualité du service public de l’impôt et mettre en place des canaux facilement accessibles permettant aux contribuables de dénoncer les cas de mauvaise administration.  Envisager l’établissement d’une cellule spécialisée au sein de la DGI, consacrée à la promotion du civisme fiscal. Fiscaliser le secteur agricole. Rationaliser les exonérations fiscales. Renforcer la fiscalité foncière. Poursuivre la digitalisation des procédures fiscales. Rationaliser les exonérations fiscales. Améliorer le règlement des litiges (contentieux fiscal). Renforcer les garanties et droits des contribuables. Accroitre l’efficacité de l’action administrative. Améliorer l’organisation de l’administration fiscale. Collaboration et circulation de l’information entre les divisions au sein de l’administration fiscale. Mieux gérer les contrôles fiscaux. Elargir la population des entreprises à contrôler ou à vérifier. Mieux planifier et organiser les missions de Vérification générale de comptabilité. Assurer l’imposition du secteur informel. Imposer l’agriculture moderne et l’orpaillage traditionnel. Lutter contre la fraude et l’incivisme fiscal. Mobilisation des ressources pour faire face aux besoins de financement de l’Etat. A l’attention du Gouvernement (MEF) besoins de financement de l’Etat. Elargissement de l’assiette fiscale. Arbitrer et résoudre les contentieux en cours. Concertation des parties prenantes. Elargissement de l’assiette fiscale. Arbitrer et résoudre les contentieux en cours. Organiser des états généraux sur la fiscalité. Régularité comptable et fiscale. Tenir une comptabilité sincère et régulière .Recourir aux services, d’un conseil fiscal ou d’un Expert-comptable.

En somme, les différents ont fait un diagnostic sans complaisance des obstacles qui bloquent l’épanouissement du secteur privé, poumon de toute économie, et surtout donné des pistes de solutions. Ils ont proposé plus de libéralisation, plus de financement et surtout plus d‘attractivité. Les propositions des panélistes ont été appuyées par des contributions de personnes ressources qui ont une certaine expérience et une expertise avérée.

Youssouf Sissoko

 

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