Ousmane Issoufi Maiga, commission nationale d’élaboration de la charte pour la paix: il faut instaurer au Mali une gouvernance vertueuse’’

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Après les partis politiques, les légitimités traditionnelles, les jeunes et les femmes, les membres de la Commission nationale d’élaboration de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ont rencontré, hier mercredi, dans la matinée, les responsables des organisations socioprofessionnelles, au CICB. L’objectif étant de recueillir les observations, les critiques et les suggestions de ces acteurs clés pour enrichir le document.

Dans son mot de bienvenue, le président de la Commission nationale d’élaboration de l’Avant-Projet de Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, Ousmane Issoufi MAIGA dit Pinochet, a exprimé sa gratitude à ces acteurs du secteur privé venus nombreux l’écouter.

Malgré la tenue du dialogue inter-maliens, des assises nationales de la refondation, du DNI ainsi que les différents états généraux, force est de constater, souligne l’ancien Premier ministre, que le pays n’est pas sorti de la crise.

Tant qu’il n’y a pas de solution, a-t-il expliqué, ces problèmes vont demeurer. De son analyse, il ressort que toutes les questions tournent autour de la gouvernance.
« Il faut instaurer au Mali une gouvernance vertueuse. Au-delà de l’Etat, il doit y avoir aussi une gouvernance vertueuse de nos entreprises, dans nos villages », a affirmé M. MAIGA.

Dans leurs interventions, les participants ont, pendant plus de 3 heures, évoqué des préoccupations qui touchent tous les secteurs vitaux du pays.
A commencer par la justice, les impôts, les commerces, l’artisanat, la formation professionnelle et l’emploi des jeunes.

Ces préoccupations portent également sur la promotion des droits humains et la question de la politique culturelle.

Ces acteurs ont surtout dénoncé l’envahissement des marchés maliens par les acteurs étrangers, notamment les opérateurs économiques chinois qui les livrent une concurrence déloyale.

Par ailleurs, les intervenants ont, dans leur majorité, reconnus que la solution à la crise socio sécuritaire qui secoue notre pays depuis plus d’une décennie n’est pas militaire.
Pour eux, cette solution passe nécessairement par l’implication des citoyens dans la lutte contre l’insécurité.

Par exemple, El Hadj Dantouma KOÏTA, membre des syndicats nationaux des commerçants détaillants du Mali, invite les commerçants et les transporteurs à dénoncer tous les cas suspects aux autorités sécuritaires.

«Ils peuvent par système de dénonciation faire parvenir l’information aux autorités par rapport à la venue des bandits dans le secteur», a-t-il préconisé.

Pour Harouna Kanté, président des chambres de commerce et d’industrie de Bamako, il faut surtout qu’il y ait un changement de mentalité.
«Il faudra aussi que les maliens comprennent qu’aucun sacrifice n’est de trop pour le changement», a-t-il dit.

Selon Mme Cissé Fatimata KOUYATE, président des agences de voyage, la solution passe par le pardon.

«Avant, on ne pouvait aller à Ségou, aujourd’hui, il est possible d’aller à Kidal. Il faut que les Maliens se parlent et se pardonnent mutuellement», a-t-elle dit.

Pour sa part, la comédienne et femme de média, Fatoumata COULIBALY dite ‘’FC’’ préconise la formation des jeunes dans les métiers du cinéma pour lutter contre le chômage.

Dans ses mots d’apaisement, l’ancien Premier ministre a reconnu qu’il était important de faire une régulation à tous les niveaux.

Pour lui, tous les acteurs économiques doivent se remettre en cause quand on sait que dans notre pays, on ne produit plus, on ne fait que consommer.

«Gérer le pays dans ces circonstances où le monde entier est bouleversé n’est pas chose aisée», a-t-il reconnu.

Selon lui, Bamako est déconnecté du reste du Mali. C’est pourquoi, a-t-il fait savoir que dans les jours à venir, les membres de la Commission vont se rendre à l’intérieur du pays pour parler sur comment les paysans ne peuvent pas aller cultiver au champ, les éleveurs ne peuvent pas aller en pâturages avec les animaux, les prêcheurs ne peuvent pas aller au fleuve, et où les commerçants ne peuvent pas aller et revenir.

«Les problèmes de libre circulation des personnes et des biens sont des problèmes de droits humains, de droits économiques. Toutes ces questions, nous allons les discuter avec les gens », a-t-il rassuré.

Dans son propos, il a réaffirmé tout l’engagement du Chef de l’Etat de faire en sorte que les Maliens eux-mêmes s’approprient le processus de paix.

Ainsi, le Dialogue inter-maliens a, dit-il, eu lieu sur l’ensemble du territoire national et dans les missions diplomatiques et consulaires du Mali. L’une de ses principales résolutions a porté sur l’élaboration d’une Charte pour la Paix et la Réconciliation nationale.
D’où la création de cette commission qu’il a l’honneur de diriger.

La Charte, a-t-il expliqué, doit constituer un document de référence pour toutes initiatives, actions et activités qui concourent à la sécurité, à la paix, à la réconciliation nationale, à la cohésion sociale et au vivre-ensemble au Mali.

Par Abdoulaye OUATTARA

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