Moussa Diarra, politologue : « Organiser l’élection présidentielle sans les grandes formations politiques, c’est semer les graines d’une nouvelle crise politique »

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Le Mali, en proie à des turbulences politiques et sécuritaires, se préparerait à organiser une élection présidentielle. Cependant, la perspective de mener ce scrutin sans la participation des grandes formations politiques suscite de vives inquiétudes. Une telle démarche risque fort de plonger le pays dans une nouvelle crise politique aux conséquences imprévisibles.

Au Mali, depuis l’avènement de la démocratie en 1991, les formations politiques notamment les grandes jouent un rôle crucial dans la stabilité et la légitimité des processus électoraux. Elles représentent des blocs significatifs de l’électorat et leurs leaders sont souvent des figures influentes capables de mobiliser des soutiens importants. En effet, les grandes formations politiques ont boycotté la rencontre entre le patron de l’AIGE et les partis politiques, arguant que 11 de leurs camarades politiques sont en détention illégale. À la rencontre du MATD, les mêmes formations politiques ont brillé par leur absence, posant les mêmes conditions.

Il n’est pas exclu que ce sont certainement de faux spécialistes ou connaisseurs de tout qui font croire au Prince du jour que les partis politiques ne représentent plus grand-chose et qu’ils peuvent foncer. Des observateurs préviennent que vouloir exclure ces partis du prétendu processus électoral peut sembler simple à leurs yeux, mais avec des conséquences qu’il faudra assumer. D’abord, le faire, affirme Moussa Diarra, politologue, « revient à marginaliser une partie essentielle de la population ».

Selon lui, les rencontres de l’AIGE ou du MATD sur les questions d’élections ou de paix, sans la participation des principales formations politiques, présentent plusieurs risques majeurs.

Sur la question des élections, notre interlocuteur a laissé entendre qu’une élection sans la participation des grands partis est susceptible d’être perçue comme illégitime, tant par les électeurs que par la communauté internationale. « Cela pourrait entraîner des contestations post-électorales et des troubles sociaux. » « Cela peut exacerber les tensions entre les différentes factions politiques, alimentant des divisions et des ressentiments qui peuvent dégénérer en conflits ouverts. À cela s’ajoute la faible participation électorale. »

Le Mali, déjà confronté à des défis sécuritaires majeurs, pourrait voir sa stabilité politique encore plus fragilisée, compliquant davantage la gestion de la crise sécuritaire et humanitaire.

Pour éviter de semer les graines d’une nouvelle crise politique, M. Diarra conseille : « il est impératif que les autorités privilégient un dialogue inclusif. Toutes les parties prenantes, y compris les grandes formations politiques, doivent être impliquées dans le processus électoral. » Cela implique de négocier et de parvenir à des accords sur les conditions de participation, les réformes électorales nécessaires et les garanties de transparence et d’équité du scrutin.

Vouloir organiser une élection sans les grandes formations politiques, c’est courir le risque de déclencher une nouvelle crise politique. Pour garantir la stabilité et la paix, il est essentiel de privilégier l’inclusivité et le dialogue. Ce n’est qu’en réunissant toutes les forces politiques autour de la table que le Mali pourra espérer organiser un scrutin crédible et accepté par tous, jetant ainsi les bases d’un avenir plus stable et prospère.

Mohamed Keita

 

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