Si, en dépit de la forte répression des crimes économiques, la tendance à la délinquance financière est toujours en hausse, il faut s’interroger et… réajuster le tir.
Les autorités de Transition poursuivent inlassablement leurs efforts de lutte contre la corruption et la délinquance financière. Sauf que l’on peine à en percevoir les retombées. Et l’on l’impression que la corruption et la délinquance financière s’est résolument installées dans nos mœurs.
En effet, le Vérificateur Général était au palais de Koulouba, le jeudi dernier, pour présenter au chef de l’Etat, le Rapport annuel 2023. Et c’est au total, une cinquantaine de missions de vérification, de contrôle de performance, et d’évaluation des politiques publiques, que les Enquêteurs du Bureau du Vérificateur Général (BVG) ont menées en 2023. Il s’agit des investigations dans des secteurs importants comme la santé, l’éducation, l’énergie et l’eau.
L’on retiendra de cette cérémonie de présentation de Rapport que le nombre de dossiers de malversations présumées dénoncés à la justice est en hausse par rapport à l’édition précédente. Ce qui prouve que les autorités de Transition sont sur une bonne lancée, mais le mal persiste. Donc, la croisade contre la mauvaise gouvernance n’est pas une course contre la montre, mais de longue haleine. Car, il apparait que les cas d’indélicatesses portant sur les deniers publics ne diminuent pas. Au contraire… Comment expliquer alors qu’en dépit des nombreuses poursuites judiciaires engagées pour détournements présumés de deniers publics, la tendance n’est pas à la baisse ? La politique de répression des actes de mauvaise gouvernance ne serait donc pas la solution. Elle a des limites qu’il faut contourner.
Puisque, à l’entame de cette période transitoire, c’était tout feu, tout flamme contre les potentiels délinquants financiers. Mais, aujourd’hui, une baisse de régime est perceptible. Car, au sein des administrations, les agents ont dû noter que la plupart des actions en justice n’ont pas abouti. Il y a eu des cas de liberté provisoire ou des détentions préventives, en attendant des enquêtes complémentaires.,
LIl faut rappeler que le Rapport du BVG a permis au président de la Transition, le général d’Armée Assimi Goïta, que la corruption ne recule presque pas au Mali., Puisque le Rapport des autres structures de contrôles et en particulier celui de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) avaient fait noté cet état de chose. Donc, le constat global, du reste, titré par un confrère en manchette, est « le nombre de dossiers dénoncés aux Pôles économiques et financiers passe de 22 en 2022 à 35 en 2023 ». Ce qui pousse certains observateurs à conseiller aux autorités de revoir la politique de l’Etat en matière de luette contre la corruption et la délinquaance financière. Car, le mal est profond et il faut lui administrer une thérapie de choc, qui ne doit pas nécessairement être la répression.
C’est dans ce sens qu’au temps d’ATT, l’Etat a toujours privilégier une pédagogie préventive et une sensibilisation à la restitution de fonds détournés. Et feu le président ATT disait qu’il ne doit pas s’agir d’une politique spectacle visant à ridiculiser ou humilier des cadres du pays.
Cela incite à se demander si les actions judiciaires entamées dans ce domaine ont permis de concentrer les efforts sur le recouvrement des fonds présumés détournés. Combien de milliards F CFA des nombreux dossiers de malversations enregistrées par l’Etat ont été recouvrés ? Pourquoi les autorités judiciaires ne peuvent-elles pas mettre siur pied des mécanismes discrets de coercition pour récupérer les fonds publics en cause ? Cela ne devrait-il pas se faire en privilégiant une sorte de diplomatie de confrontation ou de justice transitionnelle ? N’a-t-on l’impression que la pléthore de mandats de dépôts décernés dans ce domaine a été plutôt contre-productive ? Rien n’est moins sûr, quand on sait que plusieurs cadres de l’Etat jetés en prison se résignent à n’envisager même pas des paiements de caution de liberté provisoire….
En outre, il urge que les pouvoirs publics réfléchissent à mettre en place des initiatives dissuasives des indélicatesses financières. Cela peut se faire à travers un haut degré de digitalisation des services de perception. Ce qui donne des gages de traçabilité et de transparence dissuadant tout cadre d’avoir des velléités prévaricatrices sur les deniers de l’Etat.
Boubou SIDIBE/maliweb.net