Rien ne va plus entre les deux alliés et de surcroit têtes de l’exécutif, à savoir le Président de la transition le Colonel Assimi Goita et son Premier Ministre Dr Choguel K Maiga, depuis que les rumeurs persistantes du départ du PM ont commencé à circuler. Les deux complices d’hier sont sur le point de devenir deux ennemis jurés et en pareille circonstance, c’est bonjour les révélations les plus fracassantes. Le PM semble déjà ouvrir le bal à travers son mémorandum à l’allure d’un pamphlet. Ce document qui capitalise aujourd’hui toutes les frustrations du M5 RFP tendance Choguel n’est que la partie visible de l’iceberg et que d’autres révélations s’en suivront après le départ de Choguel K Maiga de la primature. Le PM aurait-il l’audace d’affronter Assimi Goita après son départ de la primature ? N’est-il pas en train de récolter ce qu’il a semé ? La classe politique malienne ne se frotterait-t-elle pas les mains si les rumeurs du départ du PM se confirmaient ?
Le divorce entre le Mouvement du 5 juin rassemblement des forces patriotiques, la branche politique de la transition, tendance Choguel K Maiga et le Comité National pour le Salut du Peuple CNSP, branche militaire, est presque consommé. En effet, depuis quelques jours un mémorandum signé par Boubacar K Traoré, le poulain de Choguel K Maiga, circule sur les réseaux sociaux. Ce document, à l’allure d’un pamphlet, critique sans ambages et dénonce sans langue de bois certaines tares de la gouvernance du régime transitoire et certaines pratiques qui seraient totalement en déphasage avec la lettre et l’esprit de la lettre du pacte d’honneur et de collaboration entre le M5 RFP et le CNSP. La question qui est sur toutes les lèvres est celle de savoir pourquoi c’est seulement maintenant que le M5 RFP dénonce ces tares dont certaines datent de plus de deux ans ? La réponse se trouverait à coup sûr dans les rumeurs qui font état du probable départ du PM de la primature. Les partisans du PM crient aujourd’hui à la trahison et à la violation du pacte de partenariat qui lie les deux composantes civilo-militaire de la transition. Les dés semblent piper pour celui qui a fait feu de tout bois pendant près de trois ans, à savoir le PM. Le pamphlet de ses partisans en dit long sur sa colère noire. Le malaise est d’autant plus profond entre les deux têtes de l’exécutif, à savoir Assimi Goita et Choguel K Maiga que si les rumeurs de son départ se confirmaient, il faudrait s’attendre à un déballage des secrets les plus intimes via les vidéo mens à la solde du PM.
Le PM aurait-il l’audace d’affronter Assimi Goita après son départ de la primature ?
Le Premier ministre Choguel K Maiga n’aura certainement pas l’audace d’affronter à visage découvert son probable ex mentor, bien que rusé et très futé politiquement, pour la seule et simple raison qu’il aurait la justice à ses trousses, car selon nos informations un dossier le concernant existerait au Pôle économique. Mais il est fort probable qu’il actionne ses relais et tous ses partisans qu’ils soient activistes-vidéo mens ou hommes politiques. Dans tous les cas de figure le PM a une grande capacité de nuisance, surtout qu’il aura en face de lui des néophytes en politique et surtout des autorités fortement affaiblies par les différentes crises qui secouent actuellement le pays. D’ailleurs il nous a été donné de constater que certains vidéo mens basés à l’extérieur s’adonnent à cœur joie dans les critiques les plus acerbes à l’encontre du Président de la transition. D’autres prendront le relais dès l’annonce du départ de Choguel de la primature. Comme pour dire que la liste des opposants à la transition s’allonge.
Le PM Choguel K Maiga n’est-il pas en train de récolter ce qu’il a semé ?
L’on pourrait caricaturer Choguel K Maiga en le comparant à un lion sans griffes ni dents, donc sans défense face à l’ennemi, il devient en ce moment une proie facile. Pour rappel la nomination de Choguel K Ma iga comme premier ministre a été non seulement salué par toutes les forces favorables au changement, mais aussi et surtout a suscité un immense espoir celui de donner à la classe politique la place qui lui revient dans la gestion de la République. Mais cet espoir a été très vite déçu par celui-là même qui l’avait suscité à savoir Choguel K Maiga quand il a pris pour cible ses propres camarades du M5 RFP et considéré comme ses ennemis jurés l’ensemble de la classe politique malienne. Comme un règlement de compte, il s’est attaqué à tous les symboles du mouvement démocratique et de la démocratie en général. Sans discernement il a fait porter le chapeau de la décadence, voire de l’effondrement du pays aux « démocrates sincères ». Ce qui semble intolérable de la part du PM c’est le fait de se désolidariser du mouvement démocratique, alors qu’il a assumé des postes de responsabilité sous deux de trois régimes qui ont gouverné le Mali post révolution de 1991, autrement dit pendant la période démocratique. Aujourd’hui, il n’a ni le soutien de la classe politique, qui aurait dû être son soutien naturel, encore moins celui de la société civile qui lui voue une haine viscérale. Donc il est en train de récolter ce qu’il a véritablement semé. Son allié naturel devenu son ennemi, à savoir la classe politique, s’en lave les mains et se réjouit même de sa traversée du désert
La classe politique malienne ne se frotterait-t-elle pas les mains si les rumeurs du départ du PM se confirmaient ?
Elle dansera à coup sûr le « Moriba yassa » si la rumeur du départ de Choguel K Maiga se confirmait. Le PM, au lieu d’être une solution à une sortie de crise, en rajoute presque tous les jours. En manque de préoccupation et d’activités à la primature, le PM ne s’adonnait qu’à son exercice favori, celui d’invectiver les voix discordantes, critiquer l’occident et vilipender ses camarades qui ne suivent pas la même trajectoire que lui. Il n’a jamais proposé des solutions aux problèmes récurrents qui plombent le quotidien des populations, à savoir le courant, la vie chère, la question d’emplois, bref sa seule préoccupation était son fauteuil primatorial. La classe politique ne pourrait que se réjouir de son départ de ce poste hautement stratégique qu’est la primature. Choguel K Maiga a échoué à rassembler les forces vives du pays, il les a même divisés, il n’a non plus réussi à réconcilier les maliens avec eux-mêmes et avec les autres. Son départ sonnera comme un nouvel espoir pour rassembler les maliens et définir rapidement un nouveau cap permettant aux maliens d’amorcer un nouveau virage pour une sortie rapide de la transition, par l’organisation d’élections crédibles, transparentes et inclusives.
Youssouf Sissoko
