Fertilité et grossesse après un cancer du sein : mythe ou réalité ?

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Selon une revue de OVOCLINIC en 2024, le cancer du sein touche 99 % des femmes et dont le traitement peut avoir souvent des effets négatifs sur leurs chances de devenir mères. Au Mali, le cancer du sein est parmi les formes de cancer les plus courantes, selon le registre des cancers de 2020 du Mali (Etude transversale de Mali Médical 2024). Il est le premier cancer féminin avec un taux de 28,8% de tous les cancers enregistrés suivi du cancer du col de l’utérus 25,1 %(Registre des cancers du Mali). Ces femmes qui n’ont pas encore passé l’âge de procréer peuvent faire des enfants après un traitement réussi du cancer du sein. Selon les spécialistes, il est important de savoir que le cancer du sein en lui-même n’affecte pas la capacité à concevoir un enfant ou à mener une grossesse à terme.

DrMadane Ly, Oncologue (cancérologue) au Forum Médical à Bamako nous explique : « il n’y a pas un lien clinique proprement dit entre le cancer du sein et la fertilité. On parle de cancer quand il y a une prolifération cellulaire incontrôlé et indéfinie dans le temps. Cette tumeur a la capacité de se détacher du sein qui est son organe d’origine pour aller coloniser à travers le sang d’autres partie de l’organisme comme la foi, le poumon ou les os. Du coup le cancer du sein en tant que tel ne peut pas être une cause de problème de fertilité. Mais, quelqu’un chez qui il y a le cancer du sein, pendant la période active de traitement, il ne faut pas qu’elle tombe enceinte parce que la majorité des traitements que la personne va suivre, notamment la chimiothérapie est toxique pour le fœtus donc cela peut entrainer des malformations chez l’enfant. C’est pourquoi on n’autorise pas aux patientes de tomber enceinte pendant la période active de traitement. Par contre, après guérison, on peut bel et bien avoir des enfants ».

Autre chose importante, selon le cancérologue, est le fait que si une femme qui n’a jamais eu d’enfants et a déjà atteint un âge proche de la ménopause, elle peut ne plus avoir d’enfants car les chimiothérapies peuvent dérégler les règles. En ce moment, ce sont les traitements et non le cancer lui-même. Donc les traitements peuvent accélérer la ménopause. Il ajoutera que le risque zéro dans tout domaine de la médecine n’existe pas, il y a des critères, si la femme est jeune et qu’elle respecte ces critères, elle peut être autorisée à faire des grossesses.

Dr Ly soulignera que les survivantes du cancer du sein après leurs traitements peuvent faire des grossesses normales comme toutes autres femmes. Après les traitements, les effets secondaires sont passés, elle est déclarée guérie, elle a le droit de mener une vie normale. Il insistera sur le fait qu’après le traitement réussi du cancer du sein, la femme ne court aucun risque de tomber enceinte en rapport avec la maladie, par revanche, une femme qui tombe enceinte et le cancer est déclaré, cela est une prise en charge particulière en tenant compte de la psychologie de la femme, de l’âge de la grossesse, les traitements qui sont toxiques pour le bébé. En ce moment c’est une équipe pluridisciplinaire qui décide ce qui est mieux pour la femme en tenant compte de son désir de garder la grossesse ou non, de l’avis de son mari etc…

Selon le cancérologue, on interdit aux survivantes du cancer du sein d’allaiter les enfants car les produits qu’on leur donne partent dans les seins et en tétant, l’enfant consommerait ces produits qui ne sont pas de son âge et peuvent être toxiques pour lui. Pour finir, Dr Ly Madane dira que les grossesses des survivantes de cancer du sein sont suivies comme toute autre grossesse. Elles sont suivies par des gynécologues et ou des sage-femmes.

Mme Faye Kadiatou Kanté, présidente de l’Association « les Combattantes du cancer » nous dit que : « dans son association, il y a des femmes qui ont pu avoir des enfants après leurs traitements du cancer. Selon elle, le cancer de sein et la fertilité non rien à avoir. Après la chimiothérapie, il y a des possibilités que tu puisses faire des enfants. La seule conséquence serait que l’enfant ne pourra pas téter, sinon tout sera comme chez les autres femmes ». Elle nous a confié que dans leur association, à cause du cancer du sein, beaucoup de femmes ont été abandonnées par leur mari et ou leurs familles à cause de « l’ignorance car de nos jours, personnes n’est à l’abride cette maladie ».

Mme Kadidiatou Niambélé, mère de famille et survivante de cancer du sein, témoigne : « après mon traitement qui m’a coûté un sein, je suis tombé enceinte. Comme j’avais bien suivimes traitements, je n’ai pas eu de difficultés particulières. Cela a été comme mes autres grossesses. Lors de la grossesse, j’ai été suivie par un gynécologueet j’ai accouché par la grâce de Dieu sans complications, l’enfant aussi s’est porté très bien ». Pour finir, elle nous souligne qu’elle a été soutenue par son mari et toute sa famille, du traitement du cancer du sein à sa grossesse, jusqu’au jour d’aujourd’hui.

Mme C.A, survivante du cancer du sein : « c’est à l’an 2000 que j’ai eu le cancer du sein ; j’ai été amputée de mon sein gauche. Depuis, ma vie de couple a commencé à battre de l’aile mais comme j’ai pu résister et rester dans mon foyer, je suis tombée enceinte en 2010. J’avais déjà un enfant avant la maladie. Quand je suis tombé enceinte, j’ai eu des problèmes. Ma santé a été trop fragilisée mais selon les médecins, cela n’avait rien à voir avec le cancer qui était déjà enlevé. Donc, après les consultations prénatales et les traitements, j’ai eu mon enfant par césarienne. Aujourd’hui, il a 14 ans et se porte très bien. La seule différence avec les autres enfants, c’est qu’il n’a pas tété le sein ».Traoré Bakary, mari d’une survivante du cancer du sein : «après ses chimiothérapies en 2010, ma femme m’a caché que le médecin lui avait interdit de prendre des contraceptifs car elle avait envie de faire des enfants. On n’en avait pas encore eu, donc elle est tombée enceinte en 2015. Nous avons eu la peur de notre viemais après avoir été à l’hôpital et avoir été bien renseigné par les médecins, nous avons pu nous épauler l’un et l’autre pour suivre les CPN (consultations prénatales) jusqu’à ce que la grossesse arrive à terme. Elle a donné naissance à une jolie fille sans problème majeur. En 2020, elle a eu un petit garçon. De nos jours, nous avons nos deux enfants et ils n’ont aucune différence avec les autres enfants».

BON A SAVOIR

Dr Sissoko Famakan, Gynécologue nous rassure que : « malgré les perturbations des fonctions reproductrices engendrées par les traitements, une grossesse est tout de même parfois possible. Cependant, elle reste contre-indiquée pendant les traitements du cancer de sein. En effet, certains traitements du cancer du sein peuvent entraîner des risques pour le fœtus. C’est pourquoi il est conseillé de conserver une méthode de contraception non-hormonale efficace, et ce, même en cas d’absence de cyclepour les femmes en cours de traitement. Après l’arrêt des traitements actifs, vous pourriez commencer à penser à votre projet parental. Votre équipe de soin est là pour vous renseigneret vous indiquer combien de temps il est préférable d’attendre avant d’envisager de concevoir un enfant. La décision peut dépendre du pronostic, du risque de récidive, de votre âge, mais aussi des traitements reçus.

Quel impact du cancer du sein sur la fertilité de la femme ?

Dr. Sissoko, Gynécologue, nous dit qu’il arrive qu’on propose une hormonothérapie pour freiner la progression d’un cancer du sein et pour éviter une récidive. Cette thérapie hormonale peut induire des irrégularités voire un arrêt des cycles menstruels, entrainant une perte de la fertilité pendant et un peu après le traitement.  Les médicaments de chimiothérapie, peuvent quant à eux endommager l’appareil reproducteur féminin, réduire la quantité ou la qualité des ovules, affecter le fonctionnement des testicules ou endommager les spermatozoïdes. Ces dommages peuvent entraîner une diminution de la fertilité, voire parfois une infertilité. Tout de même, tout ceux-ci sont les traitements du cancer du sein et non le cancer lui-même, donc après un traitement réussi, une survivante de cancer du sein en âge de procréer peut belet bien tombée enceinte sans risques.

Aminata Sanogo

Journal L’Annonceur

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