En l’absence du PDG pour raison de santé, c’est le gestionnaire de la société Baraka Petroleum, Yaya Bathily qui a été entendu par la Chambre d’accusation de la Cour Suprême dans le dossier de l’exonération du carburant de l’Energie du Mali (EDM-Sa). Finalement, il a été libéré. On reproche à Baraka Petroleum un écart de 315 000 litres de fuel lourd dont la valeur est estimée à près de 150 millions FCFA, d’après les enquêtes du Pôle national économique et financier. Et pourtant, la société dispose de tous les documents justificatifs comme quoi cette quantité avait bel et bien été livrée. C’est juste une incompréhension. D’ailleurs, cette quantité n’a pas été facturée pour le moment par Baraka Petroleum. En d’autres termes, la facture n’est pas encore payée par l’EDM-Sa. C’est quoi exactement cette affaire ? Suivez notre enquête.
C’est quoi l’écart de 315 000 litres de fuel lourd (150 millions FCFA) reproché à Baraka Petroleum ?
L’affaire sur les 27 groupes électrogènes et des exonérations du carburant de l’Energie du Mali (EDM-Sa) a connu un nouveau rebondissement en début de semaine. Après les enquêtes du pôle national économique et financier, le dossier était donc en instruction au niveau de la Cour Suprême du Mali puisqu’un ancien ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau en la personne de Lamine Seydou Traoré était impliqué. Ce dernier a été placé sous mandat de dépôt, après quelques heures d’audition.
Deux anciens directeurs généraux à savoir Oumar Diarra et Koureissi Konaré et plusieurs cadres et agents de l’EDM ont été entendus dans le dossier des groupes électrogènes avant d’être placés aussi sous mandat de dépôt.
Heureusement, le Président du Conseil d’Administration de l’EDM-Sa, Abdramane Dembélé a échappé bel. Il a été libéré de toutes les accusations par la Cour Suprême alors qu’il avait passé quelques jours en garde à vue au pôle national économique et financier.
L’autre dossier concernait les exonérations sur les produits pétroliers (gasoil et fuel). Là aussi, l’ancienne cheffe du bureau des produits pétroliers de la douane, Mme Saran Diakité n’a pas échappé. Elle a été également placée sous mandat.
Dans ce dossier, trois sociétés opérant dans le domaine des hydrocarbures sont citées. Il s’agit de Lah et Fils de Mahamadou Lah plus connu sous le nom de Mama Lah, la société Fatoumata Bathily et la société Baraka Petroleum.
A la Cour Suprême, Baraka Petroleum était représentée par son gestionnaire Yaya Bathily puisque le patron de la société se trouve en dehors du pays pour raison de santé.
Si les responsables des sociétés «Lah et Fils» et «Fatoumata Bathily» ont été placés en détention provisoire, le gestionnaire de Baraka Petroleum a été libéré.
Que reproche-t-on à Baraka Petroleum ?
En fait, la société Baraka Petroleum, spécialisée dans l’importation et la distribution d’hydrocarbures au Mali, a vu son nom mêlé au dossier des exonérations du carburant. Cependant, la réalité est que cette société dispose des contrats de fournitures de produits pétroliers avec EDM-Sa à savoir le gasoil et le fuel. Et l’affaire concerne un écart de 315 000 litres de fuel lourd.
Pour la petite histoire, seule l’EDM-SA est utilisatrice de ce type de carburant. Pas d’autres. Autrement dit, il ne peut faire l’objet de détournement, voire de malversation.
Notre confrère La Lettre Confidentielle du Sahel (LLCS) dans son numéro spécial janvier 2024, évoquait une correspondance de Baraka Petroleum qui vaut plaidoyer de non-culpabilité. «Nous vous faisons part d’informations importantes vous permettant de mieux apprécier la situation d’écart des 315 000 litres de fuel lourd pour lequel Baraka Petroleum est mise en cause.
En effet, le 19 novembre 2023, nous avons acheminé 7 camions citernes de fuel lourd à la douane malienne et nous avons signalé à EDM qu’à cause de l’expiration de l’exonération, il serait impossible d’envoyer le produit au site de dépotage.
Le département chargé d’établir les accords de sortie a adressé un courrier officiel à la douane lui notifiant de libérer les 7 camions pour éviter l’arrêt de la centrale à laquelle le fuel est destiné (…)”.
Bref, les 7 camions ont été libérés et ont procédé au dépotage dans les règles de l’art. Trois jours près, la nouvelle exonération a été établie et le transitaire de Baraka a régularisé toutes les opérations. Curieusement à ce jour encore, Baraka n’a pas facturé cette livraison effective des 315 000 litres de fuel dont la valeur est estimée à près de 150 millions FCFA à plus forte raison être payée.
On le voit, sur ce dossier, l’incompréhension se situait seulement au niveau des dates d’expiration et de renouvellement de l’exonération accordée à Baraka Petroleum. Cependant, la certitude est désormais que le produit a été livré à l’EDM-SA conformément à l’esprit et à la lettre du contrat liant les deux parties.
«Effectivement, un document est établi pour les accords de sortie des camions de livraison pour l’Energie du Mali surtout quand il n’y a pas d’exonérations. En terme clair, une fois l’exonération est établie, il faut obligatoirement procéder à la régularisation. Ce n’est donc pas une exception en ce qui concerne la régularisation avec l’EDM-Sa. Et la régularisation dispose aussi des règles qu’il faut respecter puisque le volume demandé pour l’exonération par EDM-Sa est souvent limité dans certaines opérations.
Il est important de clarifier certaines choses pour éviter l’amalgame. Sinon, tout le monde sait que Baraka Petroleum est une société très sérieuse et très respectueuse. Sincèrement, le nom de cette société ne mérite pas d’être associé dans cette affaire de l’EDM-SA. On sait bien le fuel lourd est uniquement utilisé par EDM-Sa seulement. Et Baraka Petroleum a quel intérêt de détourner cette qualité de fuel.
Il faut éviter de ternir l’image de certains opérateurs qui font correctement leur travail en respectant toutes les procédures en la matière. Cela avec professionnalisme et beaucoup de rigueur dans le souci de respecter leur engagement vis-à-vis aux partenaires.
Malheureusement, c’est le cas aujourd’hui au Mali de faire tout pour salir les noms des gens pour rien» nous a confié un jeune opérateur économique.
El Hadj A. B. HAIDARA