Soumeylou B. Maïga, deux ans après : La dette de la République envers un homme d’Etat

1

Le deuxième anniversaire de la disparition de Soumeylou Boubèye Maïga n’est pas passé inaperçu. À la différence de la première, la commémoration aura été certes moins tapageuse et s’est déroulée sans les affiches géantes et les slogans ayant précédemment inondé la capitale. Le souvenir est resté intact, en revanche. Il s’est notamment réveillé à travers des rappels et témoignages dans les réseaux sociaux ou encore plus discrètement par le biais de veillées communielles à l’échelle familiale. On y dénombre, par exemple, un communiqué de la famille politique de l’illustre défunt ou encore ce tonitruant coup de gueule d’une veuve encore inconsolable, à l’évocation des conditions de la perte de son époux. Les rappels et expressions d’état d’âme n’ont peut-être pas atteint les proportions ayant coûté des ennuis judiciaires à un certain Ras Bath encore détenu, mais les ressentis sont extériorisés avec les mêmes appréhensions et présomptions d’acharnement dans la gestion du dossier le concernant.

Interrogations et réserves

Elles ont trait avant tout à l’exhumation du dossier dit des « équipements militaires » au forceps. Alors qu’il était classé sans suite, le ministère public, en dépit des contradictions internes en son sein, va réussir le tour de force de l’extraire des décombres de l’histoire, en l’affectant au parquet général de la Cour suprême conformément au privilège de juridiction dû au statut de l’inculpé. Pour autant, les conditions d’une procédure irréprochable n’en étaient pas forcément réunies. Il fallait pour ce faire, en vertu des dispositions constitutionnelles encore en vigueur et applicables à la poursuite des ministres, que le dossier soit connu de la Haute Cour de Justice qui a cessé d’exister en même que la représentation nationale dont elle était l’émanation. Ça n’est pas l’avis du Procureur général, Timbo, qui a eu maille à partir avec son avocat général en soutenant que ce vide institutionnel immanent au coup d’Etat peut être comblé par une jurisprudence puisée de profondeurs insondables. Il en résulte, quoi qu’il en soit, une procédure lourdement affectée par le boulet des équivoques et suspicions de prépondérance d’une volonté politique d’exception sur les principes de droit.

L’air d’un acharnement d’outre-tombe

Les préjugés et présomptions d’un dossier téléguidé seront d’ailleurs corroborés tant par la rigueur de la détention préventive que par la posture des autorités devant l’ultime destin du détenu. Figure emblématique du Mali contemporain s’il en est, son séjour à la MCA aura offert le privilège aux autres détenus de droit commun de partager les indécentes conditions carcérales avec un ancien patron de la sécurité d’Etat auquel l’ingratitude de cette fonction a sans doute attiré tant d’inimitiés au nom de la République. Il sera certes transféré dans une structure hospitalière de la place, mais la prise en charge adaptée à son état de santé lui sera catégoriquement refusée, en dépit des alertes de spécialistes les plus avisés sur la nature de sa souffrance. Pas plus que les cris du cœur de sa famille et autres supplications de notabilités n’ont attendri la justice sur son sort. Faute de traitement adéquation, en définitive, SBM rendra l’âme un certain 21 mars comme par coïncidence à la veille de la Journée des Martyrs aux côtés desquels il repose au Cimetière de Niaréla. Il est mort sans avoir eu l’opportunité de se disculper, mais l’honneur et la dignité saufs de n’avoir jamais été reconnu coupable des faits qu’on lui reprochait. Il rejoindra toutefois sa dernière demeure sans les honneurs que lui doivent une République qu’il a servie et incarnée aux plus hautes dignités et dont il a détenu un moment les secrets les plus sensibles : Directeur de la sécurité d’Etat, ministre de la Défense par deux fois, ministre des Affaires Étrangères, Secrétaire général de la présidence et Premier ministre.

A KEÏTA

Commentaires via Facebook :

1 commentaire

  1. Amidou Keita, nous comprenons maintenant pourquoi tu es un aigri et un malheureux qui hait le Mali et le gouvernement de transition!

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!