Le chef de l’Etat devrait nourrir l’ambition légitime de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle. Pourra-t-il se mettre à dos la classe politique dans cette perspective ?
Pour bien d’observateurs de la scène politique nationale, le président de la Transition est désormais dans une posture de briguer le fauteuil présidentiel du palais de Koulouba. Cela ne peut plus en être autrement avec autant de fronts et de fronde dans la gestion du pouvoir de Transition.
En effet, avec la lutte frontale pour la création de la confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), dont il assure la présidence, dès le départ, le Col Assimi Goïta apparaît désormais comme le leader du « Sahel de la réaffirmation de la souveraineté retrouvée ». Cette étiquette lui impose de garder en mains les leviers du pouvoir d’Etat au Mali et inspirer ses frères d’armes du Burkina Faso et du Niger. Ce qui implique qu’en doyen des chefs d’Etats de l’AES, le col Assimi Goïta voudra porter l’étendard de la lutte pour s’affranchir du joug de la CEDEAO. Et celle-ci ne se fait pas prier pour annoncer les couleurs d’éventuelles mesures de rétorsions contre l’AES. Le chef de l’Etat ne voudra pour rien au monde quitter le terrain de cette nouvelle… « guerre d’indépendance » des jeunes générations panafricanistes. Ce qui va lui imposer de se porter candidat afin de se draper du manteau de président de la République du Mali.
Or, cette ambition est incompatible avec une posture de fossoyeur de la classe politique, étant entendu que le président de la République est constitutionnellement au-dessus de la mêlée partisane. Il est plutôt le garant du bon fonctionnement de l’attelage politico-institutionnel.
En plus, pour se faire élire au palais présidentiel, il est difficile à tout dirigeant de se passer des acteurs politiques. Et qui oblige le Col Assimi Goïta à revoir la copie de sa ligne de départ, en faisant amende honorable, en direction des forces vives du pays. Car, n’a-t-il pas besoin d’un accompagnement de plusieurs partis et associations à caractère politiques, pour construire son puzzle du pouvoir républicain ? Rien n’est moins sûr !
Certaines confidences parlent d’ailleurs du projet de création prochaine d’une vaste plateforme politique regroupant les partis, mouvements et associations acquis au changement qu’incarne le col Assimi Goïta. Et ce projet, hautement stratégique, dans la marche pour la conservation du pouvoir, ne peut se concrétiser si le chef de la Transition ne réajuste le tir. Il s’agit d’une sorte d’opération de charme qui peut séduire certains acteurs militants et acteurs politiques en vue d’un repositionnement stratégique. Ce qui, selon les analystes, aidera à fissurer davantage les partis politiques traditionnels, dans le but de consolider l’éventuel électorat du Col Assimi Goïta.
Certaines sources n’hésitent pas à surfer sur des actions de clémence du chef de l’Etat, dans la perspective électorale. Il peut s’agir de mesures de grâce présidentielle en faveur de certains détenus, cadres de partis politiques. Ce qui pourrait doper éventuellement la cote de popularité du chef de l’Etat et lui permettre d’atteindre ses objectifs électoraux.
Boubou SIDIBE/maliweb.net