La semaine dernière la toile a été prise d’assaut par les chasseurs d’informations, de buzz et de chroniqueurs politiques à la recherche d’échos complémentaires à cette nouvelle relative à la mise en place d’un gouvernement et d’un parlement parallèles aux institutions de la transition. Un manifeste a fait le tour des réseaux sociaux, sans signatures, ni noms, mais qui a mis en branle les autorités au point de pousser le procureur national spécialisé dans la lutte contre la cyber criminalité à publier un communiqué mettant non seulement en garde les auteurs de ce manifeste, mais aussi et surtout dit mener des enquêtes pour identifier les auteurs et les traduire devant la justice pour atteinte au crédit de l’Etat, trouble à l’ordre public et atteinte à la sureté de l’Etat. Cette coalition, dont les initiateurs seraient en exil, fait suite à une autre composée des partis politiques et d’associations de la société civile et qui a la même revendication que la coalition en exil, à savoir le retour à l’ordre constitutionnel, précédé par la mise en place d’une transition civile. Y a-t-il un lien entre les deux coalitions celle dedans comme celle dehors ? L’Etat va-t-il prendre au sérieux leurs menaces à peine voilées ?
Après les parties signataires du 31mars 2024, qui ont demandé la mise en place d’une transition civile c’est au tour d’un panel des démocrates maliens, en exil, d’annoncer la mise en place d’institutions civiles pour évacuer les affaires courantes en attendant l’élection d’un nouveau président. Personne, au départ, n’avait cru en une telle déclaration sans nom ni signature si ce n’est le procureur de la lutte contre la cyber criminalité qui a fait un communiqué dans lequel il dit ouvrir une enquête pour identifier les auteurs et les traduire devant la justice. La situation s’est éclaircie quand les initiateurs du projet se sont fendus d’une autre déclaration faisant état de la mise en place d’un parlement transitoire et d’un gouvernement du même nom, cette fois-ci avec un certain Touré qui serait en exil en Suisse. Les masques sont clairement tombés. Si pour certains observateurs ces gens ne sont que de farfelus, pour d’autres leurs actions doivent être minutieusement décryptées pour connaitre ces ramifications et les hommes qui sont tapis dans l’ombre en train de manouvre. Leurs actions n’ont rien d’anodines, elles semblent être les fruits d’une mûre réflexion et d’une meilleure planification. C’est pourquoi les autorités sont pieds d’œuvre pour démasquer les auteurs et leurs commanditaires
Y a-t-il un lien entre les deux coalitions celle dedans comme celle dehors ?
Nul ne saurait le dire pour le moment, car après la déclaration du panel des démocrates les leaders des parties signataires de la déclaration du 31 mars que nous avons reproché disent ne pas être au courant d’un tel mouvement. Ils renchérissent en disant que bien que leurs revendications soient identiques, il n y a aucune espèce de complicité entre les deux coalitions. Les enquêtes sont en cours en attendant leur fin l’on ne peut que spéculer. Mais ce qui est sûr les actions de l’une comme de l’autre coalition ne sauraient être anodines et il est fort probable qu’il y ait une complicité entre les deux, ou il y en aura forcément si tant est qu’elles visent le même objectif. Comme pour dire aux autorités qu’elles ne doivent dormir désormais que d’un seul œil. En plus de ces deux coalitions il y a un mouvement d’humeur chez les religieux qui ont tenu une assemblée générale à la grande mosquée de Bamako pour exprimer leur ras-le bol face à ce qu’ils ont appelé les atteintes répétitives aux valeurs de l’islam. La coupe est sur le point d’être pleine pour les autorités.
L’Etat va-t-il prendre au sérieux leurs menaces à peine voilées ?
Toutes les menaces sont à prendre au sérieux, surtout par ce temps qui court. La crise sociale bat son plein, la crise financière ne désemplit pas, la crise sociopolitique s’exacerbe après le dialogue inter maliens qui a donné quitus au Président de la transition de proroger son bail jusqu’en 2029, bref tous les ingrédients des remous pouvant aller jusqu’au soulèvement populaire sont réunis, il suffit d’une petite brindille d’allumette pour voir embraser la forêt de feu. Les autorités doivent prendre toutes les menaces au sérieux et surtout parée au plus pressé pour apporter des réponses à certains questionnements. Les semaines voire les mois à venir risquent d’être déterminant pour la suite du feuilleton à plusieurs séries.
Youssouf Sissoko