Alors que la question de la monnaie occupe toutes les conversations politiques au sein des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel , le comité stratégique du M5-RFP Mali Kura ouvre le débat sur la création de cette nouvelle monnaie et sa soutenabilité.
Faut-il créer une nouvelle monnaie enjeux et soutenabilité ? Telle est question qui était au centre d’une conférence –débat initiée, le week-end passé, à Bamako par le M5-RFP Malikura et animée par deux économiste, Modibo Mao Macalou et le professeur d’économie à la Faculté des Science Economique et de gestion, Issa Diallo.
En présence des membres du comité stratégique, le Pr Issa Diallo est revenu sur les conditions de la création de la nouvelle monnaie. Selon lui, la création d’une monnaie nécessite d’abord une décision politique, un volet technique avec la création d’une banque centrale et une capacité pour le pays créateur de la monnaie de produire et d’exporter vers l’extérieur pour la viabilité de la dite monnaie. Ce professeur d’économie est partisan de la création d’une nouvelle monnaie parce qu’il estime que la situation actuelle marquée par la levée des fonds sur le marché de l’UEMOA avec un taux de remboursement élevé l’exige. Pr Diallo pense que la quantité d’or produit par le Mali et le Burkina réunis suffit pour constituer une réserve d’or importante pour soutenir une monnaie. Il propose d’indexer à la devise d’un pays partenaire important avec lequel les pays ont des liens économiques forts.
«L’économie n’aime pas l’incertitude », déclare l’économiste Modibo Mao Macalou qui pense qu’il est trop tôt pour aller à la création d’une nouvelle monnaie. « Les trois pays de l’AES ont eu une dette de 4 500 milliards envers l’UEMOA », rappelle l’économiste, expliquant que la nouvelle banque centrale des trois Etats aura des difficultés à rembourser cette dette colossale et faire face également au financement de la lutte contre le terrorisme et les projets de développement. Pour l’économiste, la monnaie est tellement importante dans le destin d’une Nation qu’elle ne peut pas se décider dans la précipitation. « Il faut engager le débat, les études pour évaluer la faisabilité », propose Modibo Mao Macalou.
Les politiques se sont invités dans ce débat sur la création d’une nouvelle monnaie. Pour l’homme politique, la création d’une nouvelle est un enjeu tellement important qu’elle ne peut se décider sans les partis politiques. Tirant les conséquences de l’échec de l’expérience de la création de la première monnaie, Konimbé Sidibé déclare que tant que le pays est caractérisé par la mauvaise gouvernance, la création d’une nouvelle monnaie ne saurait être un levier économique. « La création d’une monnaie pour relancer l’économie est une idée archifaux. L’alternative à la relance de l’économie est la bonne gouvernance. La confiance à la gouvernance et à l’économie est la seule garantie pour sortir ces pays dans l’impasse », analyse ce membre du comité stratégique du M5-RFP qui ne voit pas l’utilité d’aller vers une nouvelle monnaie dans cette période d’incertitude.
Rester dans la CEDEAO
Les participants à cette conférence-débat sont unanimes sur le maintien du Mali dans la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest. L’économiste Moussa Diallo pense que les pays de l’AES peuvent créer une nouvelle monnaie tout en restant membre de la CEDEAO. « Tous les dirigeants du Mali ont toujours travaillé au développement du panafricanisme. L’avenir du Mali est dans l’unité africaine, dans le multilatéralisme et non dans la fragmentation », conclut Modibo Macalou. Le représentant du parti Yelema comme le président du parti FARE pensent que l’avenir du Mali est dans l’intégration économique avec la CEDEAO et la politique monétaire de l’ECO.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net