La patiente D. K., âgée de 38 ans, originaire de Kayes et y demeurant, hémodialysée chronique, vient de donner naissance à une fille à l’hôpital Fousseyni Daou de Kayes. Atteinte d’insuffisance rénale chronique d’origine hypertensive depuis 3 ans, la grossesse a été découverte autour de la 20e semaine. D. K. a accouché le samedi 9 novembre 2024. Aux dernières nouvelles, le bébé et la mère se portent bien.
Selon Pr. Magara Samaké, néphrologue à l’hôpital Fousseyni Daou de Kayes, c’est une première au Mali depuis le début de la dialyse en 1997.
“Des cas de grossesses se rencontraient, mais finissaient par avortement ou prématurité sévère avec naissance d’un mort-né. Dans la littérature, la fréquence de grossesse varie de 0,5 à 1,7 % avec des taux de réussite de l’ordre de 23 à 52 % selon les séries des données. Normalement évolutive et découverte autour de 20 SA, la grossesse a été suivie par une équipe multidisciplinaire (néphrologue, gynécologue et anesthésiste-réanimateur)”, explique-t-il.
A l’entendre, il ne s’agit pas d’un miracle, mais plutôt d’un fait médical extrêmement rare, surtout dans notre contexte de rareté des ressources et d’insuffisance des plateaux techniques.
“Cette grossesse a pu être menée à terme avec la naissance d’un nouveau-né en bonne santé de sexe féminin, grâce à une bonne collaboration multidisciplinaire. C’était une grossesse risquée avec beaucoup de facteurs qui menaçaient non seulement la vie de la maman, mais aussi celle du fœtus. Ceux-ci en rapport avec l’hypertension artérielle déjà sévère avant même la grossesse ainsi que l’anémie, les complications cardiovasculaires et minéralo-osseuses, liées à l’insuffisance rénale et à la dialyse”, indique le néphrologue.
Pr. Magara Samaké ajoute qu’actuellement, la maman et l’enfant se portent bien et l’équipe médicale également, car c’est une situation stressante qui pouvait se compliquer à tout moment.
Aux dires du président de l’Association des dialysés du Mali, Ibrahima Dembélé, cette naissance est une avancée de la médecine au Mali.
“On est très satisfait au niveau de l’association parce qu’il y a longtemps que j’avais demandé aux médecins de tout mettre en œuvre pour qu’on ait un premier cas au Mali”, se réjouit-il.
Dembélé signale qu’il a rencontré de nombreux enfants de la dialyse au Maroc. “C’est compte tenu de cela et malgré toutes les difficultés que rencontrent nos médecins, à savoir les problèmes de machines, de consommables, de places, que je les ai toujours encouragés afin de tout mettre en œuvre pour qu’on ait au moins une seule femme qui puisse donner naissance. Grace à Dieu, c’est arrivé à Kayes”, confirme-t-il.
Pour terminer, le président de l’Association félicite l’équipe médicale pour ce travail remarquable, félicite les parents et souhaite longue vie au bébé. Il souhaite que le même cas se produise dans les autres centres de dialyse du Mali.
Rappelons que la dialyse est un traitement de suppléance qui assure le remplacement de la fonction rénale pour les malades d’insuffisance rénale. Elle permet de débarrasser le sang des déchets et de l’eau accumulés en excès dans le corps.
Marie Dembélé