Dr. Charles Dara, Praticien à l’hôpital du Mali : “La dengue tue, consultez vite devant tout cas de fièvre en ces temps…”

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Fièvre, douleurs musculaires et articulaires, maux de têtes ou de ventre sont les symptômes de la dengue et qui sont similaires à ceux du paludisme ; d’où souvent la confusion. Pour le distinguo entre le paludisme et la dengue, Dr. Charles Dara, spécialiste en maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital du Mali, a accepté de nous faire le point.

 Mali-Tribune : Est-ce que l’expression palu-dengue est appropriée pour parler de cette maladie qui secoue présentement la population ?

Dr. Charles Dara : L’expression palu-dengue n’est pas l’appellation appropriée pour désigner cette maladie. En effet, la maladie s’appelle la dengue différente du paludisme. Beaucoup font la confusion.

Mali-Tribune : Qu’est-ce donc que la dengue ? Qu’est-ce qui est à l’origine ?

Dr. Dara : La dengue est une maladie humaine sévissant en zone tropicale et subtropicale due à un virus transmis par une piqure de moustique porteur de l’un des quatre virus de la dengue. Cette fièvre hémorragique est due à un virus appelé DEN-V. Il existe quatre sérotypes pathogènes pour l’homme. Elle est provoquée par la piqure infestante d’un moustique femelle appelé aèdes. Ainsi la dengue appartient à la grande famille des arboviroses (c’est-à-dire transmise par les arthropodes). Il n’y a donc pas de transmission directe de personne à personne.

Mali-Tribune : Dengue ou paludisme, comment distinguer ces maladies transmises par les moustiques ?

Dr. Dara : Il est difficile de faire la différence entre la dengue et le paludisme sur le plan clinique. C’est ce qui explique un grand nombre de cas de dengue. Elle est traitée comme le paludisme avant le diagnostic. Les manifestations se ressemblent sur plusieurs points, d’où la nécessité de faire une consultation médicale assortie d’un examen biologique pour confirmer le diagnostic.

Mali-Tribune : Comment se propage-t-elle ? Et quels sont les différents types de dengue ?

Dr. Dara : La dengue se propage à partir des moustiques aèdes qui vivent dans les eaux stagnantes dans les maisons, les pneus abandonnés et les fûts d’eau donc en rapport avec l’hygiène de nos milieux de vie. Il existe quatre sérotypes de virus dengue qui sont la DENV-1, la DENV-2, la DENV-3 et la DENV-4. Mais tous ont la même symptomatologie donc cliniquement pas de différence.

La dengue peut s’exprimer par un tableau pseudo grippal avec des signes mineurs souvent sans aucune nécessité de prise en charge. Mais aussi, elle peut présenter des tableaux assez sévères avec des hémorragies ou un choc avec hypotension. Ces formes peuvent engager le pronostic vital du malade avec possibilité de décès si une prise en charge adaptée n’est pas faite.

La majorité des personnes infectées ne présentent que de légers symptômes. C’est-à-dire qu’il se manifeste brutalement après 4 à 10 jours d’incubation par l’apparition d’une forte fièvre souvent accompagnée de maux de têtes, de nausées et de vomissements. Ces signes persistent pendant quelques jours.

Chez certains patients, le tableau clinique de la maladie peut évoluer vers une dengue sévère qui apparait généralement après disparition de la fièvre initiale et se caractérise par deux formes graves, dont la dengue hémorragique. Cette forme représente environ 1 % des  cas de dengues dans le monde avec des  douleurs abdominales sévères et des vomissements persistants.

La dengue avec syndrome de choc qui est la forme mortelle se caractérise par un collapsus circulatoire, c’est-à-dire une faillite profonde de la fonction circulatoire qui se traduit par exemple par un effondrement de la tension.

Mali-Tribune : Comment prévenir la maladie ? On en guérit comment ?

Dr. Dara : La prévention de la dengue se fait par l’éviction de la piqure des moustiques responsables. Cela passe par une bonne hygiène de notre espace de vie et l’utilisation des moustiquaires chez les malades et les membres de la famille.

Il n’existe pas de traitement curatif pour la dengue. On en guérit en soutenant le système immunitaire avec une bonne vitaminothérapie et en cas de formes grave la prise en charge exige un avis spécialisé. Le traitement est purement symptomatique.

Mali-Tribune : Quel doit être le comportement général du malade et son entourage ?

Dr. Dara : Le comportement du malade sera d’éviter de contaminer l’entourage en dormant sous moustiquaire durant toute sa maladie. La récupération est favorisée par un repos strict et une alimentation équilibrée avec éviction absolue d’une automédication. Les anti-inflammatoires peuvent aggraver le tableau.

A la population, nous demandons de consulter rapidement devant tout cas de fièvre avec ou sans signe de saignement, d’éviter toute automédication surtout les traitements traditionnels inadaptés qui peuvent dégrader la fonction rénale et hépatique.

Notre dernier mot à l’endroit de nos concitoyens est celui-ci : “La dengue tue et tue encore plus quand le traitement n’est pas adapté ou s’il est retardé pour diverses raisons. Consultez vite devant tout cas de fièvre en ces temps !”

Propos recueillis par

 Aïchatou Konaré

 

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