Financé par WaterAid pour un montant de 6 millions $ US (soit environ 3,37 milliards FCFA), le projet BESEYA BLON est arrivé à terme. De janvier 2020 à décembre 2023, le projet est intervenu pour apporter de l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement dans 16 centres de santé communautaire « CSCOM » dans les cercles de Bla et Kati. Quels sont les effets du projet dans les centres de santé bénéficaires ?
Maliweb.net – « Un accouchement réussi n’est possible qu’avec de l’eau potable en quantité », souligne Mme Kagnessy Mariam Mallé, sage-femme au CSCOM « Bla central », situé dans la ville de Bla, à 80 km de Ségou. Cet établissement de santé qui couvre 12 villages dans la commune a été inauguré, il y a 22 ans, en août 2002. Avant l’intervention du projet Beseya Blon, le centre de santé ne répondait plus aux normes notamment en matière de la délivrance du paquet minimum « WASH » dans les centres de santé.
En poste depuis 2019, avant l’arrivée du projet BESEYA BLON, Mme Kagnessy Mariam Mallé connait mieux que quiconque les effets du projet sur son travail au quotidien. Ce mardi 27 février 2024, le sourire aux lèvres, la sage-femme nous fait visiter son espace de travail : lampe extérieure installée pour mieux éclairer la maternité, toilette spacieuse construite dans la salle d’accouchement et raccordée au château d’eau potable installé par le projet ; lavabos installés dans la salle de garde des agents de santé et dans la salle d’hospitalisation des nouvelles mamans ; la maternité entièrement repeinte avec des dessins muraux qui incitent à l’hygiène ; une aire de lavage construite dans la cour pour la lessive des nouvelles mamans.
L’aire de santé du CSCOM « Bla central » couvre une population de 58 084 personnes en 2024. Selon Youssouf Djiré, Directeur Technique du Centre (DTC), en 2023, les consultations curatives étaient au nombre de 961 patients. Les principaux motifs de consultations sont, selon le DTC, le paludisme, la fièvre, les céphalées, les infections respiratoires aiguës (IRA), la diarrhée. « Dans le cadre du projet Beseya Blon, des lavabos ont été construits dans toutes les unités du centre y compris dans mon bureau », a indiqué Youssouf Djiré. Cela a eu un impact positif sur la réduction des infections en milieu de soin, a ajouté le DTC. Car, explique-t-il, avant et après chaque consultation, les agents de santé se lavent les mains avec de l’eau potable et du savon.
Paquet Eau, Hygiène et Assainissement au CSCOM de Diedala
Diedala, à 20 km de la ville Bla, et à 10 km du goudron. Le CSCOM du village constitue avec « Bla central », les deux seuls CSCOM de la commune rurale de Bla. Ils ont été inaugurés le même jour. Tout comme dans la ville de Bla, le projet Beseya Blon a remplacé à Diedala, la pompe manuelle par un château d’eau de 5m3 fonctionnant au solaire avec une batterie. Une salle de chloration a été construite pour rendre l’eau potable.
Dans le CSCOM, un incinérateur moderne remplace la « fosse aux déchets ». Aux dires du DTC, Sanata Goïta, les déchets biomédicaux sont collectés et mis dans des poubelles en fonction de leur nature. Le centre dispose de huit latrines dont des latrines réservées aux personnes handicapées avec des rampes d’accès spéciales. Un lavabo installé à l’entrée du hangar de vaccination est un passage obligé pour patient et accompagnant. Des réticences existent à ce niveau, reconnaît Sanata Goïta. « Vous allez me donner à manger ? », interrogent certains patients ou accompagnants invités à se laver les mains au savon, avant d’entrer dans le centre de santé.
Pérenniser les acquis à tout prix !
Dans le district sanitaire de Bla, le projet Beseya Blon est mis en œuvre par les ONG « Association Libre pour la Promotion de l’Habitat et du Logement (ALPHALOG) » et l’« Association pour la Promotion de la Femme et de l’Enfant au Mali (APROFEM) ». Ses ONG partenaires ont formé et sensibilisé les communautés locales à l’utilisation des infrastructures réalisées par WaterAid. Ainsi, dans le village de Farakala, dans la commune de Kemeni, à 53 km de Bla, l’Association de santé communautaire (ASACO), a mis en place un mécanisme d’entretien et de réparation des infrastructures, pour parer à l’après projet Beseya Blon.
Selon Zeoua Coulibaly, président de l’ASACO de Farakala, un fonds de réparation a été institué. Ainsi, sur chaque ordonnance prescrite, la somme de 50 FCFA est prélevée pour alimenter le fonds. Ce n’est pas tout : chaque famille cotise la somme de 3000 FCFA par an. « Avec ce fonds, nous pensons être à mesure de faire face aux dépenses de réparation », a souligné Zeoua Coulibaly.
Avec Beseya Blon, l’importance de l’eau, l’hygiène et l’assainissement dans les centres de santé est devenue évidente pour tous les acteurs locaux de santé. D’un village à l’autre, on s’active à la mise en place des mécanismes de pérennisation des acquis du projet. A Diedala, l’ASACO vend l’eau du château pour alimenter le fonds de réparation. Aussi, selon Djibril Sanogo, président de l’ASACO Diédala, 10% du bénéfice des activités génératrices de revenu du Groupement des femmes sont prélevés pour alimenter le fonds de réparation et d’entretien.
Au regard de tout ce qui a été réalisé dans les centres de santé couverts par le projet, les communautés bénéficiaires ne cachent pas leur satisfaction.
Mamadou TOGOLA / Maliweb.net