Après la suspension des partis politiques et des associations à caractère politique, par les autorités de la transition, les réactions se multiplient sur le plan national et international. L’ONU, les États-Unis, la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) se disent tous préoccupés et demandent aux autorités de revenir sur cette décision.
L’indignation de certains partis et mouvements politique ne retombe pas. Au contraire, elle s’amplifie après l’annonce, mercredi 10 avril dans la soirée, par les autorités de transition, de suspendre les activités des partis et des associations à caractère politique du pays.
Ainsi les partis, regroupements de partis et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024, ont annoncé leur « stupéfaction » dans un communiqué datant du 11 avril, suite à « la décision des autorités en place, de suspendre les activités des Partis Politiques et des activités à caractère politique des associations, en violation des Constitutions de 1992 et de 2023 et des lois encore en vigueur au Mali, notamment la Charte des partis politiques et la loi modifiée relative aux associations ». Avant d’attirer l’attention sur « le fait que ces atteintes graves aux libertés démocratiques sont sans précédent dans l’histoire du Mali depuis la chute de la dictature militaire du Général Moussa TRAORÉ »
Pour sa part la commission nationale des droits de l’homme CNDH désapprouve aussi cette décision contre les partis politiques. Dans un communiqué, elle se dit inquiète de la restriction de l’espace civique et politique au Mali. : « Les responsabilités de l’État sur la protection des citoyens, et sur la garantie des libertés fondamentales dont la liberté d’opinion, d’association, conformément à la réglementation, en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance » ; et attiré l’attention des autorités sur le fait que « l’exercice des droits civiques et politiques ci-dessus évoqués constitue l’essence d’un Etat démocratique respectueux des droits de l’Homme ». Elle a également invité à la fin de son communiqué, les populations, les hommes de médias et les utilisateurs de réseaux sociaux à s’abstenir des propos incitatifs à la haine et à la violence.
« Il est encore temps de stopper la catastrophe qui vient », a vivement réagi, l’ancien chef du gouvernement de IBK, en exil, Boubou Cissé, dans une publication sur sa page Facebook le jeudi soir.
Il a notamment estimé qu’en décidant « de mettre un coup d’arrêt aux activités politiques des citoyens dans tout le pays, les autorités prennent le risque d’aggraver une situation déjà précaire. Il est impératif de revenir sur cette décision et de restaurer le dialogue politique véritable au sein du peuple malien ».
« Le décret de suspension des activités des partis politiques, en plus de représenter le summum du mépris pour le peuple malien, son histoire et sa culture, est en soi un acte de la haute trahison qu’aucun fait ne saurait justifier », a estimé Housseini Amion Guindo, le patron du parti CODEM, dans un post Facebook. Il a également lancé « un vibrant » appel à l’ensemble des composantes de la société malienne, à résister à «cette ignominie et enclencher une désobéissance civile jusqu’à la chute du régime».
Inquiétude sur le plan international
Sur le plan international, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme s’est dit « profondément préoccupé » par la suspension des activités des partis politiques au Mali. Il demande à la transition d’abroger le décret. “Nous sommes profondément préoccupés par le décret suspendant les activités des partis politiques et autres associations civiques. Il doit être immédiatement abrogé », a indiqué le Haut-Commissariat sur le réseau social X.
Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a également dénoncé cette décision et a appelé le Mali à organiser des élections. « La liberté d’expression et la liberté d’association sont essentielles à une société ouverte », a-t-il déclaré devant la presse.
Dans un communiqué publié le 13 avril 2024, le Président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a exprimé une «profonde préoccupation» concernant la suspension de toutes les activités des partis politiques et des associations citoyennes au Mali, décrétée le 10 avril 2024 par les autorités de transition du pays.
Soulignant l’importance du droit à la participation, religieuse et politique considéré comme un fondamental, le diplomate tchadien a appelé les autorités de transition à réexaminer cette décision et à travailler conjointement sur une feuille de route visant à achever le processus de transition en cours.
L’Union Africaine a réaffirmé son soutien indéfectible au peuple malien et exprime sa volonté de collaborer étroitement avec les autorités de transition et toutes les parties prenantes du Mali. L’objectif est de rétablir l’ordre constitutionnel dans les délais prévus, favorisant ainsi la promotion d’une paix, d’une stabilité et d’un développement durable au Mali.
Mémé Sanogo