Amadou Aya (secrétaire général adjoint) serait-il aujourd’hui un cheval de Troie pour déstabiliser la Convergence pour le développement du Mali (CODEM) et réduire son président au silence ? Ses agissements ces dernières années ne plaident pas en sa faveur. Est-il manipulé dans l’ombre et par qui ? Housseini Amion Guindo dit Poulô gêne-t-il au point que l’on cherche à le réduire au silence par tous les moyens ? A la Codem, on se dit conscient de ce qui se trame et on n’est pas prêt à prêter le flanc au couteau destiné à l’éventrer.
Trente partis et formations d’opposition ! C’est ce que les initiateurs de la «Synergie d’action pour le Mali» revendiquent. Il s’agit d’une coalition qui a fait son apparition dans l’arène politique le 18 février 2024 à travers une déclaration proposant «une autre voie» aux Maliens pour écourter l’actuelle transition. Sauf que la présence de certains partis signataires de ladite déclaration suscite déjà des remous en leur sein. C’est le cas à la Convergence pour le développement du Mali (CODEM) où un «collectif» de militants de cette formation politique a aussitôt dénoncé la participation de leurs camarades à la conférence de presse de la Synergie pour le Mali et exigé des comptes à la direction du parti.
Dirigé par Amadou Aya (secrétaire général adjoint), ce collectif a exprimé «son désaccord» et a clairement signifié ne pas s’identifier à cette déclaration. «Nous lançons un appel au rejet de cette démarche solitaire de ces responsables qui agissent uniquement en leur nom propre», a-t-il a réagi en estimant que l’adhésion de la Codem à cette synergie n’a pas été débattue au sein du Bureau politique national (BPN) et encore moins fait l’objet de consultation des militants à la base.
Mais, au sein du parti, des sources rappellent que la déclaration a été paraphée au nom de l’Alliance Jigiya Kura dont la Codem est membre. Ils rappellent aussi que le 1er secrétaire général adjoint (un transfuge du parti Yelema) a été suspendu du parti en juin 2023 à cause de sa participation au processus de révision constitutionnelle. Le hic, c’est que l’intéressé joue de plus en plus au trouble-fête dans ce parti. Il a ainsi plusieurs fois «engagé la responsabilité» du parti sans être mandaté. En effet Amadou Aya a participé au Dialogue national inclusif (DNI), au processus de la révision de la constitution et, récemment, il a été nommé parmi les 150 membres du Comité de pilotage de dialogue inter-maliens… Et chaque fois, le BPN de la Codem se voit mis devant le fait accompli l’obligeant à communiquer pour dégager toute sa responsabilité en récusant celui qui est censé le représenter.
Ce n’est un secret pour personne que ce parti a rejeté sans ambages la révision constitutionnelle. Et même s’il n’est pas officiellement opposé au dialogue inter-Maliens, il a déclaré n’avoir pas été «consulté» encore moins «sollicité» pour désigner un représentant au sein du comité de pilotage de ce dialogue. A quoi joue alors Amadou Aya ? «C’est un collectif fictif pour tenter de déstabiliser un parti qui dérange», déplore un responsable de la communication sur les réseaux sociaux. «Ce collectif est une manigance de plus de sa part pour semer le désordre dans nos rangs», déplore un autre cadre et élu de la Codem.
Un homme de conviction et non «un opposant alimentaire»
Pourquoi en veulent-elles à Poulô à ce point ? «Il est l’un des rares leaders politiques influents du pays à faire de la résistance. Il est à cheval sur ses principes et ses convictions sans tomber dans une opposition systématique», répond notre interlocuteur. Une explication partagée par d’autres cadres du parti ainsi que des observateurs de l’arène politique malienne. Qui est alors à la manœuvre dans l’ombre ? Pour répondre à cette question, les regards se tournent surtout du côté de la Primature et non de Koulouba. Même si, au sein de la Codem, certains pensent que l’intéressé a «vendu son âme au diable» et roulerait aussi pour la coqueluche des milliardaires du Mali.
Visiblement, le président de la Codem dérange plus d’un. Surtout que, ces derniers mois, la Convergence de Poulô a aussi intensifié ses rencontres avec les autres partis politiques en vue d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel à travers des élections libres et transparentes. Et dans une déclaration publiée par exemple le 8 novembre 2023, la Codem avait alerté le peuple et les autorités sur «la détérioration alarmante de la situation socio-économique, exacerbée par une crise énergétique, une insécurité généralisée et des affrontements entre le gouvernement de transition et une faction du CSP-PSD». Tout en réaffirmant son soutien à l’armée dans sa lutte contre le terrorisme, le parti estime que les élections sont «la seule solution pour restaurer la stabilité et la paix au Mali».
En effet, ses leaders sont convaincus que «l’organisation d’élections transparentes permettrait au Mali de rétablir un ordre constitutionnel normal, de renouer avec ses partenaires internationaux, de relever les défis majeurs et de commencer un processus de réconciliation nationale». Conscient de tous ces enjeux et la guerre de l’ombre dont le président du parti semble être la principale cible, pourquoi ne pas mettre Aya à la porte de la chapelle ?
Selon nos sources à la Codem, on ne veut pas lui faire le plaisir d’un procès pour se faire de la publicité. Mais, disent de nombreux cadres dévoués au parti et à son président, «il ne perd rien pour attendre» !
Hamady Tamba