La CMAS de l’Imam Mahmoud Dicko à son tour dissoute : La classe politique malienne va-t-elle assister à la mort programmée de la démocratie ?

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Acquise au prix du sang des martyrs, un certain 26 Mars 1991 avec le renversement de l’une des dictatures les plus féroces du 21ième siècle, celle du Général Moussa Traoré, la démocratie malienne est aujourd’hui  malmenée par le régime du Colonel Assimi Goita et cela sous le regard impuissant des acteurs du Mouvement démocratique. Le régime militaire au pouvoir au Mali, après avoir rétréci les marges de libertés, a décidé de mettre fin aux activités politiques et à la veille citoyenne de certains partis politiques et associations. C’est le cas du Parti Social-Démocrate Africain, PSDA d’Ismaël Sacko, de l’observatoire pour  les élections et la bonne gouvernance au Mali  d’Ibrahim Sangho, du Mouvement Kaoural Renouveau International d’El hadj Oumar Abdou Touré, de SADI d’Oumar Mariko, et de la CMAS de Youssouf Diawara, un mouvement se réclamant des idéaux de l’Imam Mahmoud Dicko, pour ne citer que ces quelques entités. Elles ont toutes subi la rigueur du glaive des princes régnant au Mali. Ils sont dissouts au motif qu’ils contribuent à déstabiliser la République par leurs activités subversives. Ce qui est aberrant ce que toutes ces bourdes se passent sous le regard apeuré et impuissant de la classe politique malienne. Si certains partis politiques ont  condamné timidement d’autres ont préféré observer silence radio. Le Président de la transition Assimi Goita a-t-il des bons conseillers politiques ?  Les consulte-t-il avant de prendre de telles décisions lourdes de conséquence pour la paix, la stabilité, la cohésion sociale et pour la bonne marche de la démocratie ? Le Mali est-il en train de retomber dans les années de braise du dictateur Moussa Traoré ?

Ne dit-on pas que la démocratie est incompatible avec le pouvoir Kaki ? En tout cas la preuve est en train d’être donnée par les tenants du pouvoir au Mali. Les officiers qui se sont accaparés du pouvoir au Mali le 18 Août 2020 semblent hostiles à la démocratie, car l’une des caractéristiques fondamentales de ce modèle de gestion est la liberté d’expression et d’association. Ces deux libertés sont en passe d’être mise entre parenthèses et cela au nom de la stabilité du pays. Sinon comment comprendre qu’après avoir voté à un score nord-coréen une Constitution purement démocratique que l’on puisse violer cette même constitution en rétrécissant les marges de libertés et en imposant la pensée unique. Le tort des partis et associations qui ont été dissouts est d’être une voix critique vis-à-vis de la transition. Concernant le dernier mouvement, à savoir la CMAS, qui a été dissout par les autorités, ses leaders  ont, semble-t-il, tout simplement exigé le respect des engagements en tenant les élections à dates échues, dans le cas contraire ils exigent la mise en place d’une transition civile qui organisera dans un bref délai des élections pour mettre fin à cette période exceptionnelle qu’est la transition. Au lieu de prêter une oreille attentive à ce cri de cœur ou de colère, les tenants du pouvoir d’Etat font plutôt feu de tout bois en dissolvant tous les partis politiques et associations qui ont une voix discordante à celle des princes du jour.

La question que l’on est en droit de se poser est celle de savoir pourquoi la classe politique assiste impuissamment à la dissolution des partis politiques sans broncher ? Elle est certes très affaiblie à cause de son passé trouble et surtout de la campagne de dénigrement qu’elle a subi, mais elle n’aura aucune excuse si elle ne réagit pas, de la façon la plus vigoureuse et à la plus responsable, à la dissolution des partis politiques. Comme pour paraphraser ce grand poète qui affirme sans ambages que honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle. En extrapolant nous dirons que les partis politiques auront tort d’assister sans broncher à la mise entre parenthèses de la démocratie.

 Le Président de la transition Assimi Goita a-t-il des bons conseillers politiques ?  Les consulte-t-il avant de prendre de telles décisions lourdes de conséquence pour la paix, la stabilité, la cohésion sociale et pour la bonne marche même de la démocratie ?

Ces deux questions méritent d’être posées surtout quand on sait que leurs conséquences sont gravissimes sur le bon fonctionnement de la démocratie et sur la cohésion sociopolitique. Ces décisions sont très lourdes de conséquences c’est pourquoi elles ne devraient être prises qu’après concertations et consultations des voix les plus expertes. Le Président de la transition a dû prendre seul ou en groupe restreint avec de non experts en analyses politiques. Si tant est qu’il avait intégré cette donnée qui consiste à dire qu’il n’y a pas de démocratie sans partis politiques et que la Constitution dont il est le garant accorde une place de choix à toutes les formes de libertés. Ces décisions de dissolution des partis politiques et d’associations sonnent comme une violation de la Nouvelle Constitution, celle qui a été adoptée par une large majorité des votants, car elle consacre une large part à la démocratie et à tous ses dérivés. Les partis politiques et les associations sont les fondements de la démocratie, c’est eux qui assurent son animation et ont comme vocation la conquête et l‘exercice du pouvoir d’Etat, à travers leurs dirigeants. Les conseillers politiques  du Président de la transition auraient dû lui dire que son sort pourrait être un jour entre les mains de ceux-là mêmes qu’il martyrise et méprise tant, donc il doit avoir le sens de la mesure et de la retenue, pour ne pas être victime de certaines décisions qu’il a prises étant au pouvoir.

Le Mali est-il en train de retomber dans les années de braise du dictateur Moussa Traoré ?

Qu’il soit clair dans tous les esprits, la démocratie est irréversible, elle pourrait subir des coups, elle peut même être mise entre parenthèses pendant un bout de temps, mais elle reste la seule alternative crédible pour une gestion moderne impliquant le peuple. Les hommes et les femmes en charge de la gestion des affaires publiques peuvent échouer, mais la démocratie n’est nullement à remettre en cause, surtout si tant est qu’elle est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, donc tout ce qui concoure à son ancrage doit être préservé. Un retour aux années de plomb serait une utopie car le peuple ne serait jamais prêt à un tel rétropédalage. Le passé doit juste nous servir de leçon pour bâtir un avenir radieux.

Youssouf Sissoko

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